GabrielleTrompeLaMort, c'est un pseudo hors du commun, bien connu sur le forum de CoCyclics. Derrière lui se cache une auteure de l'Imaginaire talentueuse, Cécile Duquenne, au second tour du prix Merlin 2010 pour sa nouvelle Les deux orfèvres, et dont le premier roman, Entrechats, est paru il y a peu aux Editions Voye'l.
Tout le monde ne le sait pas, mais Cécile Duquenne a participé à la fondation de CoCyclics et a endossé le super costume de permanente du forum de 2006 à 2008. Si elle a laissé tombé la cape, elle n'en est pas moins restée un pilier du collectif en bêta-lisant, outre des nouvelles, deux romans : Au crépuscule, de Khellendros, et Contre-Mesures, de Desienne.
Aujourd'hui, elle travaille d'arrache-pied sur sa novella Quadruple assassinat dans la rue de la Morgue, qui se trouve en phase III (ce qui, en langage CoCyclics, signifie que le texte a déjà été revu et corrigé une fois, et placés dans les mains de nouveaux bêta-lecteurs.)
Le collectif CoCyclics applaudit à toutes palmes la réussite de Cécile Duquenne, et nos bêta-lecteurs ont voulu profiter de l'occasion pour lui poser quelques questions.
- Quelles ont été tes inspirations pour Entrechats ?
Elles sont surprenantes, je dois l’avouer. En 2005, lorsque je me suis lancée dans l’écriture du premier jet, j’étais occupée à regarder l’intégrale de la série d’espionnage Alias, de J. J. Abrams. L’un de mes personnages, Lloonas, est directement inspiré de Mr. Sark, l’un des grands méchants de la série. Comme quoi, la midinetterie peut mener à tout. ;) Voilà qui vous informe pour le côté polar du roman.
En ce qui concerne le côté égyptien, mythologique, la Potterfiction Les portes de l’auteur Alohomoraa, assez connue sur fanfiction.net, a été déterminante. En fait, à l’époque, j’ai lu son tout dernier chapitre paru, lequel contenait des sphinx.
L’idée de mélanger mythologie égyptienne et polar est alors née. Un mélange improbable, mais visiblement efficace, d’après les retours que j’ai eu jusqu’à présent !
- Je suppose qu'un travail de recherche et de documentation a été nécessaire. Comment et sur quoi as-tu mené ces recherches ?
Oui, car contrairement à ce que certains lecteurs peuvent croire, je ne suis pas une Égyptologue ! Lors de l’écriture, chaque fois que j’abordais directement des mythes égyptiens connus ou non, j’ai dû faire des recherches. J’ai parfois passé des heures sur internet, ou dans les livres que j’avais à disposition chez moi, afin de ne dire aucune bêtise dans mon roman. Le plus souvent, ces heures de recherche servaient à confirmer ou infirmer un détail tout bête, mais qui permettrait de crédibiliser mon univers.
J’ai principalement utilisé internet, il y a des sites très complets sur l'Égypte. En cas de doute, je croisais mes sources. Le plus souvent, cette simple vérification permettait d’exclure les affabulations ou approximations. Sur internet, il est essentiel d’effectuer ce travail de tri, car l’auteur de la page peut s’avérer être un spécialiste, aussi bien qu’un amateur. On ne sait jamais ; il faut donc vérifier la viabilité de ses sources.
- Y aura-t-il une suite ?
Ce n’est pas à l’ordre du jour. Après avoir travaillé cinq ans sur ce roman, j’ai besoin en tant qu’auteur d’explorer d’autres contrées, d’autres ambiances. Néanmoins, l’univers d’Entrechats est vaste, plein de possibilités, alors ce n’est pas à exclure… d’ici quelques années, du moins.
- Écriras-tu d'autres histoires ayant pour cadre l'Égypte (parallèle ou réelle) ?
Oui, très certainement car j’adore ce pays, et le contexte mythologique qui va avec. Je pense à des nouvelles uniquement, pour l’instant, car sinon j’aurais l’impression de repartir dans l’écriture d’un Entrechats bis. J’ai besoin de me détacher des Plaines désertiques, de me renouveler avant d’y replonger.
