mercredi 29 septembre 2010

A l'assaut du Tea Corner !


Comment réunir une trentaine de grenouilles dans un salon de thé en plein mois de septembre ? En les appâtant avec des livres bien sûr ! Des livres dans un salon de thé ? Oui, et plutôt deux fois qu’une !

Ce samedi 25 septembre 2010, le Tea Corner nous accueillait de nouveau, à l’initiative de Bénédicte Taffin cette fois, pour la sortie de son roman « Les yeux d’Opale». S'était jointe à elle pour notre plus grand bonheur, Silène et « La saveur des figues » qui nous avait fait découvrir son livre d’anticipation au mois de mai et dont c’était l’anniversaire ce jour-là.

Vous le savez maintenant, une rencontre CoCyclics est toujours un moment merveilleux : à peine la porte entrouverte, on est happé par des mains amicales et des embrassades joyeuses. Pas le temps de se poser de questions, en quelques phrases, nous voilà déjà au cœur d’un débat sur la caractérisation des personnages, l’ironie dramatique ou les deus ex machina.
Les apartés permettent aux auteurs et bêta-lecteurs de se donner des nouvelles « de visu » sur leurs avancées, leurs difficultés, leurs attentes et leurs victoires. Des textes annotés et colorés circulent de main en main, des cadeaux sont distribués, des sacs s’ouvrent sur des livres rendus ou prêtés, tout ça dans une ambiance digne d’une fête de famille.

Et bien sûr, personne ne reste en place. C’est fascinant d’observer le ballet des grenouilles perpétuellement en mouvement, s’échangeant leurs chaises au gré des discussions. Debout, dehors, au milieu des tables, sur un bord de fauteuil, chaque recoin est pris d’assaut. Chapeau bas aux serveuses du Tea corner pour leur sérénité à toute épreuve face au jeu de chaises musicales qui les obligeait à retrouver les destinataires de leurs commandes dans cette foule mouvante.

L’arrivée de Christophe Lambert et celle de Paul Beorn ont pimenté le goûter des grenouilles. Surtout pour celle qui s’est vue dédicacer « La pucelle de diable-vert » avec du Nutella !

Après le discours ému de deux permanentes du collectif qui ont témoigné de leur émerveillement devant l’incroyable fonctionnement de CoCyclics et son succès grandissant, une petite troupe s’est dirigée vers un restaurant tandis que les autres rentraient le ventre plein et le sourire aux lèvres.

Merci à Bénédicte de nous avoir donné l’occasion de nous revoir et bravo à elle et Silène d’avoir eu assez d’inspiration pour dédicacer un exemplaire de leur roman à chaque grenouille présente !

Au fait, c’est quand qu’on se revoit ?

Garulfo

PS : plongez-vous dans l'ambiance de cette journée en découvrant l'album des grenouilles !



vendredi 24 septembre 2010

Au bonheur de la science-fiction : ActuSF partenaire de Cocyclics !

Il y a presque deux mois maintenant se tenait à Grenoble la 37ème Convention de Science-Fiction à Grenoble. Une grenouille reporter, auteur de son état, Cécile Duquenne, nous en avait d'ailleurs fait un sympathique compte-rendu.
Mais si elle a rapporté de l'évènement photos et souvenirs, elle y a aussi laissé une carte de visite dans la main d'un éditeur.
Et c'est ainsi qu'aujourd'hui la maison d'édition d'ActuSF, Les 3 Souhaits, devient partenaire de CoCyclics.

Voici le mot que Jérôme Vincent nous adresse :

Voici une initiative qui a le mérite d'être originale et intéressante. Originale parce qu'elle offre un vrai plus aux auteurs pour progresser dans leur travail. Intéressante parce qu'elle propose aux éditeurs un vrai service, noyés que nous sommes sous les manuscrits. C'est pertinent et sans aucun doute enrichissant pour tous les participants de cette aventure, qu'ils soient auteurs, éditeurs ou membres de CoCyclics. Bravo !


