dimanche 28 novembre 2010

Le long parcours du combattant - Célia Deiana

Inscrite en 2008 sur CoCyclics suite à une rencontre dont elle va nous parler, Célia travaille actuellement sur son roman Les Invisibles, un space opera tentaculaire.
Si elle écrit depuis toute petite, la Mare a quelque peu chamboulé sa vision de l'écriture... lisez plutôt :


Q – Comment es-tu arrivée sur CoCy ?

R – Par hasard. J’avais fini mon premier roman (enfin le seul fini à ce jour) et j’avais une vision complètement faussée du monde éditorial SFFF. En 2008 je me suis rendue pour la première fois aux Imaginales à Épinal… mon synopsis et mes trois premiers chapitres sous le bras ! Je me suis très vite rendue compte que ce n’était pas vraiment la chose à faire et je n’ai abordé quasi personne – heureusement d’ailleurs, puisque je voulais leur présenter un premier jet à peine relu.
Et puis j’ai un peu discuté avec un membre de feu Oxymore, qui, je m’en rends compte maintenant, a tout de suite su vers qui m’orienter. Il m’a donné l’adresse du forum et une semaine après j’étais inscrite.

Q – Qu'est-ce qui te plaît dans la Mare ?

R – Aujourd’hui, après plus de deux ans de présence, je reste toujours très surprise de l’énergie qui se dégage du forum. Je n’ai malheureusement plus le temps de nager dans les sujets publics, ou même de m’arrêter pour bêta-lire un extrait de roman ou une nouvelle – je le fais quand même de temps en temps pour ne pas perdre la main – mais je me souviens à quel point le forum a été pour moi une espèce de bol d’air monstrueux après plusieurs années passées à écrire seule dans mon coin.
Et plus que le forum en lui-même, ce sont les personnes que j’y ai rencontrées qui me plaisent le plus. Ce sont des gens capables de partager avec vous leurs passions – sans juger les vôtres –, de relire vos textes avec un enthousiasme et un quasi professionnalisme heureux, mais aussi de vous accueillir pour une soirée restau, de vous soutenir dans à peu près tout – parce qu’au bout d’un moment on commence à ne plus être juste des pseudos et des avatars – et à vous mettre un coup de pied aux fesses quand il faut.

Q – Qu'est-ce qui te donne envie de te proposer bêta/alpha sur un roman ?

R – J’ai bêta-lu deux textes en alpha, Quadruple assassinat dans la rue de la morgue de GabrielleTrompeLaMort et un autre projet actuellement en pause. J’ai dû laisser passer d’autres histoires qui me plaisaient, soit parce que je n’en avais pas le temps, soit, pour certaines, parce que je voulais attendre l’entrée en phase III, ne me sentant pas d’attaque pour manger un texte tout cru.
Si je regarde donc les cinq ou six soumissions que j’ai bêta-lues ou que j’aurai aimé bêta-lire, leur point commun c’est que, souvent, elles n’en ont pas. Je peux être attirée par un personnage, un contexte. Je peux aussi avoir envie de bêta-lire un texte non pas parce que l’histoire en elle-même me plaît, mais parce que je sais que je peux aider l’auteur, que j’ai la force – les connaissances, la manière de voir, etc. – nécessaire pour lui montrer comment son texte fonctionne ou ne fonctionne pas. Cela paraît peut-être très présomptueux, mais c’est ma façon de voir.

Q – Quel chantage horrible as-tu subi pour soumettre ton roman ?

R – Les souvenirs de cette période sombre sont un peu effacés de ma mémoire. Ici je me permets un conseil de vieille grand-mère aux jeunes grenouilles qui viennent sur la Mare.
Je suis donc arrivée sur le forum toute guillerette, avec derrière moi quelques années d’auteurs de fanfiction plutôt choyée – je n’ai jamais eu beaucoup de lecteurs, mais ceux qui lisaient adoraient – et je me suis mise à bêta-lire et à proposer quelques textes, dont le début des Invisibles.
L’accueil a été bon, je me suis faite assez vite au principe de la bêta-lecture. Du coup, je me suis dit que je pouvais très bien poser ma candidature en tant que lectrice et soumettre mon roman. Qui a été accepté. J’ai pris tout cela de façon vraiment très légère. Après tout, j’avais fini mon premier roman – un exploit ! – et je savais que j’écrivais bien – on me l’avait toujours dit – alors pourquoi s’en faire ?
En fait je n’ai subi aucune pression, il me semble, pour soumettre mon roman ; la pression, je me la suis mise après…

