Une nouvelle rubrique pour Tintama(r)re, encore une ! Aujourd'hui, nous inaugurons la rubrique « Revues et zines francophones », qui s'intéressera aux revues, magazines, webzines, fanzines francophones de SFFF.
Nous commençons par la revue Galaxies (http://www.galaxies-sf.com/), au sujet de laquelle Guillaume Parodi a interviewé Pierre Gévart. Un grand merci à tous les deux !
Qu'est-ce que Galaxies ? Tirant son nom d'une revue homonyme fondée en 1953, Galaxies a été créée en 1996 par Stéphanie Nicot, l'actuelle directrice artistique des Imaginales d'Épinal. Chaque numéro est consacré à un auteur ou à un thème particulier et a pour originalité de présenter des textes et des auteurs du monde entier. C'est ainsi que certains numéros se sont intéressés à la science-fiction russe, nordique, italienne ou encore d'Amérique latine.
Depuis sa reprise en 2007 par Pierre Gévart, à qui l'on doit l'organisation de plusieurs conventions nationales de science-fiction en France mais aussi la création du fanzine Géante Rouge en 2006, Galaxies a absorbé en 2012 une autre revue, Lunatiques. Cette fusion a permis aux deux magazines de multiplier le nombre de publications à l'année de Galaxies mais aussi de diversifier les textes et les études proposées.
Tintama(r)re : Combien de membres compte l'équipe de Galaxies au total ?
Pierre Gévart : Difficile de répondre, car c'est variable. Il y a un rédacteur en chef et deux rédacteurs en chef délégués, une secrétaire, un webmestre et un concepteur e-books, une relectrice correctrice, un maquettiste de couverture, six ou sept responsables de rubriques récurrentes, cinq ou six responsables internationaux, six ou sept membres du conseil éditorial, et des intermittents. En tout, de douze à vingt personnes… Mais nous travaillons uniquement par mail. En 8 ans, il n'y a jamais eu de comité de rédaction physique. De plus, dans la mesure où il m'arrive de demander leur avis aux amis de la page Facebook, on pourrait porter à 750 !
Galaxies ne compte que trois hors-séries depuis la reprise. Ces numéros sont-ils envisagés selon les coups de cœur ou une fréquence de parution précise ?
Les trois hors-série, un par année, correspondent à la période « trimestrielle » de Galaxies. Le premier était anecdotique : comme dans la série précédente, celle de Stéphanie Nicot, il n'y avait pas eu de N°41, j'ai eu l'idée d'un appel à textes et à illustrations sur le thème « 41 ». Nous en avons reçu 81, dont 41 ont été publiés sous forme de numéro hors-série, avec un habillage s'intégrant à la série de Nicot (qui en a écrit la préface). Puis, nous avons conservé le rythme, et proposé un abonnement à 5 numéros dont le hors-série. La quatrième année, nous avions préparé un hors-série Réchauffement, puis nous avons intégré Lunatique, et sommes passés à un rythme bimestriel… Toutefois, il est probable que nous ressortirons des hors-série au coup par coup. Il y a des projets presque aboutis, mais nous gardons encore le secret !
Galaxies est-elle distribuée uniquement en France métropolitaine ou aussi dans les départements et territoires d'outre-mer ? Avez-vous connaissance d'un lectorat francophone non français ?
Galaxies arrive dans des boites à lettres du monde entier, même non francophones. Parmi les francophones, la Belgique arrive en tête, puis la Suisse et le Québec, mais nous avons des lecteurs en Chine, au Japon, en Russie, aux États-Unis, etc. Vingt-sept pays, je crois…
Galaxies est renommée pour présenter des écrivains et des textes du monde entier. Y a-t-il des écrivains que vous aimeriez traduire/publier en particulier ?
Beaucoup ! En particulier, nous avions commencé un travail avec des écrivains arabes avant les évènements politiques divers et parfois terribles. Nous avions commencé la traduction d'une nouvelle d'un écrivain syrien. J'aimerais aussi donner un dossier sur la SF africaine. Nous avons commencé un travail avec Moussa Ould Ebnou, un écrivain mauritanien, mais nous cherchons à structurer cela. Et bien entendu, il y a un tas d'auteurs chinois, indiens, etc. que nous avons envie de faire connaître !
Depuis quand Galaxies propose-t-elle une offre numérique ? Quels avantages ou désavantages y trouvez-vous ? À combien estimez-vous les ventes de Galaxies en version numérique ?
Actuellement, après trois années, 10 à 15 % de nos ventes se font en numérique. Les avantages sont nombreux, et pas seulement sur le plan financier (pas d'imprimeur ni de frais de timbres, vente directe sur notre site, etc.). Le numérique nous permet de travailler la couleur, de donner des bonus (articles ou nouvelles en plus), et de commencer à envisager un nouveau rapport au livre, même si c'est encore au stade de la réflexion. Nous avons envie de devenir un laboratoire du livre numérique !