Merci à lui, merci à ActuSF et merci aux 3 Souhaits pour l'intérêt qu'ils portent aux auteurs estampillés CoCyclics !


dimanche 19 septembre 2010

Rentrée littéraire des petits éditeurs






Voici un des salons les plus intimistes et les plus agréables de la région parisienne, organisé cette année par les Éditions Malpertuis. Jugez donc : sous les arbres majestueux du parc des Buttes Chaumont (desquels tombent des araignées monstrueuses, mais ceci est une autre histoire), dans la tiédeur de l’été finissant, les petits éditeurs de la sphère de l’imaginaire se sont réunis ce samedi 11 septembre afin de présenter leurs nouveautés. Pas facile de disposer ses ouvrages sur deux étroites tables rondes, façon bistrot parisien, mais tous l’ont fait avec le sourire.





Un des grands points forts de ce minuscule salon est la disponibilité des auteurs, illustrateurs et éditeurs. Dans une ambiance détendue, on abordait des sujets aussi divers que les œuvres de jeunesse, la fin du monde, les jeux de rôles, l’éducation des enfants, la vie parisienne (dans ce siècle et dans d’autres), les échanges de bons services, et bien d’autres encore. Évidemment, on bénéficiait aussi des meilleurs conseils pour délester son portefeuille de quelques billets en échange de livres prometteurs. D’ailleurs, les lecteurs les plus impatients pouvaient s’allonger dans des transats pour bouquiner leurs nouvelles acquisitions.







Éditeurs classiques (dont bon nombre de partenaires CoCyclics) et éditeurs de fanzines et revues se côtoyaient donc dans la bonne humeur, mais le collectif CoCyclics s’est également déplacé en force. Comme à chaque salon, Nessae de Transition a installé sur sa table un nénuphar qu’une bonne dizaine de grenouilles ont signé au fil de l’après-midi. Elles ont discuté, beaucoup (la grenouille est bavarde). Elles ont augmenté la taille de leur Pile À Lire (la grenouille est dépensière). Elles ont bu, un peu (la grenouille aime le nénuphou). Elles ont obtenu des dédicaces, encore (la grenouille adore l'encre fraîche).Au bilan de la journée : quelques nouveautés tentantes, des projets à foison, de la bonne humeur, des rencontres et beaucoup de beaux livres.



Les éditeurs croisés dans l'allée : Actu SF, Ad Astra, Argemmios, Le Carnoplaste, Catharsis ("Borderline"), CDS, Celephaïs ("Black Mamba", "Héros"), Club Présence d'Esprit, Griffe d'Encre, Lokomodo, La Madolière, Malpertuis, Mille Saisons, Parchemins & Traverses, Transition.

mercredi 15 septembre 2010

Cécile Duquenne à la convention SF et F de Grenoble

La 37e convention de SF organisée par les Rev’ailleurs a eu lieu du 26 au 29 août à Grenoble, conjointement à la première convention de Fantasy organisée par Elbakin.net. En tant que jeune auteur publiée, je faisais d’une pierre trois coups, car c’était également ma première séance de dédicaces ! Avant de partir, j’avais préparé mes antisèches, mais aussi mes cartes CoCyclics, vous pensez bien.

Vendredi 27, j’arrive sur le campus étudiant de Grenoble : une grande plaine, une chaîne montagneuse tout autour, des bâtiments modernes… La convention est dans un petit bâtiment carré, avec des baies vitrées. En entrant, je suis tout de suite accueillie par Gilles Goulet, membre de l’équipe d’organisation, qui me tutoie d’emblée et me parle comme à une amie. Le ton est donné !

