lundi 14 avril 2014

Les dividendes de l'Apocalypse, de Stéphane Desienne

Dans le cadre de la fin de son cycle, Stéphane Desienne a accepté de répondre à quelques questions de l’équipe, questions créées grâce au soutien des alphas et bêtas de ce cycle.

Bonjour Desienne,
Merci d’accepter de répondre à nos questions.
Pour commencer, pourrais-tu te présenter et nous parler de ta série Toxic ?

Je suis auteur de SF, établi sur les bords de la Loire, papa de 2 loulous et aussi des aliens et zombies de Toxic. La série est publiée par Walrus Books et nous venons juste de boucler la saison 1 qui comporte 6 épisodes. Dans la saison 2, de nouvelles épreuves attendent les héros humains. Il y aura toujours autant de zombies pour pimenter les situations, un élargissement du focus sur les aliens et le nébuleux collectif commercial.

Toxic a incubé sur CoCyclics, lors de mon challenge 2012, avant de contaminer les tablettes, les liseuses des lecteurs et lectrices. On doit être vers les 6 000 téléchargements à l'heure actuelle, ce qui est un sympathique succès vu le thème (il faut aimer les zombies, le pulp, les aliens, la SF...) et que je suis un auteur inconnu.
J'en profite d'ailleurs pour remercier ceux et celles qui m'encouragent sur les réseaux sociaux, sur la mare. J'apprécie ce contact direct avec les lecteurs et lectrices.

Pourrais-tu nous présenter ton nouveau roman Les Dividendes de l’Apocalypse en quelques mots ?

Les Dividendes de l'Apocalypse, c'est un coup d'État fomenté pour redonner à l'Église sa place dans l'Histoire. L'ambitieux chef de l'Inquisition décide de faire table rase du passé, et table rase n'est pas qu'une métaphore.

Pour contrer le plan du Grand Inquisiteur, le Secrétaire d'État de la Curie, Joseph Joachim Janssen, n'hésite pas à jeter son ami d'enfance dans la mêlée. Durant vingt-quatre heures, Giuseppe, qui se méfie de celui qu'il appelle J-3, devra sauver le Pape, affronter l'Apocalypse, les Gardes Suisses lancés à ses trousses... et faire équipe avec une mercenaire venue d'un monde extérieur, une infidèle nommée Eryn.

L'action demeure au cœur de l'histoire et alterne entre le point de vue J3 dans les hautes sphères du pouvoir et celui de Giuseppe en fuite avec le Pape.
J'avais imaginé ce récit pour un appel à texte sur l'apocalypse. J'ai rapidement débordé en terme de volume pour me retrouver avec une novella puis, après le cycle, avec un roman.

Ce n'est pas le premier texte où tu abordes des idées de religion en SF. Est-ce un sujet important pour toi ? Pourquoi ?

Ce troisième texte constitue une nouvelle incursion sur ce terrain. J'ai déjà abordé la religion dans Hérésie Minérale, dans la twitter fiction 3000 pieds également.
Le "fait religieux", la croyance, les rites, l'existence d'un ou des dieux et ses volets métaphysiques, philosophiques abondent en Science-Fiction. Curieusement, la religion au sens applicatif (comme peuvent l'être le catholicisme, l'islam, la religion juive, etc.) reste un peu à l'écart. Le futur de l'Église catholique a été relativement peu traité (à part dans Hyperion et Endymion où Dan Simmons transforme l'Église en régime totalitaire et militariste). Je pense que c'est un thème original avec du potentiel narratif.

L'église est une institution qui évolue depuis sa fondation. Elle subit les effets du modernisme, de la mondialisation, de l'évolution des mœurs, de l'exercice du droit, l'érosion de la Foi, etc. Comme toute institution, elle continuera à évoluer en même temps que la société, elle traversera d'autres crises.
La projection de l'Église dans le futur recèle, à mon avis, pas mal d'histoires intéressantes.

J'ai d'ailleurs posé les éléments principaux d'un projet SF qui lui sera entièrement consacrée. Je ne révèle rien du synopsis pour le moment, je peux juste vous dire que l'on va beaucoup s'amuser (et réfléchir un peu aussi).

Pour imaginer le Nouveau Vatican du futur, as-tu écrit une chronologie des événements entre 2014 et le temps du récit ? Si oui, avec quelle précision ?


Le temps du récit se situant à plusieurs siècles de 2014, je n'ai pas défini de chronologie particulière. À la base, je souhaitais réduire le background de manière a laisser la pleine place à l'action. J'ai posé quelques évènements comme l'atomisation de l'ancien Vatican, l'exil sur une planète à l'écart du mercantilisme spatial qui caractérise l'Espace Humain. Je n'avais pas besoin de plus de matériaux pour lancer la course poursuite.