- Comment s'est passé la rencontre avec ton éditeur et le travail éditorial ?
La rencontre a eu lieu par mail ! Lors de ma prospection d’éditeurs, où je vérifiai les lignes éditoriales, celle des éditions Voy’[el] m’a paru parfaitement convenir. J’ai donc envoyé le manuscrit par voie électronique, selon les règles de leur guide de soumission.
Par la suite, Corinne Guitteaud, l’éditrice en chef, m’a contactée par mail pour m’annoncer la bonne nouvelle ! Elle m’a montré le contrat type, a accepté d’y apporter quelques modifications (pour les déplacements en salon, par exemple), puis m’a envoyé très rapidement le contrat via La Poste. Je l’ai renvoyé dans la semaine qui a suivi, et elle m’a alors présentée à sa correctrice, Isabelle Wenta, laquelle avait déjà lu le manuscrit. J’ai reçu une version papier d’Entrechats, commenté et annoté, ainsi que des instructions de correction : la date du rendu de copie et des épreuves, d’une part, et les ajustements à effectuer sur le début (Entrechats contient énormément de personnages, il fallait faire davantage ressortir Khephren, ce que j’ai fait).
Tout a été très rapide. J’ai envoyé le roman en juillet 2009, et en mai 2010, après quelques retards d’impression à cause du fameux volcan qui empêchait les livraisons, le roman était en vente.
En tant que jeune auteur, les premiers échanges de mail sont éprouvants, on pèse chaque mot de peur de voir s’échapper notre chance. Corinne a été très à l’écoute avec moi, très rassurante aussi. Elle a aussi montré une motivation qui m’a fait très plaisir : elle a cru avec moi en ce roman, à fond, et elle a elle-même proposé de faire une édition collector avec des préventes. Être édité, c’est déjà formidable en soi. Bien s’entendre avec son éditeur, c’est la cerise sur le gâteau ! Je sais que tout le monde n’a pas cette chance. Heureusement, dans la petite édition, ça se passe bien le plus souvent.
- En tant qu'auteur, qu'attends-tu des discussions avec tes lecteurs ?
C’est une question très délicate, car je ne sais vraiment pas quoi répondre. Je sais ce que j’attends d’un bêta-lecteur : qu’il remette mon texte en question afin que je l’améliore. Et, en fait, j’ai cette même impression avec les lecteurs, même si je sais que ce n’est pas leur rôle. Leur rôle, c’est de lire, pas de me dire ce qu’ils en ont pensé. D’ailleurs, je suis assez mal à l’aise lorsque je discute d’Entrechats, car j’ai l’impression de leur extorquer leurs impressions de lecture, même lorsque c’est eux qui parlent de leur plein gré [rires] !! Néanmoins, cela me rend toujours très heureuse de voir qu’un lecteur a pris le temps de lire mon roman. C’est un délicieux frisson, lorsque quelqu’un me dit « j’ai fini ton roman… ». Les quelques secondes entre cette révélation et son avis sont comme une chute libre : on ne sait jamais d’avance si le parachute va marcher. ^^
- Tu remercies tes bêta-lecteurs à la fin d’Entrechats, et dis que pas moins de sept versions ont été nécessaires à l’aboutissement du roman. Qu’est-ce qui te poussait à continuer ce même roman toutes ces années ? Comment appréhendais-tu les multiples corrections, voire réécritures ?
Deux choses m’ont poussée à continuer : d’une, les encouragements des gens cités dans les remerciements. Ils croyaient et croient encore en moi. Ça pousse à se dépasser. C’est dans ces moments-là qu’on se promet à soi-même de ne pas abandonner pour ne pas les décevoir. Ça donne envie de mériter leur confiance, de tout faire pour continuer d’en être digne. De deux, je suis une mule. Pas juste une tête de mule : une mule. J’avais décidé de tout tenter pour aller au bout de ce roman, en tirer le meilleur à mon modeste niveau, et je m’y suis tenue.