Je suis censée retrouver vers midi Corinne Guitteaud, l’éditrice en chef des éditions Voy’[el], mais elle n’arrivera que plus tard à cause de la grande migration de fin de vacances sur les autoroutes de France. Je me sens minuscule et anonyme au milieu de la petite foule réunie ici : je reconnais quelques visages - Charlotte Bousquet, connue via forums mais que je n’ose pas aborder au début, Fabien Clavel, Alain Damasio, Alain le Bussy, Don Lorenjy… et c’est tout. Je me doute que les autres méritent tout autant d’être reconnus, cependant, maxi mea culpa, je n’en connais pas un seul ! Quand Corinne arrive, tout s’éclaire : elle me présente et le courant passe immédiatement. Il suffisait que j’ose adresser la parole à ce beau monde. Je ne me sens pas du tout exclue - que ce soit à cause de mon jeune âge, de mon peu d’expérience en écriture, ou bien de mon inculture crasse en SF (eh oui) Au contraire, je me sens bien, en famille, entre passionnés de tous les mondes imaginaires.

Tant et si bien que, peu après, je n’hésite pas à distribuer mes cartes CoCyclics à droite et à gauche, et on finit même par venir m’en demander. Je parle des cycles, de nos résultats côté publication, du port incertain, de l’ambiance de la mare, bref, de tout ce qui fait que CoCyclics est une utopie bien réelle. Il y en a qui vont devenir accros au nénuphou, moi j’vous l’dis ! J’en profite aussi pour aborder quelques éditeurs afin de leur parler du collectif. Ils repartiront avec ma carte, et moi la leur !

Merci à Ellen Herzfeld, du site 42, pour le portrait !


Bien que l’ambiance soit à la détente, il y a de très sérieux enjeux derrière cette convention. En effet, nous pouvons voter pour les gagnants du Prix Rosny Aîné, en romans et nouvelles. J’ai pour ma part très envie de voir gagner, respectivement dans chaque catégorie, La loi du désert de Franck Ferric, et Verre brisé de Celia Deiana, une grenouille de notre mare qui venait de sauter dans le grand bain ! Au final, Ugo Bellagamba, pour Tancrède : une uchronie, et Jérôme Noirez, pour Terre de fraye, remportent le prix.

Un autre prix d’importance va être attribué lors de cette convention : la toute première édition du Prix de Fantasy Elbakin.net ! Une première à laquelle, là aussi, une grenouille s’est invitée : Samantha Bailly, pour La langue du silence, premier tome du dyptique Au-delà de l’Oraison dans la catégorie meilleur roman francophone jeunesse. Le prix ne lui a pas été attribué, mais comme le souligne Emmanuel Chastellière d’Elbakin.net, chacun des romans en lice mérite d’être lu !

Cette remise de prix a lieu samedi en fin d’après midi, peu avant le banquet du soir, servi en intérieur, et où a lieu une vente aux enchères hilarante en plus d’être intéressante. Sont à vendre, entre autres choses, une épreuve non corrigée d’Outrage et Rébellion, des anciens fanzines épuisés, des pantoufles Star Wars taille 41 (+1, et nous étions à 42)… les gains de cette vente sont reversés aux Rev’ailleurs pour la prochaine convention.

Dimanche, c’est la journée ouverte au public. Très peu de monde, très peu de ventes, et donc peu de dédicaces d'Entrechats, mais là encore je ne regrette pas d’être venue. Les conversations continuent d’être passionnantes et les rencontres, inoubliables !

Pour les photos, je ne peux que vous conseiller d’aller sur le site d’ActuSF et celui d’Elbakin.net.

Voilà, en conclusion, j’ai passé un weekend génial, à parler de tout, de rien, de CoCyclics et d’écriture. Je tiens à remercier Corinne de m’avoir invitée à la convention, j’ai l’impression d’avoir sauté à pieds joints dans le grand bain de la SFFF, et je ne veux pas en sortir ! C’est tellement bien d’être une grenouille…

J’ai déjà hâte d’être à la prochaine fois et je suis certaine que, si, vous aussi, vous décidez d’y aller, vous verrez que CoCyclics est une mare, certes, mais qu’elle fait partie d’un énorme marécage dans lequel gros et petits poissons accueillent volontiers la petite friture !


vendredi 10 septembre 2010

A vos fleurets ! Bragelonne devient partenaire de CoCyclics.

