jeudi 31 juillet 2014

Bilan d'été des cycles

Connaissez-vous l’activité de CoCyclics qui consiste à aider les auteurs débutants ? (Non ? Tout est expliqué ici : Les cycles CoCyclics)

Ce premier semestre 2014 a été particulièrement riche pour les entrées en cycle, que ce soit en fantasy, en fantastique ou en science-fiction : sept nouveaux auteurs plein d'idées sont entrés en phase I du cycle. Jugez-en par vous-même :
  • Lilie, avec Trameurs, roman de science-fantasy, pour adultes : « Victime de déchirements temporels, le monde d'Erra se meurt. Une compagnie de mercenaires est mandatée afin d'en comprendre la raison. Une étoffe rouge sang abandonnée par une étrangère les conduira bien loin de leurs légendes, au cœur d'un univers en conflit, où hommes et machines luttent pour le contrôle des temps. »
  • Calirose, avec Le chemin du fou, roman fantasy, pour un public adolescent à jeunes adultes : « Pendant des années, la marraine de Prune lui a conté en secret les merveilles de l'Outre-Temps, tout un pan de l'univers que nous, humains, avons oublié. Tout bascule le jour où l'adolescente devient la proie d'un ogre qui la traque à travers les mondes. Mais elle doit bientôt faire face à un danger plus grand encore : une Saison a disparu du Grand Cycle et l'Outre-Temps tout entier menace de s'effondrer. »
  • Iluinar, avec La reine, roman fantasy adulte : « Antamin est la fille du roi Nûrba mais, depuis sa naissance, sa mère a fait croire à tous que c'est un garçon. Dans ce pays où seuls les hommes peuvent régner, Antamin se prépare à succéder à son père. »
  • Nariel Limbaear, avec Valet de Songe, novella fantastique avec une touche de fantasy, pour lectorat adulte : « Quand Lyra devient Valet, elle est appelée à défendre les Tisseurs de Rêves contre leurs pires ennemis, les Forgerons des Cauchemars, qui menacent l'équilibre des dormeurs. Cependant, elle devra sacrifier plus que quelques songeries pour sauver celle qu'elle aime de la folie. »
  • LHomme au Chapeau, avec Le fou qui volait la tête en bas, roman post-apocalyptique fantastique, lectorat adulte : « Au plus fort d'une guerre mondiale qui oppose humains et vampires, une troisième force, les fous, contraint les belligérants à s'allier et à se réfugier dans des villes souterraines. Vingt ans plus tard, Fab, un homme de 57 ans et Rachel, jeune vampire qu'il aime et craint à la fois, risquent leur vie pour retrouver l'Unique, mystérieux personnage qui, au dire d'un parchemin millénaire, serait la clé pour vaincre les fous. Mais les causes profondes de la guerre, la raison de l'apparition des fous et les fantômes du passé sont autant d'obstacles dans leur recherche. »
  • Colcoriane, avec L'enfant des lions, roman SF à partir de 10 ans : « Marco, presque onze ans, rêve de rejoindre ses parents dans la résistance contre le Bien-Aimé Président. Dans l'espoir de trouver de mystérieux laboratoires secrets, il part à l'aventure, suivi par sa petite sœur Fany. Mais la savane béninoise leur réserve bien des surprises. Les deux enfants se font capturer par une famille de lions atteints d'une étrange maladie : ils sont doués de la parole, et décidés à ne pas laisser partir leurs jeunes prisonniers tant qu'ils n'auront pas trouvé un moyen de les guérir. Pas sûr que les gros yeux de Fany suffisent à les sortir d'affaire... »
  • Nankin, avec Europa, roman de réalisme magique/anticipation, pour adultes : « En ce début de XXIe siècle, les gouvernements du monde entier partagent l'exercice du pouvoir avec la personnification sous forme humaine de leur pays. Le jour du passage à l'an 2013, le meurtre de l'Islande entraîne le décès de toute sa population. Réunies d'urgence à Bruxelles, les allégories européennes tentent de trouver une explication à cette situation inédite. L'Angleterre qui enquête sur l'affaire reçoit un mail lui apprenant qu'Édimbourg a été kidnappée. Si Londres ne veut pas que l'Écosse finisse comme l'Islande, il va devoir suivre les instructions de l'assassin, quitte à devenir l'instrument d'un coup d'État européen. »

Ces nouveaux auteurs, comme leurs bêtas-lecteurs, ne chôment pas. Calirose, Nariel Limbaear et Colcoriane ont déjà terminé leur première phase de cycle. Ils sont désormais en pleine réflexion de phase II, comme le sont également :
  • Pingu, avec Les devant-devant, roman fantasy, pour adultes (éventuellement jeunes et peut-être même vieux) : « Forcée de quitter sa ville natale suite à un complot comprenant de fausses accusations, une jeune fille affronte la mort, le monde et le mercantilisme. »
  • vestrit, avec Les baleines célestes, space opera humoristique, tous lecteurs : « À trop vouloir bien faire, on commet des bévues, par exemple laisser filer une baleine céleste, créature destructrice s'il en est. Alexandra Levisky et son équipage se jettent dans le sillage de la fuyarde. Pour l'empêcher d'atteindre le cœur historique de la galaxie, une seule solution : titiller sa corde sensible. »
  • Fred, avec Cratère, roman de science fantasy, jeunesse (10-12 ans) : « Sur Terre, il paraît que les garçons naissent dans des choux, les filles dans des roses et les cigognes effectuent la livraison à domicile. Sur Cratère, ce sont les Cristalliseurs qui déposent des enfants en sel ou en sucre au Nombril. Or, depuis cinq années, les Cristalliseurs passent sans laisser de bébés. Astérie, Fleur de Sel et Marin désespèrent de devenir parents et décident de percer à jour ce mystère. Les trois Cytossalés veulent ouvrir la porte de l'Au-Delà pour rencontrer leurs créateurs, mais encore faut-il avoir la clef, gardée jalousement par la reine Pêche la Futée. Les voilà ainsi en terre interdite aux Cytossalés, celle du peuple cytossucré... »

Amonis, lui, vient tout juste d'entrer en phase III, avec La reine des noctères, roman de medieval fantasy, pour jeunes adultes : « Après un sommeil de quatorze siècles, les insectes démoniaques de la Reine des Noctères déferlent de nouveau sur les royaumes de Pérismer, et aucune armée ne semble capable de les arrêter. Pourtant, le peuple a en sa possession de précieux atouts : par la volonté divine, cinq adolescents élevés dans le secret d'un monastère sont destinés à affronter ce fléau à l'âge adulte. Malheureusement, même un dieu peut être surpris par la rapidité de ses ennemis, et face aux légions de Noctères, les chances de survie de ces enfants prodiges paraissent bien minces. Emportés dans la tourmente, parviendront-ils à vaincre ce redoutable adversaire qui les considère déjà comme sa plus grande menace ? »

Quant à Isa S, avec Thirion et le lait de dragon, et Celia, avec Creep Show, elles ont bien engagé leur phase IV, la dernière du cycle. Verrons-nous bientôt Tintamare leur consacrer un article à l'occasion de leur estampille ?
En attendant, vous pouvez faire plus ample connaissance avec elles et leurs écrits en suivant ces liens : Isa S et Celia.

Dernière nouvelle au moment où nous publions : Cyberlune, avec son roman D'une affaire ordinaire..., rejoint les romans en travail. Cette première entrée du second semestre 2014 porte à pas moins de 14 les romans et novellas qui mobilisent auteurs et bêtas lecteurs en cycle.

Souhaitons-leur à tous un travail fructueux, et puissent-ils tous bientôt rejoindre les 32 romans déjà estampillés après un cycle CoCyclics !

dimanche 27 juillet 2014

Imaginales 2014 - Speed dating saison 6, ép.2

Et voici le second épisode de la saison 6 du « speed dating » des Imaginales 2014 : l'évènement du point de vue des auteur·e·s candidat·e·s.