- Pourquoi, à l’époque, n’as-tu pas proposé Entrechats aux regards et aux bêta-lectures du collectif CoCyclics, dans lequel tu étais pourtant très impliquée ?
Eh bien, en 2005, CoCyclics n’existait pas. ;) Le collectif a vu le jour en 2006 et, après les premiers retours des éditeurs, je savais qu’Entrechats n’avait pas besoin d’une correction, mais d’une réécriture. Mon roman a trouvé son premier éditeur en 2008, à la version n°3. La correction éditoriale a duré presque un an et demi, c’est là que les versions se sont enchaînées. J’ai pour ainsi dire suivi un cycle CoCyclics via le parcours éditorial. Lorsque ce précédent éditeur, l’Olibrius Céleste, a fermé ses portes juste avant la parution de mon roman début 2009, j’en avais bien trop marre des corrections pour soumettre Entrechats à CoCyclics. De plus, il y a un moment où l’on doit s’arrêter de corriger. J’ai renvoyé le roman tel quel à d’autres éditeurs, à vrai dire. C’est alors que les éditions Voy’[el] ont accueilli Entrechats au sein de leur catalogue. Les corrections ont été mineures. Comme je le disais plus haut, tout est allé très vite de ce fait.
- Et pour quelles raisons, après ce premier roman édité, confrontes-tu ta novella Quadruple assassinat dans la rue de la Morgue aux regards des bêta-lecteurs de Cocyclics en la soumettant à un cycle ?
Après la publication, j’ai changé d’état d’esprit, de niveau également, mais j’ai toujours besoin de l’aide d’un regard extérieur. Je ne me voile pas la face : ce n’est pas parce que j’ai publié un premier roman que tout le reste sera lisible, voire publiable. ^^
Recourir à des amis auteurs pour bêta-lire, c’est bien. Recourir à CoCyclics, c’est mieux. Les bêta-lecteurs du collectif se sont formés entre eux pour aider les auteurs. Vous avez l’assurance d’une rapidité et d’une efficacité sans faille. Vous avez l’assurance d’être respecté dans vos décisions d’auteur, d’être traité sans condescendance. Vous avez l’assurance d’être motivé, soutenu, même si vous décidez de suspendre votre cycle en cours de route parce que les corrections vous découragent. Vous avez l’assurance de profiter d’une bêta-lecture complète, d’un soutien complet. Et surtout, vous avez l’assurance de pouvoir rendre ce service en retour un jour ou l’autre, sans manquer de temps non plus ! C’est très différent de la relation entre auteur et correcteur en maison d’édition : vous ne vous sentez pas sur la sellette (même si, d’après ma courte expérience en la matière, je n’ai jusque là jamais eu de soucis à propos de corrections éditoriales).
En bref, outre les avantages que je viens de citer, la raison pour laquelle j’ai soumis ma novella au regard du collectif, c’est justement cette synergie avec le collectif, cette énergie qui vous parcourt et vous donne envie de réussir aussi bien que les autres grenouilles. Pour vous donner des ailes, c’est encore mieux que le « Red Bull », vous savez !!
- Bien que l’un soit déjà publié et l’autre encore en travail, peux-tu nous dire quelles sont les différences entre les parcours de Quadruple assassinat dans la rue de la Morgue et d'Entrechats ? Que t'a apporté (et t'apporte encore) la façon de travailler au sein du cycle CoCyclics par rapport au travail que l'on imagine plus solitaire sur Entrechats ?
Les différences de parcours sont énormes. Le premier jet d’Entrechats a été écrit en un mois, celui de novembre 2005, à l’occasion du NaNoWriMo (www.nanowrimo.org). Je savais d’avance dans quelle aventure je me lançais : un polar fantasy avec des sphinx et des chats dedans. Pour ma novella, Quadruple assassinat…, tout est parti de l’incipit, écrit presque malgré moi alors que j’escomptais travailler sur un autre projet beaucoup plus long, et dans un tout autre genre. Ça a été un texte surprise (un peu comme les « plot bunnies » [scénarios-lapins] du NaNoWriMo, ces scénarios sortis de nulle part alors qu’on avait un beau synopsis tout prêt ^^)
Sinon, là encore, pour la novella, CoCyclics m’a apporté l’énergie nécessaire, le courage de corriger jusqu’au bout malgré la lassitude. Quand on corrige son texte seul chez soi, il n’y a personne pour nous réconforter, nous aider, nous botter les fesses si besoin est. Dans le cadre du cycle CoCyclics, c’est comme si des dizaines de grenouilles nous attendaient à la sortie pour vérifier le travail. En un clic, on peut les rejoindre pour demander conseil, également.