Lors de la phase 1, tes alphas t'ont proposé des bêtas de certains passages ciblés. Est-ce que ça t'a permis de clarifier certaines remarques difficiles à comprendre ? Est-ce que tu le recommanderais pour les futurs cycles ?
Ça m'a beaucoup aidé à mettre le doigt sur des soucis comme le problème des orateurs en train de parler, la surutilisation de "il", la construction de phrases très répétitives, la gestion des informations, le souci de l'empathie pour les personnages...
J'ai demandé à mes alphas s'ils pouvaient m'indiquer les passages incriminés où la concentration de défauts était flagrante. C'est à partir de là que l'idée d'une bêta-lecture d'un passage ou deux s'est imposée. L'idée c'est de sélectionner un ou deux extraits représentatifs, et guidé par les alphas, de définir les problèmes récurrents, ceux qu'on retrouve ailleurs.

L'avantage, c'est de déceler ses défauts plus rapidement et de s'appuyer sur les exemples représentatifs de ses propres "bêtises".
L'inconvénient c'est qu'on aborde déjà un travail de phase 3 et que les détails peuvent détourner l'attention des soucis de fond sur l'articulation de l'histoire.

Au départ de ta bêta-lecture, tu étais très réticent à modifier la taille de ta novella pour la transformer en roman. Regrettes-tu d’avoir fait ce changement de format ? Comment cela s’est-il passé pour toi ?

J'ai mis du temps à réaliser que c'était nécessaire.
J'avais une obsession : l'unité de temps et de lieu. Pour moi, l'histoire se déroulait sur 24 heures, sur Nouveau-Vatican, comme dans la fameuse série 24 ou Jack Bauer avait 24 h pour sauver le président. Ici, Giuseppe a 24 h pour sauver le Pape, le jour de l'Apocalypse (pour faire court). Le parti pris justifiait une mise à l'eau rapide du lecteur, tout de suite trempé dans une action rapide où les évènements et les courses poursuites s'enchainent.

Les bêtas m'ont fait remarquer que la complexité du background (l'Église installée sur un autre monde, le fonctionnement de la théocratie locale, la position acquise par l'Inquisition, le rôle du Pape) conduisait immanquablement à une inflation de la taille du récit afin de rendre l'ensemble plus solide et cohérent.
Ils ont également soulevé la frustration — entre autres — engendrée par la bataille spatiale impliquant l'escadre "Papale" : "trop brève !"

Au départ, j'ai opposé un non catégorique. Les bêtas ont insisté, avec diplomatie, en indiquant des pistes où creuser, en montrant comment le développement de tel aspect amènerait plus de compréhension et d'intérêt. Ils ont fait preuve d'une exceptionnelle patience, le temps que j'absorbe tout cela.

J'ai grincé des dents au départ, parce que je m'imaginais qu'il fallait tout refaire. S’ils insistaient, c'est qu'ils voyaient des choses que je ne voyais pas. Alors, j'ai mis le texte de côté pendant un moment. Avant de revenir dessus, à froid. Et de comprendre ce qu'ils voulaient me dire.

Je ne regrette pas le changement de format, et je pense que le récit a acquis davantage de profondeur ainsi, même si j'ai dû dire au revoir à mes idées fixes.

Tu as laissé passer un long moment entre les retours de tes bêtas-lecteurs et le début de tes corrections, par contre, une fois lancé, tu as terminé très vite. Est-ce une méthode de travail habituel pour toi ?


Ça a déjà été le cas lors de mon premier cycle.
J'imagine qu'il me faut du temps pour absorber l'ensemble des informations apportées par les alphas et bêtas. Le temps d'attente est un moment où je rumine beaucoup. Il faut comprendre les remarques, les digérer, les intégrer sachant qu'elles impliquent le style, l'histoire, les personnages, le background, de nombreux détails... et que le tout se mélange dans ma tête. Cela me demande du temps quand il y a des points de blocage et des doutes.

Tout cela tourne dans mon esprit jusqu'au moment où les pièces s'alignent et qu'un cheminement apparaît : c'est à cet instant que je déroule la correction, très vite d'ailleurs parce que la clarté que je ressens à cet instant ne dure qu'un temps. Ça ressemble à une fenêtre de tir, tout m'apparaît clair comme de l'eau de roche, alors je fonce.

Merci pour ces réponses et longue vie pour « Les Dividendes de l’Apocalypse ». Et encore merci à Lieko, Scipion et Cendrefeu pour leurs suggestions de questions.

Merci également à Mandragore pour la gestion de cet article ! 

Pour plus d'infos :  

Retrouvez l'auteur sur son site : http://www.stephane-desienne.com/
Vous voulez découvrir Toxic ? Voici le lien vers les éditions Walrus : http://www.walrus-books.com/catalogue/toxic/


1 commentaire :

  1. Sympa cette interview :-)
    Je viens de finir la saison 1 de Toxic, que j'ai beaucoup appréciée, et je trouve intéressant de découvrir le point de vue de Stéphane, ses nouveaux projets et son expérience des cycles.
    Merci pour l'article !
    Jérémie

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