À ma gauche, Magali Lefebvre (Lullaby) et Aurélie Gisbert (Lilie), jeunes auteures ayant déjà publié des nouvelles et dont les romans & novellas présentés au speed dating profitent des sections Challenges 1er jet et Cycles du forum CoCyclics.

Un grand merci à Lullaby et Lilie pour leurs témoignages !


Chaque année depuis 2009, dans un lieu tenu secret à quelques pas du site du festival, se tient un rendez-vous confidentiel entre jeunes auteurs et éditeurs : le « speed-dating » façon Imaginales. Des éditeurs (pas plus de trois ou quatre) viennent rencontrer des auteurs motivés pour parler de leur(s) projet(s) de roman(s). Les deux règles implicites : venir avec au moins un roman finalisé et ne pas dépasser le temps imparti pour chaque éditeur...
En 2014, nous avons sauté le pas, coachées par les super Silène Edgar et Élise Dattin. Alors, afin de ne rien passer sous silence, il nous faut retourner dans le temps, avant le « moment M » où la rencontre a eu lieu.

AVANT

Façon Lullaby :
Les Imaginales, je ne m'y suis pas rendue depuis plusieurs années et je ne sais pas si j'aurai l'occasion d'y retourner très régulièrement. Alors, malgré un roman loin d'être prêt – il attend la phase de grosses corrections – et une novella en cours d'écriture, je décide de sauter le pas et de m'inscrire au speed-dating des Imaginales. Je ne sais pas si j'aurai à nouveau l'opportunité d'y aller alors, go ! Ça me motivera d'autant plus pour finir la novella (le roman, je ne me fais pas d'illusions, ne sera jamais peaufiné d'ici-là).
Alors que je m'étais fixée un planning journalier pour achever à temps ma novella, tout concourt pour m'en empêcher et je me retrouve avec un texte à moitié fini quand tombe le mail me confirmant mon inscription au speed-dating. Brusquement, la réalité reprend ses droits. Jusque là, je n'étais pas sûre que j'en serais – ah, l'éternel manque de confiance en soi de l'auteur débutant ! Le mail arrive moins de deux semaines avant le jour J. J'ai dix jours pour terminer ma novella. Panique à bord ! Heureusement, les grenouilles sont là pour m'épauler. En effet, le forum comporte une section « Challenge 1er jet » où l'on peut ouvrir un topic correspondant à son projet en cours. C'est le cas de ma novella ; plusieurs membres du forum suivent ma progression de près et j'ai même une marraine ! Tous me motivent par leurs mots et leurs attentions, ma marraine se propose même pour relire rapidement le début, je me sens soutenue et cela m'aide à mettre les bouchées doubles sur la novella.
Lorsque la veille du départ arrive, la veille du jour J, je n'ai certes pas terminé mais bien avancé, je peux donc garantir aux éditeurs une œuvre terminée dans la semaine qui suit l'entrevue. Par ailleurs, le retour de ma marraine est plutôt positif, je pars donc confiante.
Mais le stress, ce fourbe, reviendra en mode puissance mille au moment du rendez-vous. Je m'agrippe à mon cahier de notes et à mon manuscrit inachevé, comme aux participants. Je papote beaucoup pour tromper mes nerfs en pelote et mon stress monte d'un cran quand je vois des manuscrits épais, des projets achevés, ficelés, peaufinés.
Heureusement, je ne suis pas la seule à présenter un texte non terminé (le stress redescend) et nous sommes coachés par Silène Edgar et Paul Beorn, auteurs notamment de 14-14 (Castelmore), et Élise Dattin, qui, après les explications sur l'organisation, se montrent disponibles pour répondre à nos nombreuses questions.
Je demande conseil pour le choix des éditeurs, expliquant que mon texte est du fantastique gothique. Je m'oriente donc vers Mnémos et L'Atalante. Deux maisons qui font rêver, que je connais bien en tant que lectrice comme par mon travail de bibliothécaire.
Le moment M approche, j'essaie de ne pas y penser tout en gardant en tête mon pitch, je discute avec ma petite tablée. Tout le monde est fébrile en attendant le retour des premières personnes qui passent devant les éditeurs – selon leur tête, on saura si l'on doit stresser davantage ou pas – alors on plaisante, on déguste sa boisson en essayant de ne pas laisser trop de prise à l'anxiété.

Façon Lilie :
Ça me trottait en tête depuis pas mal de temps, déjà. J'avais ce roman de fantasy terminé, un autre d'anticipation bien entamé, et l'envie de me frotter aux éditeurs, comme un défi. Vérifier si j'étais capable d'aborder mes projets en véritable professionnelle, les défendre sans trembler.
Et puis un ami avait expérimenté ce fameux speed-dating avec brio l'an passé. Il avait même décroché un contrat. Parce que oui, au-delà du challenge, de l'exercice de communication, il y a aussi l'opportunité de prendre contact avec un éditeur et de concrétiser... Mais à cette époque, je n'ose pas vraiment finir cette phrase. « On verra plus tard », je me répète en boucle. Pourtant je fais partie de ces auteurs en herbe dont l'espoir ne les lâche pas. Alors je me fais une promesse, trois mois avant les Imaginales : je vais envoyer cette candidature. En 2014, je serai au speed-dating, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige sur Épinal.
De cette promesse, découle toute une préparation. Impossible d'arriver les mains vides devant l'éditeur, je suis quelqu'un qui a besoin d'anticiper un maximum afin de limiter le stress. Pour chaque roman, je prépare le quatuor magique : pitch écrit, synopsis, pitch oral, et puis l'extrait. Impressions à gogo (la forêt amazonienne me balance des reproches silencieux). Je retravaille les premières lignes, je relis une dernière fois mon roman complet. Des amis patients (merci Paul, Mathieu, Élisa) et mon miroir à l'entrée de mon appartement me prêtent des oreilles attentives. J'ai l'impression de m'entraîner pour un examen, mais je me connais : il n'y a que cette méthode qui me permet d'être sereine, alors je continue.
Jusqu'au dernier moment ou presque.
Vendredi, une heure à peine avant le départ, je passe une première « épreuve ». L'ayant rencontré par ailleurs, j'aborde mes deux projets avec Stéphane Marsan (Bragelonne) sur une pelouse ensoleillée du festival. Le cadre est détendu, mais il n'empêche : c'est déjà un aperçu de l'avenir proche, pour moi. Je reçois des conseils de dernière minute, et une première demande de manuscrit(s). Je peux souffler, j'ai franchi le test avec succès.
M moins 30 minutes : Silène Edgar nous rejoint à l'accueil du site du festival. Nous sommes une petite quinzaine à attendre le départ, quelques grenouilles font partie du groupe, nos amis et soutiens aussi. Je m'agrippe à mon portfolio lorsque j'entends quelles seront les trois maisons présentes. Dans le lot, à côté des éditions Mnemos et Bragelonne, L'Atalante sera là. Autant l'avouer tout de suite, je rêve d'être éditée chez ces derniers depuis dix ans. L'Atalante, pour moi, c'est un rayonnage entier de ma bibliothèque, c'est Pratchett, Bordage, ce papier épais au grain percevable, ce sont ces couvertures colorées, ces brochés au format atypique…
La tension monte d'un cran tandis que Silène nous guide jusqu'au lieu-surprise, un salon de thé à l'ambiance zen sur deux étages.
On nous installe au premier, et notre coach nous explique comment va se dérouler le speed-dating. Nous avons pour tâche de choisir deux éditeurs parmi les trois présents ce jour-là, alors pour ma part, je ne réfléchis pas : ce sera l'Atalante et Mnémos. Chacun notre tour, lorsqu'on nous appellera, on devra gravir les escaliers et se rendre au second, où nous attendent les éditrices. On nous rassure sur le côté bienveillant de la rencontre, et sur le fait que, « oui, le speed-dating, ça fonctionne lorsqu'on veut être édité ! ». La preuve, un auteur est là pour témoigner. Mais attention, nous sommes nombreux, et elles ne sont que trois : lorsqu'on nous signalera que l'entrevue est terminée, il faudra laisser sa place afin de rester dans les temps.
M moins… ? Je ne veux plus penser à rien. Ou alors, parler de choses légères, plaisanter, faire rire. Il sera bien temps de paniquer lorsque je serai en face de mes interlocutrices.