Certes, la présence du collectif derrière nous peut causer du stress, mais je dois avouer que c’est bien « pire » (avec de gros guillemets) en correction éditoriale, où l’incertitude de nos corrections peut s’avérer totale. CoCyclics est un excellent palier, au sens où vous faites partie d’un tout que vous ne voulez pas décevoir, mais qui sera toujours là pour vous-même si vous abandonnez le roman en chemin.
En ce sens, CoCyclics m’a apporté beaucoup de sérénité lors de ce cycle.
- Et, à l’inverse, que t'apporte l'expérience vécue en tant qu'auteur publié dans ton écriture ? Et dans tes bêta-lectures ?
Dans l’écriture, cela m’a appris à toujours me remettre en question, mais aussi à refuser les modifications que l’on me demandait. Il faut savoir assumer ses choix d’auteur, et les défendre face à son éditeur. Il ne faut pas tout accepter. Bien entendu, cela m’a aussi appris à entendre raison : parfois, certains de mes choix reflétaient surtout ma jeunesse, et apparaissaient comme des faiblesses. Il a fallu rectifier le tir.
Dans la bêta-lecture, cela m’a appris à ne pas sous-estimer la peur et l’incertitude de l’auteur qui soumet son texte à un regard extérieur destiné à porter un jugement - et non à simplement le lire. Chaque nouvelle copie envoyée à mon premier éditeur, même après signature du contrat, m’apparaissait comme un nouveau premier envoi. C’était infiniment stressant.
- Parlons de ton rôle de bêta-lectrice de romans au sein du collectif CoCyclics : tu as pris en charge deux romans, l'un (Au crépuscule, de Khellendros) dans la première version du cycle, l'autre (Contre-Mesures, de Desienne) dans sa version 2.0. De l’intérieur, peux-tu nous dire comment tu ressens la différence entre l’ancienne façon de fonctionner du cycle et la nouvelle ? Plus personnellement, as-tu constaté une évolution dans ta propre façon d'aborder les bêta-lectures, d’un texte à l’autre ?
De l’intérieur, en tant que bêta-lecteur, on se sent beaucoup plus léger ! Notre rôle est défini de manière beaucoup plus claire en termes d’investissement personnel et de temps. Dans la version 1 du cycle, on devait gérer seul l’alpha et la bêta d’un roman, sous tous ses aspects. Dans la version 2, les quatre phases rendent le travail plus clair, car elles le découpent. En outre, nous sommes plusieurs alphas ou bêtas à bosser sur un seul et même roman. En bref, pour moi, la version 2.0 du cycle est synonyme d’une vraie amélioration pour le bêta-lecteur comme pour l’auteur : en même temps qu’on allège le poids des responsabilités pesant sur les épaules du bêta (sans pour autant réduire leur impact), on garantit plus de retours à l’auteur grâce à la multiplicité des bêtas.
Après, dans ma façon d’aborder les bêtas, cela m’a aidé à mieux les structurer, puisque le cycle 2.0 définit plus clairement ses obligations vis-à-vis de l’auteur. Du coup, je vais beaucoup plus vite aussi !
- Quels sont tes projets, outre ta novella bientôt terminée ?
Je participe au challenge premier jet 2010 de CoCyclics ! Et j’aime ça ;)
Le projet en préparation est un western-spaghetti de l’espace sauce ketchup, avec des morceaux de road-movie galactique dedans, une approche assez psychologique, et le tout saupoudré de science-fantasy et de steampunk. Ce machin indéfinissable se passe sur une planète prison, Bagne, et raconte l’émergence d’une nouvelle autorité : les Foulards rouges, des as de la gâchette sous l’égide du Capitan.
