lundi 21 décembre 2015

Interview sur la collection E-courts des éditions Voy'[el]

Aujourd'hui, nous accueillons Manon Bousquet et Tesha Garisaki, qui ont accepté de nous parler de leurs fonctions de co-directrices de la collection « E-courts » des éditions Voy'[el]. Merci à Luxia d'avoir orchestré cette interview !

Logo des éditions Voy'[el]


Avant toute chose, pouvez-vous nous présenter Voy'[el] ?

Voy'[el] est une maison d'édition fondée en 2009 par Corinne Guittaud, axée principalement sur l'imaginaire positif et le rêve. Elle publie de la littérature SFFF, à destination des adultes jusqu'ici (mais une collection jeunesse devrait bientôt voir le jour), ainsi que des art-books. Les romans, anthologies et artbooks sont publiés aux deux formats papier et numérique, les nouvelles et novellas le sont uniquement au format numérique (collection « E-courts »), de même que les œuvres LGBT (romans, nouvelles et novellas, réunis dans la collection « Y »).


Et E-courts ?

E-courts est la collection dédiée aux nouvelles, novellas et séries, créée par Aude Bourdeau en 2013. Il s'agit d'une collection majoritairement numérique, même si des anthologies ou des intégrales de séries peuvent être proposées en impression à la demande.


Maintenant, parlons un peu de vous : quand et comment en êtes-vous arrivées à ce poste ?

MB : Je suis arrivée en septembre 2014. Aude Bourdeau (la créatrice de la collection) avait besoin d'aide, et m'a proposé, ainsi qu'à une connaissance partie depuis, d'occuper ce poste de codirectrice. Et puisque j'adore cumuler plein de trucs en même temps, j'ai dit oui.
TG : De mon côté j'avais le projet de monter une maison d'édition depuis très longtemps, du coup j'ai suivi une formation de correctrice et obtenu un diplôme de gestion d'entreprise, tout en travaillant bénévolement, ou à titre professionnel, pour pas mal de maisons d'édition. J'ai endossé plusieurs casquettes pendant plusieurs années : correctrice, maquettiste, membre de comité de lecture, directrice de collection... Quand Voy'el est devenue une SARL, j'en suis devenue actionnaire et ai intégré ses comités de lecture. Quand la place de codirectrice d'E-courts est devenue vacante, en janvier 2015, je l'ai reprise.


Aviez-vous déjà une connaissance du monde de l'édition lorsque vous avez débuté ?

MB : Une petite. J'ai suivi une formation en correction, je possède des bases de maquette éditoriale, et j'avais déjà dirigé une anthologie.
TG : C'était mon métier.


Pour les lecteurs qui ne seraient pas familiers du monde de l'édition, pouvez-vous expliquer rapidement quel est votre rôle en tant que co-directrices de la collection E-courts ?

Nous recevons les textes, les transmettons au comité de lecture, assistons aux délibérations du comité de lecture, puis nous tranchons en faveur ou non d'une publication. Puis, nous avons en charge les phases de correction éditoriales (direction littéraire, correction orthographique et typographique), la maquette et la couverture, la création des fichiers numériques et leur envoi au diffuseur. Puis vient la phase de promotion, via les réseaux sociaux, les services presse ou encore les concours.


De toutes ces tâches, laquelle appréciez-vous le moins ? Et au contraire, laquelle préférez-vous ?

MB : Mon côté monomaniaque aime les maquettes, et les choix de couverture. Et si j'adore découvrir de nouveaux textes et les voir prendre leur envol, la deuxième phase de correction et au-delà me deviennent vite fastidieuses.
TG : C'est difficile à dire... Les couvertures m'amusent. En revanche, je trouve laborieuse la première phase de correction, quand il faut organiser la réécriture du texte.

Couverture de "Chrysalide" d'Ivan Kwiatkowski


Vous êtes toutes les deux également auteures. Pensez-vous que cette fonction de co-directrices de collection ait changé votre rapport à l'écriture et à la lecture ? Si oui, de quelle manière ?

TG : Je dirais que travailler dans l'édition en général aide à prendre du recul par rapport à son travail. Personnellement, ça m'a rendue plus exigeante envers moi-même.
MB : Oui, c'est plus une globalité, à force de lire d'autres personnes, de travailler avec elles, on se rend compte de ses propres faiblesses. Ça a également changé ma manière de recevoir les corrections, par exemple la gestion des remarques un peu intrusives.
TG : Ça aide également à corriger ses propres textes : avant de soumettre, tu sais déjà ce qu'on va te demander de corriger.


Maintenant que nous en savons un peu plus sur vos postes et vos parcours, je propose de revenir sur la collection dont vous avez la charge. Pour commencer, pourquoi avoir choisi de faire d'E-courts une collection entièrement numérique ?

Principalement pour des raisons financières. Une nouvelle coûterait trop cher à imprimer puis à diffuser : le prix serait trop élevé pour que les gens achètent. De plus, le numérique se prête volontiers au format court, pour lire un texte le temps d'un trajet en bus, par exemple...


Globalement, d'où viennent les œuvres publiées : d'appels à textes, de soumissions ouvertes, de démarchage d'un auteur apprécié ?

De soumissions uniquement.


D'ailleurs, pouvez-vous nous parler un peu du processus de sélection des œuvres publiées ? Quels sont les critères que vous utilisez pour trancher ?

Le respect de la ligne éditoriale ! Un enthousiasme unanime du comité de lecture est un atout majeur, ainsi que la qualité du style et l'originalité de l'histoire. Les nouvelles sont publiées à l'unité, donc il faut qu'elles offrent vraiment un quelque chose de particulier, des idées, un rythme...


Maintenant, nous avons un peu de contexte, nous allons pouvoir passer aux choses intéressantes et parler chiffres et statistiques. Combien d'œuvres compte actuellement la collection E-courts ?

Alors... 13 nouvelles, 1 novella et 1 série.


Pour combien de textes reçus en soumission ?

Depuis septembre 2014, 102, donc près de 200 depuis la création de la collection.


Au niveau des ventes, que pouvez-vous nous dire sur la collection E-courts ? Est-elle rentable ?

Non, pas vraiment. Elle dégage bien quelques bénéfices, mais négligeables comparés à l'investissement nécessaire. C'est un problème récurrent des nouvelles : ce n'est pas rentable.

Couverture de "La Brigade des loups, T1" de Lilian Peschet


Y a-t-il des nouvelles qui se vendent mieux que les autres ?

La série La Brigade des Loups de Lilian Peschet se vend très bien. Chrysalide (Ivan Kwiatkowski) se vend bien également, avec une vingtaine de ventes, et Caver Den (Xavier Portebois) a réalisé un bon démarrage avec une quinzaine de ventes en un mois. Globalement, les nouvelles qui ont été soumises à des offres promotionnelles (réduction ou gratuité) s'écoulent également mieux que les autres, jusqu'à 80 exemplaires.


Bien, je crois avoir épuisé mes questions. Merci pour votre disponibilité, Manon et Tesha, et je vous laisse le mot de la fin : avez-vous un dernier message à faire passer aux lecteurs, aux aspirants auteurs qui seraient intéressés par rejoindre le catalogue d'E-courts, ou encore aux aliens ?

MB : Faites vivre les collections dans lesquelles vous voulez être publiés !
TG : Je conseille aux lecteurs de nous lire pour nous découvrir, aux auteurs de nous lire pour bien cerner notre ligne éditoriale, et aux aliens de nous lire pour se faire une fausse idée de notre civilisation.


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