PENDANT

Façon Lullaby :
Mnémos est la première entrevue. Je présente ma novella mais, une fois mon pitch terminé, je précise que c'est une novella et Nathalie Weil m'explique que la maison ne prend pas ce format. Elle l'annonce avec bienveillance, mais pour moi cela fait l'effet d'une douche froide. Pourtant, l'éditrice ne me lâche pas dans la nature pour autant, comme je lui ai évoqué un roman en cours, elle m'explique le fonctionnement de leur comité de lecture, avec beaucoup de détails, une information dont elle pense qu'elle me sera utile lorsque j'aurai terminé mon roman. Elle a raison, mais sur le coup, je suis trop submergée par l'anxiété pour m'y attarder.
Lorsque je redescends, je suis dans un tel état que je me demande si je ne vais pas abandonner tout court le speed-dating. Un petit coin de ma tête, encore rationnel, me rappelle que j'ai lu un témoignage sur CoCyclics qui évoquait une grenouille présentant un projet jeunesse alors qu'il n'y avait que des éditeurs adultes. Et que bon, hein, Nathalie Weil ne m'a pas non plus mangée toute crue sur place, alors ça suffit de stresser ! Je demande donc conseil à mes coachs avant de m'enfuir à toutes jambes. Je fais bien. Silène Edgar et Paul Beorn me réorientent de suite vers Bragelonne. Et là je réalise que j'ai fait une erreur : j'avais complètement oublié de préciser qu'il s'agissait d'un format particulier !
Je vois ensuite la directrice de la collection Milady (qui représente Bragelonne pour l'occasion), avec beaucoup d'appréhension mais avec un peu d'espoir aussi. Cette fois, je précise de suite qu'il s'agit d'une novella. Alice Arslanagic m'indique qu'avec la collection numérique Snark, tout est permis et m'invite donc à poursuivre. Je me lance, explique mon projet. L'éditrice prend des notes, pose des questions (longueur estimée du texte fini, etc.) et fait des remarques, montrant son intérêt. À la fin de l'entrevue, elle m'invite à lui envoyer la novella une fois celle-ci terminée. Je ressors toute ragaillardie et motivée pour terminer mon texte.

Façon Lilie :
Le stress peut connaître mille et une variations. Personnellement, ça ressemble à des pics aigus, le coup de poignard qui va bien avant le début des hostilités, et que je parviens à oublier de deux manières : soit en jouant les pitres, soit en étant totalement concentrée sur la tâche à accomplir.
Aussi, une fois les marches gravies et les cinq premières secondes de ma présentation passées, tout va mieux. Ma voix se fait plus claire, je ne tremble pas. Les éditrices sont des êtres humains comme les autres, non ? Avec un avis d'expert sur l'écrit, certes, mais rien d'insurmontable en soi. Et la bienveillance de celles qui nous rencontrent est appréciable. On sent un véritable intérêt pour les projets, et pas seulement pour le texte, mais pour la volonté de l'auteur. Une fois le pitch déclamé, les questions font leurs apparitions : « Parlez-moi des personnages du récit », « Quel est la taille du roman », « À quel public est-il destiné ? », « Quels thèmes abordent ce roman ? », etc.
Je rencontre d'abord Nathalie Weil (Mnémos), où ma concentration est à 100% et mon stress à 0%. Les deux romans sont susceptibles d'intéresser sa maison : Nathalie me laisse ses coordonnées. Le sourire aux lèvres, je redescends pour une pause, et enfin arrive l'entretien avec Mireille Rivalland (L'Atalante). Là, c'est à croire que l'épreuve nécessitait d'être corsée : nous sommes distraites par du bruit en provenance de l'extérieur, on doit s'interrompre quelques secondes à cause d'une fanfare sous les fenêtres du salon de thé… Et le temps imparti qui s'égraine sans que l'on ne puisse rien. Concentration : 60% ; le stress refait son apparition en plein milieu de la discussion. Heureusement, la gentillesse de mon interlocutrice et l'intérêt qu'elle manifeste balayent cette difficulté impromptue. Mon style est apprécié, l'idée de mon roman d'anticipation plaît et pourrait rentrer dans la ligne éditoriale. Il n'en fallait pas plus pour effacer une bonne fois pour toute la tension accumulée. On me fait signe que c'est la fin, alors je remercie mille fois et je quitte la salle d'entrevue.

APRÈS

Façon Lullaby :
Les rendez-vous terminés, je prends en note tout ce qui m'a été dit, tant par Alice Arslanagic (Bragelonne) que par Nathalie Weil (Mnémos). C'est à ce moment, d'ailleurs, que je prends enfin conscience des informations précieuses que m'a données Nathalie Weil. La petite voix rationnelle ne peut retenir un « tu vois ! ». Me voilà boostée pour avancer dans les corrections de mon roman, afin de l'envoyer ensuite à Mnémos !
Avec le recul, je réalise que ces deux entrevues se sont chacune avérées enrichissantes à leur manière. Celle avec Mnémos m'a permis d'apprendre à présenter un projet sans omettre les détails importants, comme le format (novella, roman…), à bien cibler son éditeur et à connaître son processus de sélection. Celle avec Milady m'a permis de voir que mon projet intéressait, même si je sais qu'un envoi de manuscrit ne signifie pas pour autant une publication au bout. Mais savoir que l'histoire intéresse est déjà un bon point.
Dans les deux cas, je rentre chez moi très motivée pour me remettre à mes travaux d'écriture – finir la novella, les corrections du roman et me lancer dans ces autres projets qui patientaient.
Le speed-dating, qui permet de se frotter pour la première fois aux éditeurs de visu, fut véritablement une grande expérience. Une expérience humaine – non, les éditeurs ne sont pas des ogres dévoreurs d'écrivains débutants – autant que professionnelle, passionnante et enrichissante. Et, malgré les montagnes russes des émotions, c'est une expérience qui vaut largement la peine d'être vécue.

Façon Lilie :
Ça y est, c'est terminé, je peux enfin souffler. Mon sourire ne m'abandonnera pas du weekend, car le bilan de ce speed-dating est ultra-positif.
D'abord concernant le défi en soi : j'ai la satisfaction personnelle d'avoir rempli l'objectif que je m'étais fixée, à savoir rencontrer les éditeurs et apprendre à parler de mes projets d'écriture. Parce que oui, le métier d'auteur ça s'apprend, et la communication, à l'oral comme à l'écrit, ça se maîtrise !
Ensuite, pour la promesse que ces trois maisons d'édition liront mon manuscrit avec le même intérêt témoigné durant ces entretiens, ce qui est important lorsqu'on souhaite être lue. Je garde en tête que ces rencontres ne sont pas synonymes de publication, cependant le speed-dating (et le festival) m'a donné la chance incroyable de pouvoir présenter mon travail directement à des éditeurs, et je sais combien ce n'est pas donné à tout le monde.
Enfin, parce qu'après une expérience comme celle-ci, je ne désire qu'une chose : retrouver ma plume (enfin, mon clavier), terminer mon roman en cours, concrétiser les autres romans qui me trottent en tête, et écrire encore et toujours ! J'ai de l'énergie à revendre, des idées et des envies plein la tête. Et rien que pour cette raison, le speed-dating est à vivre absolument.

