mardi 5 mai 2015

Le Festival des Mondes de l'Imaginaire : une première à Montrouge !

Les 11 et 12 avril 2015 a eu lieu la première édition – ou plutôt, l'édition 0.5, comme précisé par les organisateurs – du festival des mondes de l'imaginaire (FMI) à Montrouge, Paris.
Merci à Lilie qui nous livre ce retour sur le festival !

Affiche du festival FMI 2015


Ce nouvel événement littéraire remplace celui de Bagneux (Zone Franche). Intéressée par la thématique annoncée, « Jeux et Littérature », je m'y suis rendue le samedi après-midi.
Pour cette première édition, j'ai senti que l'organisation était encore quelque peu balbutiante, avec un léger manque de signalétique (j'ai visité tout le rez-de-chaussée, rempli de très belles figurines, avant de m'apercevoir que ce n'était pas le même festival...) et un salon des exposants (éditeurs et auteurs en dédicaces) plutôt réduit. Il faut dire que, de l'aveu même des organisateurs, 2015 n'est qu'une année test car ils n'ont eu que très peu de temps pour tout préparer. L'édition de l'année prochaine promet d'être plus conforme à ce que l'on avait connu avec le festival Zone Franche. En tout cas, le Beffroi de Montrouge est un lieu très prometteur, car il a l'avantage de proposer de nombreuses salles de conférences et d'expositions.

Après un tour des lieux, je rejoins des amis pour une rencontre-débat alléchante, intitulée « Livres et jeux : deux loisirs incompatibles ? ». Laurent Genefort (écrivain), Gabriel Katz (écrivain et scénariste), Patrick Mallet (auteur de bande dessinée) et Stéphane Marsan (éditeur de Bragelonne) sont sur l'estrade, modérés par David Camus. Les quatre intervenants sont tous des joueurs au sens large, rôlistes et/ou créateurs-éditeurs de jeux de rôle ou jeux vidéo.

Dès la première question (« Un bon scénario de jeu de rôle fait-il un bon roman ? »), Stéphane Marsan souligne que, selon lui, les objectifs d'un jeu de rôle et d'un roman sont opposés. Le but d'un bon jeu de rôle est de fournir un univers capable de générer une multiplicité d'histoires différentes ; au contraire, pour un bon roman, l'auteur doit trouver la meilleure intrigue, le meilleur moment dans un univers donné. L'éditeur de Bragelonne signale l'influence majeure des jeux de rôle sur l'écriture actuelle des jeunes auteurs, influence qui peut se révéler néfaste, car un roman ne doit pas devenir un livre de jeux de rôle.

Patrick Mallet élargit la discussion en abordant son expérience de scénariste, notamment sur l'adaptation de livres en bandes dessinées. Dans ses débuts professionnels, un univers déjà existant constituait pour lui une sorte de filet de sécurité, un cadre à ne pas oublier.

La question est étendue à tout type de novélisation (ndlr : adaptation sous forme de roman d'une histoire développée à l'origine dans un autre média, comme le cinéma, les séries télévisées ou les jeux vidéo).
Laurent Genefort confie qu'en matière d'écriture, son plaisir passe avant tout par la création d'univers et ce travail de novélisation ne l'attire pas. Patrick Mallet envisage cette appropriation d'univers déjà existants comme un défi à remplir par le scénariste ou l'auteur : il s'agit de savoir respecter les codes établis tout en apportant ses propres thèmes de prédilection dans l'œuvre.

Stéphane Marsan évoque ensuite le cas particulier des Crépusculaires de Mathieu Gaborit, dont le roman est devenu un jeu de rôle. Une nouvelle édition révisée et augmentée de l'œuvre a par la suite bénéficié des apports du jeu (co-écrit par Mathieu Gaborit et Stéphane Marsan). L'univers du livre s'est donc enrichi grâce au jeu.

Tout cet échange montre, à mon sens, que la fantasy et les littératures de l'imaginaire dans leur ensemble, par leur aspect fondamentalement ludique, peuvent se nourrir des jeux au même titre qu'elles peuvent en être à l'origine.

Au bout d'un quart d'heure, la rencontre-débat change de direction – pas de chance pour moi ! – et aborde en vrac la fantasy, sa place dans l'édition, le positionnement commercial, la littérature jeunesse, le ressenti en France à propos des littératures de l'imaginaire... Finalement, même hors sujet, la discussion est restée très intéressante.

À la fin de la conférence, près du petit salon des exposants, nous nous faisons rattraper par Stéphane Marsan et Gabriel Katz, toujours prêts à improviser un nouveau débat autour d'un verre de "jus d'orange" – c'est entre guillemets, parce que ça n'avait en réalité ni la couleur, ni le goût d'un jus d'orange. J'aurais parié sur un sirop de bonbons à la banane, pour ma part.
J'effectue un dernier tour afin de saluer des têtes connues présentes ce jour-là (notamment Estelle Faye, qui me confiera un précieux conseil pour les pitchs ; Barbara Cordier, pour les éditions Luciférines), avant de quitter le Beffroi.

Le ciel de Paris est maussade, mais l'après-midi a été riche et instructive. Avec un peu plus de temps, nul doute que le FMI succédera avec brio à Zone Franche. Rendez-vous en 2016 pour la prochaine édition !


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1 commentaire :

  1. Très intéressant, ce reportage, merci beaucoup ! Et je suis curieuse : c'est quoi le précieux conseil pour les pitchs ? *yeux suppliants du chat potté*

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