Q – Quelles ont été pour toi les avantages d'un Directeur (puisque que tu as entamé ton cycle avec l'ancienne version, où au lieu de deux alpha lecteur le manuscrit passait sous le regard acéré d'une seule personne - mais plus longtemps) puis de deux bêta-lecteurs ?

R – Un cycle de bêta-lecture n’est pas tout le temps un long fleuve tranquille, et, effectivement, les Invisibles sont entrés en soumission pendant la version 1 du cycle, et bénéficient aujourd’hui de la version 2, que je trouve ô combien mieux adaptée.
J’ai été suivie par un Directeur, Ereneril, qui m’a fourni une fiche de lecture détaillée après une première lecture du texte, puis des bêtas détaillées sur plusieurs chapitres. Un travail de fou ! C’est la fiche de lecture qui m’a fait un effet coup de poing : tout n’était pas à refaire mais disons… presque tout. Et il y avait plein de détails dont je n’avais pas conscience.
J’avais pensé : j’aime bien la SF grand public, je connais Star Wars par cœur, j’ai ma petite culture cinéma, je sais donc écrire un roman de space opera. La fiche de lecture – qui reste à ce jour un de mes plus précieux outils de travail – m’a dit : tu peux écrire un space opera, oui, mais le savoir, tu ne l’as pas encore tout à fait. C’est le genre d’expérience qui vous bouleverse quand même un peu.
J’ai mis longtemps avant de me décider à reprendre mon texte. Ereneril et Syven m’ont proposé de passer en correction toute seule – c'est-à-dire passer à la phase II du cycle actuel, phase qui n'existait pas dans la première version –, grâce à la version actuelle du cycle, et j’ai pu respirer, retravailler mon texte sans trop de pression et reprendre un peu du poil de la bête.
Après, j’ai eu droit à deux bêta-lecteurs en phase III. Travailler à trois est une expérience différente, mais j’avoue que je ne pourrais pas trop dire quels sont les avantages et les inconvénients de l’un ou de l’autre. BeC et Desienne ont par contre une manière de travailler totalement différente de la mienne : ils travaillent en tableau, avec des notes, des couleurs, c’est très carré, et j’ai eu un peu de mal à m’y faire – moi j’écris à l’instinct, juste avec mon traitement de texte. Mais du coup, redécouper mon texte est devenu plus simple. Je pense aussi que leur coup de maître réside en une chose : avoir su se mettre à mon niveau. J’ai découvert que je ne connaissais pas la science-fiction, et quand on écrit un livre de SF et qu’on veut le voir publier, ça la fout un peu mal. Du coup j’ai passé un bon mois, pendant ma phase III, à lire ce qu’ils me conseillaient, et qui tenait en un seul nom, MacMaster Bujold. Là aussi c’est le genre de conseil qui débloque beaucoup de choses.
Je suis encore en phase III, je retravaille quasiment tous mes chapitres ligne par ligne. C’est très long. Mais c’est une expérience formidable, quoiqu’éreintante.
Donc, si un jour vous souhaitez proposer votre roman en soumission, offrez aux bêta-lecteurs un texte digne de leur dévouement – je vais me faire taper dessus, plus personne ne voudra soumettre (rires).



Q – Tu écris des nouvelles en parallèle de ton cycle sur les Invisibles ; travailles-tu également sur un ou plusieurs autres gros projets ? Et que t'a apporté et t'apporte encore ton expérience sur les Invisibles dans ces autres projets (pour les nouvelles et aussi d'éventuels autres romans) ?