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jeudi 24 juillet 2014

Imaginales 2014 - Speed dating saison 6, ép.1

*Roulement de tambour*
Et voici le premier épisode de la saison 6 du « speed dating » des Imaginales 2014 : l'évènement du point de vue "organisation".

À ma droite, Silène Edgar, professeur de Français agrégée, auteure jeunesse et adulte, déjà invitée à participer à l'organisation du « speed dating » saison 5 des Imaginales 2013.

Cette année, il avait lieu le vendredi 23 mai à 18h00, en un lieu tenu secret le plus longtemps possible, y compris des auteur·e·s candidat·e·s. Il était modéré par Élise Dattin et Silène Edgar.

Un grand merci à Silène pour son témoignage !


Durant ces Imaginales 2014, je me suis transformée en auteure comme j'en ai l'habitude durant ces week-ends de fête où je suis invitée pour mes livres : tenue un peu moins roots que d'habitude, stylo-plume fétiche et sourire greffé sur le visage, on oublie les heures de colle, les "Madaaaame T. !! J'ai oublié mon cahier !!" et la journée rythmée par les sonneries.

Cette année, pas manqué, je me coule dans le costume avec bonheur jusqu'au moment du speed dating... là, je recouvre ma troisième tenue... celle de la poule, la mère poule, qui couve ses poussins du regard, vérifiant que tous sont là, qu'ils ne pleurent pas, ne rient pas hystériquement et n'essayent pas de se jeter dans la Moselle pour éviter le grand moment. J'exagère ? Oui, un peu bien sûr... en apparence, ils ont l'air normaux, un peu stressés mais maîtres de leurs émotions et prêts à tout. Seulement je sais comment ça se passe dans leur tête parce que moi aussi, j'ai été morte de trouille à l'idée de rencontrer un éditeur et peut-être... peut-être de le convaincre de la valeur de mon manuscrit ?

Cette année donc, comme l'an passé, Élise et moi surveillons les auteurs avec attention, tout en faisant semblant de ne pas y toucher pour donner l'impression que c'est facile, que tout est simple et qu'ils vont passer ces deux heures sans avoir le palpitant qui s'affole... Dans un endroit tenu secret, où nous sommes accueillis comme des princes par une hôtesse adorable et acquise à la cause des auteurs, nous comptons donc les candidats. Il y a quelques accompagnateurs, quoique la rencontre soit normalement réservée aux aspirants écrivains, mais nous savons bien qu'il est difficile de se passer d'un peu de soutien ! Nous organisons les passages afin que l'attente ne soit pas trop longue et que chacun voit au moins deux des trois éditrices en présence.

Commence alors réellement le speed dating : les rencontres entre nos trois éditrices, Mireille Rivalland pour L'Atalante, Alice Arslanagic pour Bragelonne, Nathalie Weil pour Mnémos, et les candidats auteurs s'enchaînent, avec des moments de joie, de doute, de douleur aussi. Les auteurs échangent entre eux, j'essaye de les détendre, de les encourager, de garder l'apparence d'un moment banal pour que l'émotion ne surmonte pas les auteurs : l'attente les angoisse déjà bien assez.

Les éditrices sont contentes mais fatiguées : c'est aussi un moment difficile pour elles, parce qu'elles veulent que chaque auteur se sente bien, même si parfois le projet ne leur correspond pas. Finalement, tout le monde repart assez content, je peux lâcher mon costume à plumes et retrouver ma vie normale... jusqu'à l'année prochaine !


La boîte à liens :


dimanche 20 juillet 2014

Imaginales 2014 - le match d'écriture côté "amateurs"

Après le compte-rendu côté "pros", voici le côté "amateur·e·s" du match d'écriture.
Merci à Francis Ash et Audrey (Ayalys) pour cet article !


Nous étions en direct d'Épinal, en cette chaude journée du vendredi 23 mai, prêts à une mémorable confrontation, entourés chacun de nos co-équipiers respectifs. Dans quelques minutes, nous allions dégainer nos ordinateurs, faire chauffer les neurones à blanc, et entamer l'épique match d'écriture annuel des Imaginales.
N'imaginez pas une ambiance digne d'un western de Sergio Leone, avec les dix-huit paires d'yeux des protagonistes plissés par la détermination et l'angoisse. Le match des Imaginales est un concours d'écriture, il se déroule dans le décor paisible et feutré de la grande BMI :


L'organisatrice de l'évènement, Magali Couzigou pour le Club Présences d'Esprits, accueillait les participants au fur et à mesure des arrivées. Sympathique et avenante, elle nous rappela que le match existe depuis 2012. Depuis, chaque année, six équipes de trois auteurs s'affrontent autour de trois thèmes. Au besoin, ils peuvent demander jusqu'à deux contraintes supplémentaires, qui leur procure alors du temps en plus. Leur but est de réaliser la meilleure nouvelle possible. Quatre équipes sont constituées d'auteurs amateurs et deux autres de professionnels de la plume qui sont invités par le salon des Imaginales.
Cette année, les professionnels présents étaient Cindy Van Wilder, Anne Rossi, Thomas Geha, Jean-Claude Dunyach, Jeanne A. Debats et Sylvie Lainé.
L'équipe gagnante verrait ses textes publiés en l'état, sans relecture ni correction dans un numéro d'AOC.


F. Ash : Audrey, dis-moi : comment s'est formée ton équipe ?

Audrey : Pour ma part, j'ai rejoint l'équipe de Célia et Ioana. Elles avaient déjà participé et gagné l'édition précédente avec Anne Rossi et comptaient bien renouveler l'expérience cette année. Anne ayant rejoint le côté "pro" cette année, il leur manquait une équipière. Ioana m'a proposé de prendre sa place. Comme j'avais failli tenter l'expérience l'année dernière (cela s'était joué à une place), j'ai accepté. Je crois qu'il a bien fallu deux jours pour que je commence à angoisser face à la pression de rejoindre l'équipe qui avait gagné alors que j'avais si peu d'expérience des nouvelles courtes.
Et de votre côté ? J'ai cru comprendre que c'était la première fois que vous participiez tous les trois : qui en a eu l'idée et comment avez-vous formé votre équipe ?

F. Ash : Chez nous, ça a été un peu différent. Anaïs en avait parlé sur le forum, mais je ne savais pas bien de quoi il s'agissait. Alors, je me suis renseigné auprès de Magali Couzigou par mail, pour qu'elle m'explique le principe, et qu'elle m'envoie les sujets des années précédentes. Le principe m'a plu, donc je me suis lancé. Guillaume nous a vite rejoints.

Audrey : Pas trop d'angoisse entre le moment de l'inscription et celui du match ? Ce n'est pas un exercice facile que d'écrire sur un sujet inconnu en temps limité. Tu t'y es préparé ?

F. Ash : Un peu d'appréhension quand même, mais l'idée me plaisait. Ça représentait un sacré défi pour moi qui n'avais encore participé à aucun AT. Je me suis entraîné sur trois sujets des années précédentes, en respectant le timing imparti. Sauf que j'avais mal compris : je pensais qu'on avait 8 minutes de réflexion et ensuite 1h45 de rédaction (en réalité, c'est 1h45 en comptant les 8 mn de réflexion).
Et toi, tu avais peur avant de venir ?