Cela prend la forme d’une série littéraire, en saisons de 15 épisodes de 10 000 mots chacun. Chaque épisode possède un début, un milieu et une fin, et cet enchaînement de petits arcs scénaristiques suit le fil d’une histoire générale.
Foulards rouges n’est pas un roman, c’est plus une web-série, d’ailleurs j’ignore encore ce que je vais en faire une fois écrit : publier sur le net, ou envoyer aux éditeurs ? Je pense que je tenterai l’édition classique d’abord, mais je n’y réfléchis pas trop encore. Je préfère écrire sans me poser de questions, ça me permet d’aller au bout de mes délires, et ce, sans restriction aucune. ^^
- Pour finir, une question sans rapport avec l'écriture : comment fais-tu pour tromper la mort ?
Ah, bien essayé, mais vous ne m’aurez pas comme cela ! Il faudra être bien plus subtil pour me tirer les vers du nez… ;)
- Merci beaucoup d'avoir répondu à nos questions. On se retrouve pour une prochaine entrevue quand paraîtra Quadruple assassinat dans la rue de la Morgue ?
Espérons ! Merci à CoCyclics pour ces questions très intéressantes. J’espère que mes réponses le sont aussi. ^^
Vous pourrez retrouver Cécile en dédicace à la convention SF et Fantasy de Grenoble (38) du 26 au 29 août, et les 6 et 7 novembre au salon SIEL des éditeurs indépendants de Paris, à la BNF.
En attendant ou pour en savoir plus, rendez-vous sur le blog d'Entrechats et sur le site des éditions Voy'el.
Tout le monde ne le sait pas, mais Cécile Duquenne a participé à la fondation de CoCyclics et a endossé le super costume de permanente du forum de 2006 à 2008. Si elle a laissé tombé la cape, elle n'en est pas moins restée un pilier du collectif en bêta-lisant, outre des nouvelles, deux romans : Au crépuscule, de Khellendros, et Contre-Mesures, de Desienne.
Aujourd'hui, elle travaille d'arrache-pied sur sa novella Quadruple assassinat dans la rue de la Morgue, qui se trouve en phase III (ce qui, en langage CoCyclics, signifie que le texte a déjà été revu et corrigé une fois, et placés dans les mains de nouveaux bêta-lecteurs.)
Le collectif CoCyclics applaudit à toutes palmes la réussite de Cécile Duquenne, et nos bêta-lecteurs ont voulu profiter de l'occasion pour lui poser quelques questions.
- Quelles ont été tes inspirations pour Entrechats ?
Elles sont surprenantes, je dois l’avouer. En 2005, lorsque je me suis lancée dans l’écriture du premier jet, j’étais occupée à regarder l’intégrale de la série d’espionnage Alias, de J. J. Abrams. L’un de mes personnages, Lloonas, est directement inspiré de Mr. Sark, l’un des grands méchants de la série. Comme quoi, la midinetterie peut mener à tout. ;) Voilà qui vous informe pour le côté polar du roman.
En ce qui concerne le côté égyptien, mythologique, la Potterfiction Les portes de l’auteur Alohomoraa, assez connue sur fanfiction.net, a été déterminante. En fait, à l’époque, j’ai lu son tout dernier chapitre paru, lequel contenait des sphinx.
L’idée de mélanger mythologie égyptienne et polar est alors née. Un mélange improbable, mais visiblement efficace, d’après les retours que j’ai eu jusqu’à présent !
- Je suppose qu'un travail de recherche et de documentation a été nécessaire. Comment et sur quoi as-tu mené ces recherches ?
Oui, car contrairement à ce que certains lecteurs peuvent croire, je ne suis pas une Égyptologue ! Lors de l’écriture, chaque fois que j’abordais directement des mythes égyptiens connus ou non, j’ai dû faire des recherches. J’ai parfois passé des heures sur internet, ou dans les livres que j’avais à disposition chez moi, afin de ne dire aucune bêtise dans mon roman. Le plus souvent, ces heures de recherche servaient à confirmer ou infirmer un détail tout bête, mais qui permettrait de crédibiliser mon univers.