C'est dans un petit restaurant de l'île Saint-Louis, au milieu d'un décor chargé de livres, que l'évènement a eu lieu. Quoi de plus normal, nous direz-vous, quand il s’agit d’une rencontre entre le directeur éditorial de Bragelonne, Stéphane Marsan, et trois grenouilles audacieuses de CoCyclics, Syven, Paul Beorn et Silvie Philippart de Foy, alias Garulfo. Il faisait beau en cette fin du mois d’août et nous aurions pu choisir la terrasse. Au lieu de cela, c’est dans un coin, au fond du restaurant, que nous avons préféré nous installer. Les fauteuils de cuir étaient confortables et les étagères pleines de romans nous semblaient parfaitement adaptées à la discussion.

Quatre heures, quelques rires et mises au point plus tard, nous nous sommes quittés sur un accord de partenariat : Bragelonne fait désormais partie des maisons qui portent une attention toute particulière aux romans estampillés CoCyclics. Cette porte ouverte est un magnifique défi pour les auteurs de notre collectif !

Ce fut une rencontre chaleureuse et agréable. Nous tenons à remercier Stéphane Marsan pour sa franchise et ses mises en garde, pour le temps qu'il nous a accordé et l’écoute attentive dont il a fait preuve.

Pour clôturer cet article, nous vous laissons découvrir le mot des éditions Bragelonne :

Lorsque nous avons finalement, la mort dans l'âme, annoncé sur notre site Internet que nous n'acceptions plus de manuscrits, nous en recevions alors en moyenne 4 par jour. Pas loin de 1500 par an. Il était à ce stade totalement impossible de les ranger, de les classer, de les lire et de répondre à leurs auteurs dans des délais acceptables. L'accueil et le traitement des manuscrits entraient en contradiction avec le simple fonctionnement d'une petite maison d'édition indépendante devenue en quelques années le premier éditeur d'imaginaire francophone.

Or c'est aussi le moment où nous avions enfin les moyens de soutenir de nouveaux auteurs sur notre marché ainsi qu'à l'international. Et pour Stéphane Marsan, directeur de la publication de Bragelonne, qui avait démarré sa carrière en 1995 en découvrant de nombreux écrivains français, c'était tout un pan essentiel de son métier qui disparaissait. Même si les auteurs français n'ont cessé de figurer en bonne place dans le catalogue Bragelonne, la lecture des manuscrits s'est dès lors faite très parcimonieuse.

L'activité des CoCyclics vient dans ce contexte apporter une aide précieuse et, par leur enthousiasme et leur fraîcheur, un grand encouragement. Notre industrie éditoriale ne comptant pas d'agents, dont l'une des fonctions très importantes dans la plupart des pays du monde est de sélectionner les ouvrages à proposer aux éditeurs, CoCyclics se signale comme une antichambre à la publication (même si les petites grenouilles tentent de s'en défendre...) en leur recommandant des romans dont le texte est plus propre et lisible que l'immense majorité de ce que l'on reçoit habituellement.
Cependant, le pourcentage d'ouvrages effectivement retenus est toujours extrêmement faible, même en bénéficiant de ce travail préliminaire. Alors... étonnez-nous !

jeudi 9 septembre 2010

Silène, nouvel auteur jeunesse


Nous vous annoncions dimanche dernier l'entrée de Silène en phase 2 du cycle de bêta-lecture avec Le bateau vagabond. Il s'agit de fait du second volume de La saveur des figues, sorti en avril dernier aux éditions du Jasmin.
Grenouille dynamique et d'une gentillesse exemplaire, quoique mordante, Silène offre aux jeunes (et moins jeunes) lecteurs une douce plongée dans le monde souvent âpre du roman d'anticipation ou post-apocalyptique. Écoutons ce que nous en dit l'éditeur, un pitch alléchant et prometteur :