R – Les nouvelles sont à la fois la forme de texte que je préfère et des moments d’écriture où j'écris comme je veux, libérée de la discipline des corrections. J’en ai écrit plusieurs depuis mon arrivée sur le forum ; certaines sont passées en bêta-lectures, d’autres non. Cela dépend souvent de mon humeur ou du temps que j’ai à y consacrer, parce que les corrections d’un texte prennent souvent deux fois plus de temps que l’écriture en elle-même, et même sur une nouvelle, cela peut faire beaucoup. Deux des nouvelles que j’ai faites relire aux grenouilles ont été publiées. Ma plus grande fierté reste un texte écrit très vite, passé également très vite en bêta-lecture, corrigé vite, et paru dans l’anthologie Créateurs, inventions et savants fous aux éditions Hydromel, sous le titre Verre brisé. Passer d’une page blanche à une nomination au second tour du prix Rosny aîné, c’est quelque chose de très bizarre, d’euphorique, de rare. Le partager avec CoCyclics et un éditeur que j’apprécie, là, c’est une expérience que je souhaiterais renouveler !
Mais voilà il faut se concentrer sur le présent, soit plusieurs romans en cours – l’un est mon projet 2010, du fantastique urbain assez violent, mais je ne suis pas certaine de pouvoir le finir avant le 31 décembre – et un projet de recueil de nouvelles, très loin du space opera, plus ancré dans le fantastique poisseux et contemporain.
L’expérience sur les Invisibles m’a permis essentiellement de visualiser mes limites. Je tâtonne parce que j’aime tout et que je voudrais tout écrire (science-fiction, fantastique, fantasy, mais aussi thriller et littérature blanche). Ce n’est pas possible, du moins pas pour l’instant, pas sans préparation. Les corrections importantes sur ce roman m’ont fait prendre conscience du travail préparatoire nécessaire avant de pouvoir écrire « pour écrire ». Depuis, je ne peux plus commencer un seul texte sans un plan relativement précis, sans en connaître la fin. Tout auteur – ou du moins la majorité – l’apprend d’une façon ou d’une autre, ce n’est pas très original.
Et la dernière chose que m’ont apporté les Invisibles, c’est la patience. Pour quelqu’un qui ne pouvait s’empêcher de faire lire ses textes dès le point final mis, sans même se relire, ce n’est pas négligeable.

mercredi 24 novembre 2010

Un semestre bien rempli !

Bonjour chers lecteurs !

En cette journée de novembre au fond de l'air un rien frisquet, nous venons vous informer de ce qui se trame derrière notre grande barrière de roseaux. Vous savez, là-bas, tout au fond de la mare, cet obstacle que l'on ne franchit qu'après avoir soumis une candidature de bêta-lecteur en bonne et due forme et avoir été admis après vote du collectif.

Au cours du dernier trimestre, les roseaux ont accueilli deux nouvelles recrues ! Bien qu'aujourd'hui leur arrivée fêtée à coup de nénuphou soit éclusée, nous nous permettrons dans un élan sincère de souhaiter la bienvenue à Earane (arrivée le 19 septembre) et Guillaume (arrivé le 17 octobre)

Avec eux, et avec l'ensemble des bêta-lecteurs, les romans en cycles se lisent et se déconstruisent pour mieux se corriger, et plusieurs auteurs aux blessures de fouet récentes ou à venir travaillent sur leurs textes et franchissent les étapes !


Voici donc les évolutions de cycles depuis le mois d'août :


- Arrivée en cycle :
Kira, "Jeux d'ombres" ;
Tristeplume, "Die with your boots on".

- Passage en phase II :
NB, "Les couleurs de l'aura" ;
Elikya, "Kaefra, Cité de la terre et du ciel" ;
Delatas, "Le parfum de la violette".

- Passage en phase III :
Desienne "Contre-Mesures ".

- Passage en phase IV :
Tsumire "Habikouni" ;
Conteuse "le mal de Manis"

- Estampille CoCyclics :
Pingu, "L'après-dieux" ;
GabrielleTrompeLaMort, "Quadruple assassinat dans la rue de la morgue" ;
Mandesandre, "Emile Delcroix ou l'ombre sur Paris" ;
Silène, "Le bateau vagabond"


Outre ces cycles, signalons également une bêta-têtard (soit un coup de pouce à un auteur du collectif sous la forme d'une bêta-lecture complète de son roman, effectuée par une équipe de deux Bêta-lecteurs du collectif, en dehors du parcours du cycle (ou en prémices de celui-ci ? L'avenir nous le dira !) :
Bélier, "Un monde neuf".