Est-ce que la revue demeure encore dépendante de la publication papier ou envisagez-vous le tout numérique comme le font certains grands périodiques tels que Le Monde ?
En effet, je dois dire que j'avais un peu pris mes distances avec le Monde-papier, encombrant, bruyant, etc. Depuis que je suis abonné en numérique, j'ai recommencé à le lire tous les jours ! C'est tellement facile et agréable … Mais Le Monde n'abandonne pas son édition papier. Nous non plus !
Dans le n°18 vous avez publié les résultats d'un concours mené par le Ministère de la Défense. Pouvez-vous nous parler de la création de ce partenariat entre votre revue et le gouvernement ?
Facilement : tout est venu d'un groupe de réflexion prospective sur « la menace future » que le ministère avait organisé en y intégrant des auteurs de science-fiction. J'ai fait partie de ce groupe ès qualité Galaxies et pas du tout à cause de mon activité de haut-fonctionnaire. Nous avons eu l'idée de proposer un concours pour recueillir le plus d'idées possible. Les textes sélectionnés par le jury ont été publiés. Bien entendu, les choses étaient clairement affichées pour ceux qui participaient !
Qu'est venu récompenser le Prix de l'Eurocon de 2012 de Zagreb ?
Ce serait au jury de répondre. Simplement, parmi la vingtaine de revues concurrentes cette année-là, ils ont dû trouver que nous faisions plutôt du bon boulot ! Et nous n'avons pas eu à protester !
Vous recevez un texte de la part d'un auteur. Quel sera le cheminement du texte au sein de votre équipe ?
Si c'est un texte sollicité, il sera en principe publié. Le texte reçu, je le lis. Cela dépend de ma disponibilité. Le record de durée est de neuf ans (texte reçu par Stéphanie Nicot en 2001, transmis par elle en 2007 et publié en 2010), de brièveté de vingt minutes (texte reçu par courrier, lu aussitôt et suivi d'un mail d'acceptation). Quand j'ai un doute, je transmets à Patrice [Lajoye, NDLR], qui m'envoie aussi certains textes soumis pour Géante Rouge. D'autres avis peuvent venir… Pour les textes en langue française, le rédacteur en chef (ou le rédacteur en chef délégué) est maître après Dieu. Pour les domaines linguistiques, ce sont les responsables par zone. Pour l'anglais, c'est fifty-fifty. Mais je m'efforce de plus en plus de rediriger tous les textes francophones vers le concours Alain le Bussy, qui a vocation pour nous à devenir notre pépinière de nouveaux auteurs.
Percevez-vous un effet de mode dans les textes reçus ? Avez-vous vu au fil des années une évolution particulière quant aux genres et/ou sous genres des textes proposés ?
Bien sûr. Cela se voit particulièrement à travers les concours. En ce moment, on parle beaucoup d'intelligence artificielle, et, en lien, d'abolition des frontières de la mort. L'environnement reste présent, mais en recul. Le space opera se fait très rare.
Qu'est-ce qui a motivé la fusion de la revue avec Lunatique ?
Lunatique avait été reprise par un éditeur avec lequel j'avais partie liée, mais qui, pour diverses raisons, n'a pas pu conserver à la revue un rythme de parution compatible avec le maintien d'un lectorat stable. Les deux rédacteurs en chef, J.-P. Fontana et J.-P. Andrevon, avaient un numéro tout prêt et attendaient depuis près d'une année de le voir paraître. Ils m'ont demandé si le dossier m'intéressait. J'ai préféré proposer à l'éditeur une semi-fusion, en devenant bimestriel, et en réservant deux numéros par an à son équipe, avec partage des risques. Au bout de deux ans, le titre Lunatique, qui appartient à son éditeur, s'est retiré, mais l'équipe est restée, nous faisons ensemble de l'excellent travail (c'est-à-dire que nous nous amusons bien) sous le titre Galaxies/Mercury, désormais.
À propos de Géante Rouge... Comment vous est venue l'idée de créer ce fanzine ? Quel en était le but originel ?
En 2004, j'ai été choisi pour organiser la Convention nationale française de Science-Fiction 2006 à Bellaing. Il m'a semblé nécessaire de préparer l'événement avec deux concours : un concours de nouvelles, « Clavène », la création du Prix Pépin (des micro-textes de 300 signes), et en créant un fanzine « à l'ancienne » qui devait durer 4 numéros, le dernier paraissant à l'occasion de la convention. Mais Géante Rouge a rencontré un vrai succès, et tout le monde m'a demandé de continuer. C'est ce qui a amené Stéphanie Nicot à me proposer de reprendre le titre Galaxies. Du coup, je n'avais plus le temps de travailler à Géante rouge, qui a connu depuis deux rédacteurs en chef : fredgev, puis, aujourd'hui, Patrice Lajoye.
lundi 18 mai 2015
Galaxies : interview de Pierre Gévart
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