Audrey : Ce qui me terrifiait le plus, c'était l'idée du temps limité. Je n'avais jamais écrit de nouvelles courtes et mon expérience des nouvelles était très limitée. Du coup, Ioana m'avait proposé de nous entraîner en se mettant en condition. Finalement, c'est tombé à l'eau parce qu'on n'a pas trouvé l'occasion de se retrouver. J'aurais pu travailler de mon côté mais je connaissais les anciens sujets. Or, une des difficultés du match réside dans la découverte au dernier moment des thèmes sur lesquels on doit écrire. J'ai donc choisi d'apprendre à connaître mes capacités en testant à quelle vitesse je pouvais écrire. J'ai ainsi pu déterminer quelle taille maximum je pourrais me permettre suivant le temps dont je disposerais.


Et nous voilà donc, plus ou moins angoissés, plus ou moins préparés, à attendre le début du match (une partie des auteurs professionnels ont eu quelques soucis pour nous rejoindre). Magali nous a accompagnés dans la salle où se déroulera le match. Le grand moment approchait, cela commençait à se sentir.

Audrey : J'ai retrouvé mes coéquipières directement sur place. Elles avaient l'air détendues (enfin plus que moi, ce qui n'était pas très compliqué) et je tentais de déstresser en martyrisant une bouteille d'eau (paix à son âme).

F. Ash : Chez nous, c'était assez amusant. Anaïs était stressée – elle qui dit quelle n'est pas vraiment taillée pour les nouvelles –, Guillaume affichait une confiance à toute épreuve, et moi je tâchais de rester concentré.


Plusieurs petites étapes ponctuaient l'événement en lui-même. En premier lieu, il fallait désigner un capitaine qui aurait l'immense honneur de tirer l'image qui représenterait l'équipe.

Audrey : Chez nous qui allions devenir les Chats-Pitres, le choix a été vite fait. D'un commun accord, les filles m'ont désignée vu que j'étais la petite nouvelle et que je découvrais le match d'écriture. En apercevant l'image, j'y ai vu un bon présage (C'était une représentation du Chat du Cheshire d'Alice au pays des merveilles, qui a donné son nom à mon propre chat).
Comment avez-vous décidé dans votre équipe ?

F. Ash : Quand il s'est agi de désigner un capitaine, dans la mesure où j'avais fait les démarches pour nous inscrire, les regards de mes coéquipiers se sont tournés vers moi. Nous sommes donc devenus les Cyclopoilus parce que ma main s'est posée sur la carte qui représentait un cyclope orange à la pilosité surabondante.
Puis, après nous avoir expliqué les règles et nous avoir laissés nous installer, vint le grand moment du tirage des trois sujets.

F. Ash : Quand les sujets ont été annoncés, j'étais plutôt content parce que deux d'entre eux me parlaient. Nous nous sommes concertés, la répartition a été simple : Guillaume était le seul qui avait envie de bosser sur « Nouvel organe, nouveau membre greffé. Aïe il y a un bug ». Anaïs était plus attirée par « Ma voix est mon arme, mon sang ma défense », et de mon côté je me sentais très à l'aise avec « Je meurs toutes les 30 minutes. »
Comment as-tu vécu l'annonce des sujets de ton côté ? La répartition a été facile de votre côté ?

Audrey : J'ai eu un gros pic d'adrénaline à ce moment-là : j'attendais l'annonce avec angoisse en espérant qu'un des sujets stimulerait mon imagination. Pour la répartition, j'essayais de ne pas m'en faire.
J'ai eu de la chance : à l'énoncé, le déclic s'est produit sur le troisième sujet, collant avec une idée qui restait de côté. Il était temps de s'occuper de la répartition entre nous. Au final, Celia se sentait à l'aise sur les trois sujets, Ioana sur deux, elle s'est effectuée de façon tout à fait naturelle. Nous avons discuté de nos premières idées respectives.


Une fois les sujets répartis entre les différents membres des équipes, il était temps de décider si l'on souhaitait une contrainte ou pas. Comme Magali le rappelait, celle-ci nous fera bénéficier de 15 minutes supplémentaires.

Audrey : j'ai cherché des conseils du côté de mes co-équipières. Ioana m'a dit que ça pouvait aider à libérer ses idées. J'ai hésité, mais la remarque de Magali au départ sur l'intérêt du temps en plus (et je dois l'avouer ma peur du temps limité) m'a décidée à en prendre une, comme l'ont fait mes co-équipières.
Dans votre équipe, personne n'en a choisi par contre : pourquoi ?

F. Ash : Anaïs était focalisée sur son sujet, elle mettait ses idées en ordre et craignait qu'une contrainte supplémentaire vienne ruiner ses plans. Guillaume n'en avait pas besoin et moi non plus. Je pense qu'on avait déjà une idée assez claire de ce qu'on allait écrire, et qu'en termes de maîtrise du temps, on avait suffisamment confiance en nous. Je savais qu'en 1h37, je pouvais sortir quelque chose de valable et je ne voulais pas prendre de risque inutile.
Pas de regret lorsque tu as découvert la contrainte que tu avais tiré au sort ?

Audrey : Je crois bien que j'ai eu un petit instant de blanc devant l'énoncé « Exo-squelette en bois ». Ensuite, mon cerveau a heureusement pris le relais et trouvé très vite comment l'intégrer dans mon idée. Après coup, je dois reconnaître que j'ai pris un énorme risque, car, vu certaines contraintes, j'ai eu de la chance d'en trouver une qui puisse être utilisée aussi bien avec une idée déjà précise. Par contre, cela m'a quand même apporté une certaine aide dans la façon de caractériser un de mes personnages. Au final, je ne regrette pas d'avoir pris cette décision. Qu'est-ce que vous avez pensé après coup des contraintes et de l'idée d'en prendre une ?

F. Ash : De notre côté, on a entendu les contraintes au fur et à mesure qu'elles ont été tirées au sort. On s'imaginait à la place des auteurs qui allaient devoir composer avec ça. Autant l'exosquelette en bois aurait pu convenir à Guillaume, autant Anaïs et moi aurions été paralysés avec ça. Je ne parle pas de la « centrale nucléaire de poche », surtout pour Anaïs qui était partie sur de la Fantasy...


Le chronomètre est lancé et le match proprement dit a commencé. Au départ, aucun bruit de clavier ne s'est fait entendre. Les huit premières minutes sont consacrées à la discussion entre équipiers. Puis les crépitements des doigts sur le plastique résonnent. Pas une voix ne se fait entendre, chacun s'est immergé dans son univers.

Audrey : Le match s'est très bien passé. J'ai rapidement pris mes marques, réfléchi à la façon d'écrire mon idée. Moi qui perds beaucoup de temps en ne sachant jamais comment commencer mes nouvelles, l'énoncé du sujet m'a permis pour une fois de me lancer sans délai. J'ai suivi le temps qui passait, histoire de ne pas me retrouver à court. À la fin, il me restait du temps. J'ai hésité, mais décidé de ne pas me relire. J'ai fait attention au fur et à mesure et j'ai eu peur de vouloir modifier trop de choses et de ne pas la trouver assez bien (pas pour moi, mais plutôt vis à vis de mes co-équipières qui seraient désavantagées par une mauvaise note sur mon texte)

F. Ash : Tu as fait un choix audacieux ! Je n'aurais pas pu envisager de rendre mon récit sans me relire, ne serait-ce qu'à cause des fautes de frappe que je commets régulièrement. Pour ma part, j'ai écrit ma nouvelle quasiment d'une traite, en mode « frappe au kilomètre ». Pour ne pas perdre l'horloge de vue, et puisque mon thème était « je meurs toutes les trente minutes », j'ai incorporé l'heure dans le récit. Pratique et efficace. Bon, sauf que je ne savais plus à quelle heure j'avais démarré ! Dès que j'ai eu fini, j'ai commencé la relecture. Finalement, j'ai même eu le temps de relire rapidement la nouvelle de Guillaume et d'accentuer ses majuscules.
En sortant de la BMI le sentiment était partagé. Anaïs ne savait pas ce que valait sa nouvelle, elle avait fini en quatrième vitesse. Guillaume était serein, et moi, même si j'étais a priori content de ma nouvelle, je me demandais ce qu'elle valait. C'est ma chérie qui m'a rassuré, le soir, quand on est rentrés. Elle a bien aimé, c'était bon signe.
Le samedi, j'ai commencé à lire les autres nouvelles, en particulier celles de mes coéquipiers, et elles m'ont bien plu. Tous les textes étaient affichés dans la grande Bulle du Livre, dans l'alcôve à côté de la buvette. Cela représentait un mur complet de nouvelles, c'était impressionnant. Mais entre le vote des festivaliers et les notes du jury, impossible de savoir ce que ça allait donner.
Et vous, contentes de vos textes en sortant ?