Nous souhaitons à nos auteurs un bon travail, à nos bêta-lecteurs de bons fouets et à nos récents auteurs estampillés une bonne continuation !

Sur ce, faites le plein de mandarines, de vin chaud et de manele, et rendez-vous au prochain article !

dimanche 21 novembre 2010

Nantes la batracienne

Cette année, la onzième édition du festival des Utopiales, qui se tient à Nantes, était placée sous le signe des frontières.
De frontières, chez CoCy, il n’y en a point et des grenouilles de tous les horizons s’étaient donc données rendez-vous ce week-end. Ces Utopiales revêtaient d’ailleurs une importance particulière. Car, outre les bons repas et l’occasionnelle boisson, outre le plaisir de deviser avec de nouvelles têtes et de revoir des habitués, CoCyclics lançait le Grimoire Galactique des Grenouilles (appelez-le 3 G ou GGG) Ce grimoire a aiguisé la curiosité de pas mal de personnes présentes, qu’elles soient auteurs, passionnés de SFFF ou éditeurs. C’est un nouveau gage de l’esprit d’initiative toujours fourmillant de CoCyclics !

Même occupées par la vente de leur nouveau bébé, les grenouilles ont trouvé le temps d’arpenter la librairie – judicieusement aménagée au rez-de-chaussée – de visiter l’exposition consacrée aux œuvres de Didier Graffet ou encore de traîner près du bar de Madame Spock. On y a d’ailleurs fêté dignement les dix ans respectifs d’ActuSF et du Diable Vauvert. Les discussions se sont engagées avec des auteurs francophones – par exemple Laurent Poujois et Laurent Whale – et étrangers, comme Scott Westerfeld. Qu’on se lance dans des délires ou qu’on réfléchisse sur l’avenir de CoCyclics, les grenouilles sont toujours prêtes à promouvoir leur Mare !

Nantes ne serait pas Nantes si les grenouilles ne se retrouvaient pas autour d’un bon repas. Le vendredi soir, chez Silène, qui nous accueille toujours si chaleureusement et le samedi, au restaurant l’Alchimiste, spécialement ouvert pour l’occasion. Même la pluie diluvienne qui s’est abattue sur la ville ne peut entamer l’enthousiasme et la bonne humeur régnant parmi les convives. Ce week-end a laissé des étoiles dans les yeux de ceux qui étaient présents et a nourri d’autant plus fort les rêves que nous tâchons tous d’atteindre.

mardi 16 novembre 2010

Un partenariat qui mord !


Attachées à la promotion des auteurs francophones, les éditions du Petit Caveau se distinguent par leur ligne éditoriale, consacrée exclusivement aux dents pointues et autres saigneurs de la nuit : les vampires ! Présent depuis quelques années dans le monde SFFF, le Petit Caveau a tenu à saluer l'initiative CoCyclics.

"Les éditions du Petit Caveau soutiennent le projet de CoCyclics qui concorde parfaitement avec son désir de promouvoir de jeunes auteurs francophones. L'importance de la relecture et du travail de correction est essentielle.

Les manuscrits que nous recevons via ce site se verront offrir une réponse personnalisée dans les trois mois. Notre ligne éditoriale est simple : 100% vampire. Félicitations pour tout le travail accompli par l'équipe CoCyclics."

jeudi 11 novembre 2010

Ça bondit aux Utopiales !



Du 10 au 14 novembre se tiennent en la jolie ville de Nantes les onzièmes Utopiales. Entre dédicaces, conférences et crêpes, vous pourrez sans doute croiser quelques grenouilles.
Eh oui, où qu’on aille on nous trouve et cette année nous aurons sous le bras moult exemplaires du GGG !
Simple curieux, jeune grenouille ou membre plus ancien n’ayant jamais rencontré d’autres collègues, venez nous voir, pour discuter, poser des questions ou partager un verre de nénuphou. On me signale dans mon oreillette que vous aurez plus de chance de trouver un nénuphar confortable aux alentours des banquettes du bar de Madame Spock.
Bon week-end à tous !

samedi 6 novembre 2010

Apéritif au bord d’un nénuphar : une estampille, ça se boit !