J’ai principalement utilisé internet, il y a des sites très complets sur l'Égypte. En cas de doute, je croisais mes sources. Le plus souvent, cette simple vérification permettait d’exclure les affabulations ou approximations. Sur internet, il est essentiel d’effectuer ce travail de tri, car l’auteur de la page peut s’avérer être un spécialiste, aussi bien qu’un amateur. On ne sait jamais ; il faut donc vérifier la viabilité de ses sources.
- Y aura-t-il une suite ?
Ce n’est pas à l’ordre du jour. Après avoir travaillé cinq ans sur ce roman, j’ai besoin en tant qu’auteur d’explorer d’autres contrées, d’autres ambiances. Néanmoins, l’univers d’Entrechats est vaste, plein de possibilités, alors ce n’est pas à exclure… d’ici quelques années, du moins.
- Écriras-tu d'autres histoires ayant pour cadre l'Égypte (parallèle ou réelle) ?
Oui, très certainement car j’adore ce pays, et le contexte mythologique qui va avec. Je pense à des nouvelles uniquement, pour l’instant, car sinon j’aurais l’impression de repartir dans l’écriture d’un Entrechats bis. J’ai besoin de me détacher des Plaines désertiques, de me renouveler avant d’y replonger.
- Comment s'est passé la rencontre avec ton éditeur et le travail éditorial ?
La rencontre a eu lieu par mail ! Lors de ma prospection d’éditeurs, où je vérifiai les lignes éditoriales, celle des éditions Voy’[el] m’a paru parfaitement convenir. J’ai donc envoyé le manuscrit par voie électronique, selon les règles de leur guide de soumission.
Par la suite, Corinne Guitteaud, l’éditrice en chef, m’a contactée par mail pour m’annoncer la bonne nouvelle ! Elle m’a montré le contrat type, a accepté d’y apporter quelques modifications (pour les déplacements en salon, par exemple), puis m’a envoyé très rapidement le contrat via La Poste. Je l’ai renvoyé dans la semaine qui a suivi, et elle m’a alors présentée à sa correctrice, Isabelle Wenta, laquelle avait déjà lu le manuscrit. J’ai reçu une version papier d’Entrechats, commenté et annoté, ainsi que des instructions de correction : la date du rendu de copie et des épreuves, d’une part, et les ajustements à effectuer sur le début (Entrechats contient énormément de personnages, il fallait faire davantage ressortir Khephren, ce que j’ai fait).
Tout a été très rapide. J’ai envoyé le roman en juillet 2009, et en mai 2010, après quelques retards d’impression à cause du fameux volcan qui empêchait les livraisons, le roman était en vente.
En tant que jeune auteur, les premiers échanges de mail sont éprouvants, on pèse chaque mot de peur de voir s’échapper notre chance. Corinne a été très à l’écoute avec moi, très rassurante aussi. Elle a aussi montré une motivation qui m’a fait très plaisir : elle a cru avec moi en ce roman, à fond, et elle a elle-même proposé de faire une édition collector avec des préventes. Être édité, c’est déjà formidable en soi. Bien s’entendre avec son éditeur, c’est la cerise sur le gâteau ! Je sais que tout le monde n’a pas cette chance. Heureusement, dans la petite édition, ça se passe bien le plus souvent.
- En tant qu'auteur, qu'attends-tu des discussions avec tes lecteurs ?