Audrey : Le match terminé, je me suis doucement remise de mes émotions. Je n'arrivais pas à décider si j'en étais contente ou pas, surtout quand il s'est avéré que mon chéri n'avait pas du tout la même notion que moi de ce que devait être un exo-squelette en bois. Ioana était persuadée que sa nouvelle nous ferait perdre. Pour ce qui est de lire les nouvelles : Celia a du repartir le vendredi soir et n'a pas eu l'occasion de lire les autres textes avant qu'ils ne nous soient envoyés. Par contre Ioana est passée les lire.
Pour ma part, connaissant ma tendance naturelle à me sous-estimer et à me dévaloriser, je n'ai pas osé aller les lire devant tout le monde, pour éviter de me comparer. Je ne voulais pas non plus prendre le risque d'influencer les nombreuses personnes qui me connaissaient et qui auraient pu comprendre quel était le mien en voyant ma réaction.
Comment s'est passée l'attente jusqu'à l'annonce des résultats chez les CoCypoilus? Surpris par votre victoire?

F. Ash : Pour nous aussi l'attente a été indolore. Le samedi a été une journée bien remplie qui ne nous a guère laissée le loisir de trépigner. Le dimanche à 14 heures, quand Magali a annoncé que je gagnais le vote du public pour ma nouvelle, j'avoue que j'ai été aussi stupéfait que ravi. J'ai été très content pour toi, Audrey, qui a eu la meilleure note de sa catégorie.
Magali nous a annoncé que le jury, composé de 4 membres, a noté chacune des nouvelles. La compilation de ces notes a donné des moyennes pour chaque équipe… Et malgré tout, il y avait encore deux ex-aequo ! L'équipe organisatrice a donc calculé les écarts-type (l'écart séparant les notes de chaque membre d'une même équipe) pour pouvoir déterminer un gagnant. Cela prouve qu'il y a eu de l'émulation et du talent autant chez les pros que chez les amateurs. Je pense qu'on peut tous être contents de notre prose.
Quand j'ai annoncé le verdict par SMS à mes coéquipiers, Guillaume m'a appelé, pour que je lui dise de vive voix. Lui qui affichait une confiance inébranlable pendant toute la durée du match et de l'attente semblait avoir du mal à croire à notre victoire. En fait, il avait confiance dans le fait qu'on serait contents de nous, mais n'avait pas imaginé qu'on puisse gagner. Mais ça, il ne me l'a dit que plus tard.
Et chez les Chats-Pitres ?

Audrey : L'attente en elle-même, je ne l'ai pas vu passer. Au point que sans Ioana et toi, j'aurais oublié l'horaire de remise des prix. Pas question de me défiler puisqu'ils m'y accompagnaient.
Je n'ai qu'un moment où j'ai regretté de ne pas avoir été lire les textes : quand mon prénom a été donné pour la nouvelle élue par le jury dans ma catégorie (celles des auteurs qui avaient choisi le même thème que moi.). Je ne pouvais pas croire qu'il s'agisse bien de moi, malgré la réaction de Ioana et la tienne. Magali m'a demandé si mon texte est bien le C4, ce dont je n'avais en fait absolument aucune idée, vu que je n'avais pas été regarder.
Le petit moment de honte passé, je me suis remise de mes émotions, histoire de pouvoir féliciter F. Ash dont l'équipe a remporté le match.
Au final, j'ai pu profiter d'un deuxième moment de joie, quelques jours après la remise des prix. En ouvrant le document qui nous était envoyé pour découvrir les résultats complets, je me suis aperçue que l'équipe avec laquelle il a fallu utiliser l'écart-type pour décider du vainqueur est la nôtre. Je suis fière de ne pas avoir démérité et de m'être montrée à la hauteur de la réputation de mes co-équipières.
Un dernier mot pour la route, F. Ash ?

F. Ash : On a adoré ce match d'écriture. On est très contents d'avoir gagné parce que nos nouvelles vont être publiées dans AOC. Mais ça a été serré ! De notre point de vue, presque une égalité. Ça mérite une revanche, et on sera là en 2015, clavier en main pour remettre ça.
Et toi, tu te sens prête à revenir l'an prochain ?

Audrey : Je ne dirai qu'une seule chose : si elles veulent toujours de moi, je pense que je rempilerai pour une année (même si je suis sûre que je paniquerai tout autant) et que je suis très fière d'avoir battu les équipes "pro" avec l'aide de Célia et Ioana.

vendredi 18 juillet 2014

Imaginales 2014 - le match d'écriture côté "pros"

Le match d'écriture des Imaginales, organisé en partenariat avec le Club Présences d'Esprits et la BMI d'Épinal, demande de relever le défi suivant : écrire un texte collectif, en rivalité avec d'autres équipes, sur un même thème imposé et en un temps limité.
Thèmes et équipes, dont l'une est formée de plusieurs auteur·e·s invité·e·s du festival, sont tirées au sort au début de la rencontre.
Pour la troisième édition participaient côté « pro » : Jeanne-A. Debats, Jean-Claude Dunyach, Sylvie Lainé, Thomas Géha, Anne Rossi et Cindy Van Wilder.

Ces deux dernières ont accepté de nous livrer leurs impressions – pardon, celles de leurs muses respectives – sur le match.


Muse de Kira :
Chère cousine prolixe, tu as dû te plier, vendredi 23 mai, à une contrainte singulière : écrire une nouvelle sur un thème imposé et en un temps limité. Alors, pas trop dur quand on est habituée à faire ses quatre volontés ?

Muse de Cindy :
Tu sais que je n'ai jamais pu résister à un défi littéraire... Aussi celui-ci n'était pas pour me déplaire, surtout quand nous avons pu choisir le thème sur lequel travailler parmi les trois déterminés par les organisateurs. Et pour ta part, sur quelles bases s'est porté ton choix ?

Muse de Kira :
Oh, moi j'avais déjà participé l'an dernier, je savais d'avance ce qui m'attendait : une pure séance de torture (vraiment, le temps limité, ce n'est pas humain). Mais mon équipe ayant gagné l'année précédente, j'étais plus ou moins moralement obligée... (non, en vrai, je trouve ça fun). Sauf que mon auteure ayant changé de catégorie (d'amateur à pro) je n'ai pas pu retrouver mes ex-coéquipières. C'est comme ça que nous nous avons atterri dans l'équipe des trucs à tentacules.

Muse de Cindy :
Pourtant travailler avec des deadlines, ça te connaît, non ?

Muse de Kira :
Certes, mais il existe une différence entre avoir quelques semaines de délai sur un plan et des personnages que l'on maîtrise déjà, et avoir deux heures sur un thème loufoque. Parlons des thèmes, justement : quand tu as découvert les 3 thèmes (qui, je le rappelle, étaient : « Je meurs toutes les 30 minutes », « Un nouveau membre additionnel... aïe un bug » et « Ma voix est mon arme, mon sang, ma défense »), l'étincelle a jailli tout de suite ?