"La Polynésie où vit Moana est désormais couverte de neige. Et le monde, en proie à un terrible refroidissement, doit être repeuplé de toute urgence. C’est pour cela que Moana devra bientôt se marier et avoir des enfants. Mais Moana a un secret, son arrière grand-mère, Mémine, qui reste cachée à la maison pour ne pas être envoyée comme tous les anciens dans une maison du souvenir. Mémine raconte à Moana sa jeunesse, et comment était le monde, avant la terrible catastrophe. C’est probablement ce secret qui donnera la force à Moana de refuser sa vie toute tracée et de partir à l’aventure..."

La lecture de La saveur des figues a déclenché depuis sa sortie une jolie vague de retours enjoués, que ce soit du côté des critiques jeunesse ou au sein de la Mare. Silène a su toucher ses lecteurs, distillant dans une anticipation à la fois plausible et fantastique des messages aussi importants que la mémoire, l'héritage et les liens inter-générationnels.
Et comme il est toujours très important de savoir ce que lit votre petit neveu ou votre jeune cousine, avant de leur offrir ce chouette roman, lisez-le, vous nous en direz des nouvelles !

Célia Deiana

En lien avec cet article, voici une petite revue de presse sur La saveur des figues :
Critique de Livralire
Critique de Contrebandes
Critique d'Histoires sans fin

Le site de l'éditeur et le site du dossier pédagogique :
Site de l'éditeur
Site pédagogique dédié à Moana

Un entretien avec Silène par la Rue du Bac :
Interview sur La Rue du Bac

lundi 6 septembre 2010

O, Y, I, les voyelles sont belles !

La maison d'édition Voy'[el] devient partenaire CoCyclics !


Le mot de Corinne Guitteaud, éditrice :

Le travail de CoCyclics offre une réelle garantie de voir arriver des soumissions de manuscrits répondant davantage aux exigences d'un éditeur : la relecture et la correction de nombre de fautes, certes, mais aussi un réel travail de fond qui reste indispensable dans l'écriture d'un roman. On dit que sans cesse, comme Pénélope, il faut se remettre à son ouvrage et c'est tout à fait vrai. L'initiative est d'autant plus intéressante qu'elle est le fait de bêta-lecteurs passionnés et le principe coopératif du site permet ainsi à tous de progresser. J'invite d'ailleurs les autres éditeurs à rendre visite au forum pour mieux se rendre compte du fonctionnement de CoCyclics.


Nous remercions chaleureusement toute l'équipe des éditions Voy'[el] pour l'intérêt qu'ils portent à nos auteurs estampillés !

vendredi 3 septembre 2010

L'histoire d'un cycle CoCyclics : Conteuse témoigne.

Mon manuscrit entre en phase IV du collectif CoCyclics.
Une phase IV ? Qu’est-ce que c’est, direz-vous. Ah, c’est une étape importante d’une sacrée aventure !

Imaginez un instant :

Vous vivez tranquille, avec le rythme classique boulot-famille-amis-dodo. Un jour, sans comprendre pourquoi, vous vous mettez devant une feuille de papier ou un écran, et vous écrivez. Peut-être commencez-vous par construire les bases d’une histoire. Ou peut-être vous laissez-vous emporter d’une ligne à l’autre, par des personnages qui prennent corps et caractères. Peu importe.
Vous écrivez. Vous persévérez. Malgré la pression du boulot, de la famille, des amis, du sommeil, qui tous demandent votre attention, vous vous obstinez. Jusqu’au mot fin.