Souvenez-vous, ce n’était pas encore l’hiver, et une petite novella effarouchée entamait la dernière ligne droite de ses réajustements textuels.
Le 27 octobre, elle reçoit son estampille, fruit et preuve de ses efforts.

Après moult tournées de nénuphou, le soleil se lève sur la mare. Les insectes vouzounnent et les oiseaux pépient.
Les grenouilles se redressent, s’étirent. Parmi elles Pingu, qui a fièrement fêté l’estampille de sa novella, et ses bêta-lecteurs : Blackwatch, Sandrinoula, Pandora, Iluinar, NB et Tristeplume.

L’auteur et ses bêtas sirotent du nénuphou et grignotent des brochettes de mouches marinées aux aromates (l’heure de l’apéro arrive si vite).
— Dis, Pingu, fait Sandrinoula, tu as prévu une suite à L’après-dieux ?
Pingu manque de s’étrangler : les réjouissances sont à peine finies et son alpha veut la renvoyer au turbin ?!
— Non, pas de suite de prévue. Je n'avais même pas conscience que la fin pourrait donner envie d'avoir une suite !
Blackwatch lui tapote l’épaule :
— Allons, allons, calme-toi, ce n’est qu’une question, pas un ordre.
— Au fait, demande Pingu après avoir enfin délogé la patte de mouche coincée entre ses dents, pourquoi vous êtes-vous proposés pour bêta-lire L’après-dieux ?
— Je souhaitais découvrir un texte de toi plus long que ceux que j'avais lus jusqu'alors, dit Sandrinoula.
— Moi aussi, dit Blackwatch.
— Moi, c’est le titre, fait Iluinar. Bien qu'étant athée, je suis fasciné par le rapport des hommes aux religions, la manière dont celles-ci se créent et influencent les sociétés. L'idée de la disparition des dieux m'a semblé très intéressante.
— En parlant des dieux, dit NB, comment t’es venue l’idée de leur forme si particulière ?
— Oui, rebondit Tristeplume en saisissant une brochette, ces immenses raies mantas à plumes m'ont interpelé moi aussi.
— J'avais l'apparence des dieux en tête très tôt dans l'élaboration du récit, répond Pingu après un instant de réflexion. Mais ce n'est qu'après la phase I que j'ai trouvé la comparaison adéquate pour les décrire de façon à me faire comprendre. Donc, au départ, je percevais mes dieux de manière intuitive, sensitive et visuelle, mais muette. Je ne me souviens plus comment cette image m'est venue. Le plus difficile a été de la mettre en mots.
— En tout cas, la symbiose entre les humains et les dieux m’a vraiment marqué, dit Sandrinoula, ainsi que les repères "modernes" dans un monde malgré tout de fantasy.
— Moi aussi, renchérit NB. J’ai beaucoup aimé l’ambiance d’après-guerre dans un monde proche du nôtre mais avec sa culture et sa religion propres. Et, dans la forme, j’ai retrouvé le style de Pingu que j’appréciais déjà.
Pingu rougit et noie son embarras dans un verre de nénuphou.
— Et vous, les garçons, demande Sandrinoula, qu’est-ce qui vous a marqué dans le texte de Pingu ?
— Je n'ai pas à réfléchir longtemps, répond Tristeplume : l'atmosphère du texte. Extrêmement originale. C'est difficile à décrire mais elle me laisse la même impression que quand je regarde les vieilles photos en noir et blanc de mes parents dans les années 40.
Il se tourne vers Iluinar.
— Rien ne me vient spontanément en tête, répond celui-ci. Mais j'ai une question : dans quel état d'esprit attendais-tu les retours de tes bêtas ? Angoisse d'être jugée, impatience de savoir sur quels points travailler ?