Muse de Cindy :
Absolument ! Et pour une fois que ça m'arrive... D'ordinaire, je dois me triturer les méninges pour pouvoir offrir un début d'idée potable à mon auteure – et ensuite, cette ingrate se plaint que je la submerge avec mes propositions ! Pfff, n'importe quoi ! Cependant, sur ce thème-ci, nous étions en accord... Et puis, il régnait une bonne ambiance, non ?

Muse de Kira :
Si tu entends par là qu'il régnait une certaine solidarité dans le désespoir – Thomas Geha, notre équipier, semblant aussi inspiré que moi par les textes – c'est un fait. Les discussions au sujet de ce qu'on pourrait faire de chacun des sujets sont allées bon train durant les 8 minutes de réflexion obligatoires. N'ayant pour ma part pas la moindre étincelle en vue, j'ai pris le thème qui inspirait le moins les autres – et j'ai rajouté deux contraintes dans l'espoir que l'inspiration en jaillirait peut-être – sinon 30 minutes supplémentaires sont toujours bonnes à prendre. Je constate que tu l'as joué petit, sur le thème des contraintes...

Muse de Cindy :
Oh si j'avais eu des difficultés également à élaborer mon histoire, j'aurais aussi joué le jeu ! Mais en l'état, j'ai préféré me lancer sans contrainte supplémentaire. Ça a d'ailleurs été juste pour le temps imparti d'écriture, mais bon, hormis ma fin un peu tronquée, n'est-ce pas...? En fait, je n'ai pas vu le temps passer ! Et quand Magali a lancé le décompte final...

Muse de Kira :
Mouhahah ! Il me restait encore une demi-heure, à moi... Bon d'accord, j'en ai bien eu besoin. Et puis, c'était nettement moins drôle quand je me suis retrouvée toute seule dans la salle à la fin. Au bout du compte : contente de toi ? Comptes-tu donner un autre avenir à cette nouvelle ? (Des idées, peut-être?) (Moi, pousser à la production ? Jamais, voyons, tu me connais).

Muse de Cindy :
À peine, tiens ! Pas d'autres idées pour le moment, mais qui sait…? Avec nous, tout est possible, tu le sais ! Et de ton côté ?

Muse de Kira :
Eh bien il se trouve que mes deux nouvelles du match d'écriture tournent autour de l'univers des jeux vidéos. Il y aurait de quoi creuser la question... Une série, peut-être ? (C'est bien les séries). Mais bon, ce sera pour le jour où j'aurai enfin remis la main sur ce fichu Retourneur de Temps (il m'aurait été bien utile pendant le match, tiens) !


Liens :

jeudi 10 juillet 2014

Retour sur les Imaginales 2014

Vous l'attendiez impatiemment et le voici : le premier article d'une longue série consacrée aux Imaginales 2014 !

Organisé par la ville d'Épinal depuis 2002, le festival des mondes imaginaires organise pendant quatre jours des rencontres avec les auteur·e·s, des conférences, un match d'écriture et un « speed dating », entre autres animations, cafés littéraires et ateliers. (http://www.imaginales.fr/)

Les membres du collectif CoCyclics et de son forum ont fait le déplacement en nombre, et l'une de ces «grenouilles», Ereneril, nous en a rédigé une chronique. Merci à lui !

Affiche des Imaginales 2014.

« COCYCLICS : La consécration ! », The Guardian
« Pluie de grenouilles sur Épinal ! », Libération

Je dois vous l'avouer, ces citations sont apocryphes et difficilement justifiables. Si les Imaginales 2014 ont été la consécration pour les grenouilles (vous me permettez d'utiliser ici le surnom affectueux que se donnent les membres de CoCyclics), quels superlatifs pourrons-nous alors trouver pour 2015 ?

Mais revenons sur ces quelques jours printaniers.
Fin mai, comme chaque année, ont eu lieu « Les Imaginales », un des plus célèbres et plus sympathiques salons sur des littératures de l'imaginaire. Durant quatre jours, la ville d'Épinal accueille cette manifestation sur les rives de la Moselle et dans quelques lieux de la cité vosgienne que les organisateurs gardent secrets jusqu'au dernier moment.
Lorsque des grenouilles s'y sont rendues pour la première fois, chacune allait écouter des conférences, faisait dédicacer quelques acquisitions. Certaines rêvaient d'édition et échangeait avec les autres festivaliers sur leur futur roman qui, un jour, serait proposé à l'un des éditeurs présents. Nous étions encore dans une période d'utopie.
C'était il y a très longtemps. Six ans.
Depuis les choses ont quelque peu évolué...


Jeudi 22 mai

Malgré des grèves et une météo plus que capricieuse qui nous tiendra compagnie toute la semaine, chacun·e est parvenu à rallier l'Est lorrain. Aux descentes des trains, les grenouilles se saluent et filent à leurs hôtels respectifs avant de rejoindre les rives de la Moselle où sont installés « La Bulle du Livre », vaste tente hébergeant tous les éditeurs et auteur·e·s, les deux Magic Mirrors, chapiteaux décorés à la mode XIXe, ainsi qu'un bâtiment en dur, ces trois derniers lieux accueillant les multiples conférences qui allaient se succéder.

Les grenouilles sont nombreuses.
Autant à la buvette, à refaire le monde car personne ne s'est vu depuis une éternité… — Zone Franche, le sympathique salon de Bagneux qui avait vu se réunir plus de trente grenouilles remontait à plus d'un mois… —, que derrière les stands ! Si, six ans plus tôt, tout le monde rêvait d'édition, cette année je serais bien incapable de compter le nombre de grenouilles qui présentent leurs ouvrages depuis l'autre côté des tables. Les visiteurs d'hier sont devenus les exposants d'aujourd'hui et je ne me risquerais pas à tous les citer, certain d'en oublier…
Un aboutissement.
C'est un fait accompli. Les grenouilles exposent dans les stands mais également dans les conférences. Paul Beorn, un permanent du collectif, ouvre le bal lors de la table ronde sur les techniques d'écriture. Le modérateur lui tend une perche de la finesse d'un Baobab et l'incite à parler de CoCyclics. En grand professionnel, Paul résume avec brio l'essence de notre communauté. Les grenouilles s'abstiennent de sortir les banderoles même si l'envie nous démange parfois.

Passé cette conférence, Paul Beorn et Silène Edgard sont mis à contribution pour dédicacer moult 14-14, leur opus commun, avant que la faim de ce début de soirée ne tiraille les estomacs des batraciens.

De la lumière. Un menu au nom prometteur «J'aime mieux le lard», et dix grenouilles entrent dans un restaurant local et entament une étude de la gastronomie vosgienne.
22h. L'estomac lesté de lard en tous genres, un petit groupe de cinq grenouilles se dirige vers le bar où Silène Edgard, invitée officielle du salon, prête sa voix aux «Histoires à lire quand les enfants sont couchés...».
Le bar à vin est noir de monde. Toute la fine fleur des Imaginales est sur place. Installés trop loin de l'estrade, et faute de pouvoir entendre les lectures, nous nous rabattons sur la cuvée « Imaginales » et prolongeons nos longues discussions.
Au hasard des passages, nous saluons l'un·e ou l'autre des auteur·e·s jusqu'à ce qu'une célèbre connaissance fasse son apparition et se mêle au petit groupe de grenouilles survivantes. Nous passons ainsi près de deux heures avec Stéphane Marsan à parler littérature, édition, marketing, mode, et autre.