Là, vous vivez un grand moment. Votre premier jet est terminé. Vous avez écrit UNE HISTOIRE ! Vous en êtes, quelque part, le premier surpris. Ce qui ne vous empêche pas d’être un peu fier, quand-même.
Pour la suite de l’aventure, vous ne savez pas vraiment comment faire. Vous relisez, vous faites quelques corrections. Vous vous procurez un ou deux livres sur l’écriture. Vous contemplez, perplexe, votre prose. Il faudrait savoir ce qu’elle vaut.
Vous vous renseignez. Vous écumez Internet. Vous confiez votre bébé à un ami de confiance. Il a consigne de vous dire ce qu’il en pense, en bien comme en mal. Mais ce lecteur n’est pas du « métier ». Vous vous doutez bien qu’il existe d’autres critères de lecture, plus exigeants, plus à même de faire émerger le meilleur de ce premier essai.
Vous relisez, vous corrigez, encore. Vous êtes arrivé au maximum de ce que vous pouvez faire tout seul.

Un jour, au hasard des liens du net, vous tombez sur un forum qui vous semble sérieux. Sur la base d’un niveau d’écriture minimum, et en échange d’un engagement réciproque, un collectif d’auteur propose une relecture aux auteurs débutants en science-fiction/fantasy/fantastique : vous rencontrez CoCyclics !

Vous suivez les échanges quelques semaines. Vous participez, timidement. Vous apprenez ce que signifie « bêta-lire ». Dans le respect du texte de l’autre, vous signalez ce qui vous paraît être des anomalies, sans les corriger, mais en expliquant pourquoi, selon vous, tel point de fond ou de forme ne va pas.
Au bout de quelques mois, vous vous lancez : vous proposez votre manuscrit.

Vous attendez, en croisant les doigts. Votre texte peut être refusé, s’il y a trop d’incohérences de fond, ou si la forme nécessite un important travail de reprise. Le collectif vous fournira alors une fiche de lecture qui détaillera les points bloquants. Au pire, cela vous permettra d’estimer votre niveau, au mieux, vous aurez une base de progression. Vous essayez de penser à autre chose.

Arrive la réponse. Votre manuscrit est accepté ! Un ou deux « bêta-lecteurs » se sont proposés pour regarder votre texte. Vous êtes … heureux ? Ravi ? Et, je suis désolée de le dire, tout à fait inconscient du travail qui vous attend !

La phase I du cycle CoCyclics commence. Vous recevez questions, commentaires et remarques. Ici, une incohérence, Là un défaut de caractérisation, une rupture de rythme. Mais aussi des répétitions, un surplus d’adverbes, de participes présents, ou tout autre gros défaut de fond ou de style.
Vous découvrez des termes, un métier. Vous aviez construit une boite en bois brut. C’était bien une boite, oui. Il s’agit maintenant de l’amener au niveau d’un coffret. Et sous le regard d’un menuisier, il y a un certain nombre de choses à reprendre.
Soyons clairs. Cela ne fait pas toujours plaisir. Quoi, tel point pourtant clair à vos yeux n’est pas compris ? Comment, une tournure complexe que vous aimez n’est pas appréciée ?
Il y a de la remise en cause dans l’air. Il va vous falloir entendre, comprendre.
Puis vous devez mesurer, avec toute l’objectivité dont vous êtes capable, ce que vous allez changer, corriger, adapter. Vous êtes l’auteur. Quoi qu’il se passe, c’est vous qui portez l’échec ou la réussite de votre travail. Des gens s’appliquent à vous aider. Il s’agit d’en retirer toute l’expérience possible afin de porter au mieux votre texte, votre histoire.

La phase I s’achève. Vous avez maintenant une image précise de ce qui ne va pas.
Vous pouvez arrêter là. Cela fait des mois que vous travaillez sur ce manuscrit. Il y a peut-être d’autres urgences qui vous appellent.

Mais vous êtes déterminé. Vous n’allez pas arrêter maintenant que vous savez ce qu’il faut faire, non ?
La phase II vous attend !