— Dans un premier temps, répond Pingu, au moment de cliquer sur "envoyer" le mail avec le fichier attaché, je tremble de partout, mes mains moites dérapent sur le clavier, j'ai le cœur qui bat jusqu'aux oreilles. Puis, une fois que c'est fait, le grand calme, presque le vide intérieur. Je vais me faire un café dans la cuisine, je vaque. Le soir même ou le lendemain, quelques évidences horribles vont me frapper : tel passage est naze, tel perso mal fichu, tel lieu mal décrit, telle action molasse ou mal amenée… heu, je m’étale un peu, là, non ?
— Non, continue, fait Mélindra qui s'est approchée en douce, c’est vachement intéressant.
— Bon. Donc, des phrases de mon texte se mettent à tourner dans ma tête en faisant des grimaces. Je me dis : "tant pis, c'est envoyé. J'ai fait du mieux que je pouvais à ce moment. Peut-être que les bêtas ne trouveront pas si naze ce passage, ni ce personnage si mal fichu ? Peut-être que cette phrase qui ne me satisfait pas trouve la substance de sa beauté justement dans les subtiles erreurs qui la forment ?". Bref, je me berce d'illusions, je me rassure, je me dis que ce n'est qu'un texte et que ce n'est pas grave, d'ailleurs le trou de la couche d'ozone s'en fout bien. Au cours des jours suivants, j'y pense de moins de moins. Je relativise. Je fais d'autres trucs. Quand le mail tombe dans la boîte, celui avec le fichier attaché plein de commentaires, c'est la fin de la saine attente. Je panique. Puis je lis les commentaires. Et une autre histoire commence, comme on dit.
— Le fait d'être suivie par tes alphas en phase II, demande Blackwatch, quand tu débutais les corrections, tu l'as ressenti comment ? Comme un plus ? Ou est-ce la même chose que quand tu travailles seule sur un texte ?
— Comme plus qu'un plus : comme une rambarde de sécurité, un gilet pare-balle, un élastique en haut d'un pont, une couette douillette au fond de l'hiver. Pas du tout pareil que quand je suis seule, car alors non seulement je suis l'auteur, mais aussi la rambarde, le gilet, l'élastique et la couette.
— Bah, Pingu, qu’est-ce que tu as à te tortiller comme ça ? demande Tristeplume.
— Gaffe, tu fais tanguer le nénuphar ! ajoute Pandora en retenant les plateaux de victuailles qui menacent de tomber.
— Je… Je file aux toilettes ! Trop de nénuphou… Ne boulottez pas toutes les mouches sans moi, hein !
— Elle m’a épatée, fait Sandrinoula en la regardant disparaître entre les roseaux. La version soumise en alpha-lecture était sympathique, mais le texte final est très fort, bien ficelé, poignant. Les personnages comme le monde ont gagné en épaisseur, en véracité.
— Pingu a une capacité dingue à écouter toutes les remarques, renchérit NB, à les mâcher, les remâcher et les digérer pour trouver une solution et les intégrer. Presque de l’obstination, parfois.
— C’est clair qu’elle a une ténacité incroyable, un souci du détail et une motivation à toute épreuve, approuve Blackwatch en se détournant de la dernière brochette de mouches qui lui fait les yeux doux. Bon, c’est pas tout, mon nano ne va pas s’écrire tout seul.
— Eh bien moi, je vais bouquiner un peu au soleil, dit Pandora en ouvrant son exemplaire tout neuf du Hussard amoureux.