Au cours de la discussion, il nous annonce qu'il ne sera pas au speed dating pour cause d'interview à la même heure, mais il propose d'en faire en off, juste avec lui et les auteur·e·s intéressé·e·s, quand nous aurons quelques minutes. Les un·e·s après les autres, comme d'autres auteur·e·s au cours de la semaine, nous lui parlons de nos projets et le speed dating se fait, informel, lui écoutant, validant et critiquant les idées et projets.
Ceux et celles qui logent à proximité restent jusqu'à la fermeture du bar, d'autres s'engouffrent dans une voiture, et certain·e·s vont jusqu'à profiter d'une assemblée de banquiers marseillais en déplacement professionnel pour éviter un long retour à pied.


Vendredi 23 mai

La matinée s'écoule dans le calme et la sérénité. Un petit-déjeuner, des conférences, des discussions au détour d'une table. Les aiguilles tournent et il est bientôt l'heure de se sustenter. Le temps est magnifique mais l'herbe encore humide de la veille. La répétition générale du pique-nique du lendemain, tradition oblige, aura donc lieu dans les fauteuils du bar. Deux, quatre, dix, bientôt vingt grenouilles partagent leurs victuailles dans une ambiance toujours festive.
Certaines montrent quelques signes de stress. Entre le match d'écriture et le speed dating qui s'annoncent, les auteur·e·s vont passer leur baptême du feu. Novice dans l'exercice ou non, chacun·e sent la pression monter.

Il est déjà 13h30. Une petite dizaine de grenouilles rejoignent la magnifique bibliothèque d'Épinal pour affronter les professionnels (dont Cindy Van Wilder "Blackwatch" et Anne Rossi "Kira") dans le match d'écriture.
Des équipes de trois auteur·e·s. Trois thèmes tirés au sort. Les équipes sont libres de se répartir les thèmes comme elles veulent, mais il faut produire une nouvelle complète sur chacun des thèmes. Au total 1h45, y compris les 8 minutes dédiées à la répartition des sujets et aux premières réflexions. On peut gagner 15 ou 30 minutes de plus en acceptant une ou deux contraintes supplémentaires.
Les sujets tombent :
- Je meurs toutes les 30 minutes
- Nouvel organe, nouveau membre greffé. Aïe il y a un bug.
- Ma voix est mon arme, mon sang ma défense.
Certain·e·s se risquent à tenter des handicaps. « Une centrale nucléaire miniature », « une faux émoussée », « un CV de toutes mes anciennes vies », « un exosquelette en bois », « une boussole qui n'indique pas le nord », et autres joyeusetés étoffent les sujets de ceux et celles qui veulent plancher plus d'1h45.

Seul le cliquetis des claviers meuble le silence durant un bon moment.
À partir du lendemain, les textes seront affichés (les auteur·e·s anonymisé·e·s) et le public pourra voter.
Résultats dimanche. Les grenouilles croisent les palmes en espérant s'en sortir avec honneur face aux deux équipes de professionnels où officient Jean-Claude Dunyach, Jeanne A. Debat, Sylvie Lainé et Thomas Geha qui font figure de référence...
Le temps de regagner l'espace central, nous croisons les auteur·e·s débutant·e·s qui se préparent pour le speed dating. Un mot d'encouragement, un signe de soutien et déjà ils/elles filent vers l'inconnu.
Ceux et celles qui ont décidé de présenter leur roman choisissent de convaincre deux éditeurs parmi les trois présents : L'Atalante, Mnemos et Bragelonne. Avec toute leur bienveillance, les représentants de ces grandes maisons écoutent les présentations, posent des questions et font le nécessaire pour rassurer ceux/celles qui attendent leur tour. « Quels sont les thèmes du livre ? », « Dites-en plus sur vos personnages », « À quel public est-ce destiné ? ». Pas de questions-pièges mais de vraies interrogations dont nos chères grenouilles se sortent avec brio, une carte de visite, ou un sésame pour un envoi par mail de leur texte complet, dans les mains.

Tandis que les permanents qui animent CoCyclics complotent lors d'un dîner secret, un petit groupe restreint part vers une crêperie pour se sustenter. Le groupe restreint s'étoffe au fur et à mesure des grenouilles croisées, et du retour des speed dating. La journée a été éprouvante et il faut se requinquer. Nous partîmes cinq et par un prompt renfort, nous nous vîmes plus de vingt en arrivant au Port (breton).
La crêperie manque de place en terrasse pour dîner dehors. Nous nous rabattons sur la salle. Il est 20h.

22h30. la fatigue nous gagne, prix à payer de la longue soirée de la veille, et la grande fête de clôture du lendemain se profilant, nous décidons d'être raisonnables et de rentrer.
Nous sortons du restaurant. Il pleut à verse.
C'est mouillé comme un hameçon au travail que chacun regagne son lit.
Une nouvelle belle journée s'achève dans la bonne humeur.


Samedi 24 mai

Les conférences s'enchaînent. Celle qui ouvre la journée, parlant des premiers romans, est animée par Stéphanie Nicot qui lit des extraits et vante les mérites d'une poignée de textes, parmi lesquels Les Outrepasseurs de Cindy Van Wilder, dont nous aurons l'occasion de reparler plus loin.

Une petite balade sous la Bulle du Livre, vaste espace où sont regroupés tous les stands des éditeurs, et il se fait faim. Un œil dehors nous inquiète. Le grand beau temps de la matinée touche à sa fin. Le vent s'est levé et les noirs cumulus s'amoncèlent.
Prudent·e·s, nous décidons de coloniser l'intérieur. Dix minutes plus tard, cinquante personnes échangent moult vivres des quatre coins de la salle. Chacun·e propose de faire découvrir des préparations et spécialités régionales. Le tour de France de la gastronomie rencontre un succès certain, chaque année renouvelé.
Il est 14h30 quand nous constatons que le beau temps est revenu, accompagné d'une belle chaleur. La pelouse est restée sèche. Notre manque d'audace nous a perdus. Mais il n'est plus temps de se morfondre en regrets. La foule de visiteurs afflue et chacun·e retourne derrière son stand pour dédicacer ses ouvrages...

L'après-midi se déroule à toute vitesse. L'heure tourne. Il est 19h. L'heure de la consécration. (je vous l'avais bien dit…)

Sous un chapiteau noir de monde, le maire d'Épinal et quelques personnalités locales remettent les prix des Imaginales. Si Jean-Philippe Jaworski est plébiscité par le public pour son deuxième grand prix, les membres de CoCyclics ont un pincement au cœur à l'annonce du nom de Cindy Van Wilder "Blackwatch", pilier du collectif depuis ses débuts. Son roman Les Outrepasseurs, est élu par le jury Prix Imaginales en catégorie jeunesse.

Le cocktail qui s'ensuit terminé, un mouvement est entamé vers l'île centrale d'Épinal.

36, quai des orfèvres. Ah non, ça c'est la PJ.
Donc sur la « Pizzeria du quai », nous étions 36 grenouilles.

De table en table, nous refaisons le monde, la Mare (petit surnom du forum), parlons de nos rencontres, de nos projets. Cindy est une nouvelle fois acclamée, la réussite du collectif plébiscitée.

Il est minuit quand nous sortons du restaurant. Il ne pleut pas. Le séjour se termine bien.

Le lendemain, tout le monde fait ses valises et part, les uns après les autres. Le rideau se baisse peu à peu. Mais tout n'est pas fini.
En début d'après-midi, Le Club Présences d'Esprits annonce les résultats du match d'écriture de l'avant-veille. La surprise et les sourires envahissent les visages des grenouilles présentes dans la salle. Anaïs, Ereneril et Francis Ash remportent le prix, d'une très très courte tête. Tout juste une antenne de libellule…

Il faut rentrer.
Une dernière pour la route ?
Lionel (Behra) et Cindy (Blackwatch), aux côtés d'Ayerdhal et de Bernard Simonay, participent à l'ultime conférence qui clôt cette grande édition.

À l'année prochaine, avec toujours plus de romans, plus d'auteur·e·s, plus de bonne humeur et de bonnes nouvelles !