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Vous entrez en phase II. Vous préparez un plan de correction, ciblé sur les faiblesses signalées.
Là, c’est vous qui travaillez, reprenant point à point défauts et anomalies. Vous affinez les passages faibles. Vous ajoutez, ou supprimez des paragraphes, voire des chapitres. Vous scrutez les mots utilisés. Ah, le cauchemar des répétitions !
Autour de vous, ceux qui savent que vous écrivez s’étonnent, voire critiquent : « Quoi, tu corriges encore ? ». Difficile d’expliquer ce travail de fourmi à qui ne le pratique pas.

En parallèle, vous bêta-lisez le tapuscrit d’un autre auteur : c’est un juste échange.
Votre regard change : il est plus acéré, plus exigeant. La différence entre une boite et un coffret commence à vous apparaître.

Un jour, enfin – et c’est un « enfin » qui compte – vous arrivez au bout du travail prévu. Vous n’aviez jamais pensé que ce pourrait être si long. Vous examinez votre texte d’un œil méfiant.
Là, ne serait-il pas possible d’ajouter un peu de suspens ? Ici, une nouvelle scène allègerait peut-être l’ensemble ? Vous relisez. Quelques corrections naissent au passage.
Le texte est mieux, bien mieux, vous le voyez, c’est certain. Vous rendez grâce au travail de vos béta-lecteurs sans lesquels ce résultat n’aurait pas été possible.

Mais est-ce suffisant ? Pouvez-vous mieux faire ? Est-ce le coffret auquel vous aspirez ? Qu’en est-il des ferrures, des couleurs ? Vous sentez, sans arriver à mettre le doigt dessus, que vous pouvez encore progresser. Alors, pas d’hésitation : vous repartez pour un cycle.
Vous vous proposez pour une phase III.

La phase III ? Deux bêta-lecteurs vont regarder votre nouvelle version. Si vous avez bien travaillé, il y aura moins de faiblesses. Peut-être juste des problèmes de forme, quelques points ponctuels de fond. Davantage ? Ah. Mais vous les connaîtrez. Et vous pourrez agir.

Vous remettez votre nouvelle version dans les mains de lecteurs experts. Et vous croisez les doigts.

Les premières remarques de phase III reviennent. La phase II a bien été utile : il ne reste quasiment plus de problèmes de fond. Des détails, du ciselage, pour rendre encore meilleur le rendu de l’histoire.
Par contre, au niveau style… Aie-aie. Les défauts dont vous n’aviez pas conscience ressortent désormais, impitoyablement mis en couleur par des yeux exigeants.
De nouveau, brièvement, surgissent des étincelles de rébellion. Quoi, telle tournure est redondante ? Telle expression revient trop souvent ? Il faut bien l’admettre : c’est vrai.
Vous ne l’aviez pas vu. Vos futurs lecteurs, eux, n'auraient pu que les remarquer.
Vous soupirez. C’est reparti pour une phase de correction : la phase IV. En théorie la dernière avant l’estampillage Cocyclics, celui qui valorise vos efforts aux yeux de tous.

Et vous voilà en phase IV.
Vous pensiez que vous aviez vécu le plus dur avec les corrections de fond. Mais vous vous battiez alors seulement avec la logique, le corps de l’histoire. Là, vous devrez vous battre avec vous-même. Attaquer les défauts, affiner votre style sans le dénaturer. Trouver le juste équilibre entre le juste texte et le plaisir d’écrire.
Fichu combat.

Mais vous mesurez déjà les progrès accomplis, la connaissance acquise. Votre manuscrit n'aura jamais été aussi bon. Sans cette confrontation à des pairs, votre texte serait resté à l’état brut. Vous savez ce que vous devez à vos bêta-lecteurs, à tous ceux qui s’activent pour permettre un tel travail.

Demain, peut-être, ces nouvelles corrections terminées, vous tenterez « le grand bain », l’aventure extérieure.
D’autres corrections vous attendent, probablement. De nouveaux efforts, des déplaisirs, sans résultat garanti.
Peu importe. Une étape à la fois.

Vous écrivez. Vous croyez en une histoire. Vous avancez.

Conteuse