mercredi 3 novembre 2010

Lancement imminent du GGG : déjà les bons de commandes !

Vous attendiez tous l'arrivée du GGG. Vous l'espériez au fond de vous-mêmes. Certains sceptiques prétendaient que ce n'était qu'un canular, trop gros pour être vrai. Mais à présent, c'est un fait : le GGG est arrivé du ciel. Il est parmi nous.

La foule, électrisée par l'émotion mais aussi un peu apeurée, s'est rassemblée en masse pour assister à l'évènement. Sous un flot de faisceaux lumineux, le GGG s'ouvre enfin. L'excitation est grande. La quatrième de couverture se présente à nous. Plus personne n'ose émettre un son. Elle semble vouloir communiquer. Écoutons ses paroles :

Jeunes auteurs de l'imaginaire, voici enfin l'outil dont vous rêviez : un guide des éditeurs qui vous révélera nombre de secrets sur les techniques, méthodes et conditions d'envoi de votre manuscrit.

Ce que vous trouverez dans le Grimoire :

-- Des fiches détaillées d’éditeurs de SFFF acceptant des manuscrits de jeunes auteurs.
Sont recensés les éditeurs pour adultes et les éditeurs pour adolescents ou jeunes adultes.
-- La liste des éditeurs publiant de la SFFF pour la jeunesse ou pour les adultes MAIS refusant les manuscrits des jeunes auteurs (histoire de ne pas perdre de temps et d’argent pour rien).
-- Des réponses aux questions utiles sur chaque éditeur (ligne éditoriale, nombre de premiers romans publiés récemment, infos pratiques, délais, etc.).
-- Des témoignages d’auteurs de romans pour adolescents nous confiant leur point de vue sur les différences avec la littérature pour adulte.
-- Des témoignages de jeunes auteurs de SFFF récemment publiés.
-- Quelques conseils utiles avant d’envoyer un manuscrit à un éditeur.

Ce que vous ne trouverez PAS dans le Grimoire :

-- Des éditeurs ne publiant pas de littérature de l’imaginaire.
-- Des éditeurs à compte d’auteur ou assimilés.
-- Des éditeurs publiant uniquement pour les moins de 12 ans.
-- Des éditeurs de nouvelles ou de poésie uniquement (ni appels à textes ni concours de nouvelles).
-- La recette ultra-secrète du nénuphou de CoCyclics


C'est à présent au tour de l'éditorial d'avancer. Il adresse aux grenouilles terriennes un signe de paix. Certains essayent de le lui rendre dans une pâle imitation. Touché par cette démonstration d'affection, l'éditorial prononce alors ces paroles :

Je suis Paul Beorn et j'ai co-dirigé ce petit ouvrage avec Silène pendant neuf mois.
(...)
Quand nous avons fait connaissance sur CoCyclics et que nous avons discuté de nos parcours, nous sommes tout de suite tombés d’accord : un guide-annuaire des éditeurs de SFFF nous aurait bien aidés, ne serait-ce que pour savoir à qui envoyer notre manuscrit, à qui ne pas l’envoyer – et surtout découvrir des noms que l’on ne connaissait pas.

Avec le feu vert enthousiaste de Syven, fondatrice de CoCyclics, et des autres Permanents du collectif, nous avons retroussé nos manches : il n’existait aucun guide de ce genre ? Eh bien, nous allions en écrire un !


C'est maintenant un vrai défilé qui débarque sur la plateforme d'atterrissage. Tout le monde les reconnaît : ce sont les conseils pratiques avant d'envoyer son manuscrit. Le GGG est décidément armé jusqu'aux dents pour affronter le monde de l'édition. Derrière eux, suivent les témoignages d'auteurs. Les lecteurs exaltés reconnaissent sans mal Charlotte Bousquet, qui prête sa voix pour répondre à la question "qu'est-ce qu'écrire pour la jeunesse ?"

Je crois que c'est avant tout écrire les histoires qu'on aimerait lire si, aujourd'hui, on avait ces âges-là, ne pas se donner de limites de fond : on peut aborder tous les sujets, même les plus graves, comme la pédophilie - je pense aux Orphelins de Naja (Mango, Autres mondes), de Nathalie Legendre - ou le racisme - L'Empire invisible, de Jérôme Noirez (Gulfstream, Courants noirs) du moment qu'on le fait dans les formes, c'est à dire sans prendre les lecteurs pour des crétins. Un exemple personnel : Princesse des os (Gulfstream, Courants noirs) se passe dans la Rome d'Hadrien. Il y est question des bas-fonds, de mariages arrangés et de prostitution (infantile ou non) : je ne décris rien. Je suggère, j'effleure à peine - ça suffit amplement. Et c'est peut-être ça écrire pour la jeunesse : apprendre à jouer avec les limites, se montrer subtil, suggérer...


La foule enchantée tente de se précipiter à bord. Elle ne pourra malheureusement accéder aux merveilleuses ressources du GGG, à ses fiches détaillées sur les éditeurs, qu'à partir du douze novembre. Les bons de commande se montrent, quant à eux, d'ores et déjà disponibles et vous pouvez vous les procurer en suivant ce lien : http://cocyclics.org/doc/Bon_de_commande_GGG.doc. Vous les appâterez sans difficulté avec des chèques, leur nourriture préférée.