C’est une question très délicate, car je ne sais vraiment pas quoi répondre. Je sais ce que j’attends d’un bêta-lecteur : qu’il remette mon texte en question afin que je l’améliore. Et, en fait, j’ai cette même impression avec les lecteurs, même si je sais que ce n’est pas leur rôle. Leur rôle, c’est de lire, pas de me dire ce qu’ils en ont pensé. D’ailleurs, je suis assez mal à l’aise lorsque je discute d’Entrechats, car j’ai l’impression de leur extorquer leurs impressions de lecture, même lorsque c’est eux qui parlent de leur plein gré [rires] !! Néanmoins, cela me rend toujours très heureuse de voir qu’un lecteur a pris le temps de lire mon roman. C’est un délicieux frisson, lorsque quelqu’un me dit « j’ai fini ton roman… ». Les quelques secondes entre cette révélation et son avis sont comme une chute libre : on ne sait jamais d’avance si le parachute va marcher. ^^
- Tu remercies tes bêta-lecteurs à la fin d’Entrechats, et dis que pas moins de sept versions ont été nécessaires à l’aboutissement du roman. Qu’est-ce qui te poussait à continuer ce même roman toutes ces années ? Comment appréhendais-tu les multiples corrections, voire réécritures ?
Deux choses m’ont poussée à continuer : d’une, les encouragements des gens cités dans les remerciements. Ils croyaient et croient encore en moi. Ça pousse à se dépasser. C’est dans ces moments-là qu’on se promet à soi-même de ne pas abandonner pour ne pas les décevoir. Ça donne envie de mériter leur confiance, de tout faire pour continuer d’en être digne. De deux, je suis une mule. Pas juste une tête de mule : une mule. J’avais décidé de tout tenter pour aller au bout de ce roman, en tirer le meilleur à mon modeste niveau, et je m’y suis tenue.
- Pourquoi, à l’époque, n’as-tu pas proposé Entrechats aux regards et aux bêta-lectures du collectif CoCyclics, dans lequel tu étais pourtant très impliquée ?
Eh bien, en 2005, CoCyclics n’existait pas. ;) Le collectif a vu le jour en 2006 et, après les premiers retours des éditeurs, je savais qu’Entrechats n’avait pas besoin d’une correction, mais d’une réécriture. Mon roman a trouvé son premier éditeur en 2008, à la version n°3. La correction éditoriale a duré presque un an et demi, c’est là que les versions se sont enchaînées. J’ai pour ainsi dire suivi un cycle CoCyclics via le parcours éditorial. Lorsque ce précédent éditeur, l’Olibrius Céleste, a fermé ses portes juste avant la parution de mon roman début 2009, j’en avais bien trop marre des corrections pour soumettre Entrechats à CoCyclics. De plus, il y a un moment où l’on doit s’arrêter de corriger. J’ai renvoyé le roman tel quel à d’autres éditeurs, à vrai dire. C’est alors que les éditions Voy’[el] ont accueilli Entrechats au sein de leur catalogue. Les corrections ont été mineures. Comme je le disais plus haut, tout est allé très vite de ce fait.
- Et pour quelles raisons, après ce premier roman édité, confrontes-tu ta novella Quadruple assassinat dans la rue de la Morgue aux regards des bêta-lecteurs de Cocyclics en la soumettant à un cycle ?
Après la publication, j’ai changé d’état d’esprit, de niveau également, mais j’ai toujours besoin de l’aide d’un regard extérieur. Je ne me voile pas la face : ce n’est pas parce que j’ai publié un premier roman que tout le reste sera lisible, voire publiable. ^^
Recourir à des amis auteurs pour bêta-lire, c’est bien. Recourir à CoCyclics, c’est mieux. Les bêta-lecteurs du collectif se sont formés entre eux pour aider les auteurs. Vous avez l’assurance d’une rapidité et d’une efficacité sans faille. Vous avez l’assurance d’être respecté dans vos décisions d’auteur, d’être traité sans condescendance. Vous avez l’assurance d’être motivé, soutenu, même si vous décidez de suspendre votre cycle en cours de route parce que les corrections vous découragent. Vous avez l’assurance de profiter d’une bêta-lecture complète, d’un soutien complet. Et surtout, vous avez l’assurance de pouvoir rendre ce service en retour un jour ou l’autre, sans manquer de temps non plus ! C’est très différent de la relation entre auteur et correcteur en maison d’édition : vous ne vous sentez pas sur la sellette (même si, d’après ma courte expérience en la matière, je n’ai jusque là jamais eu de soucis à propos de corrections éditoriales).
En bref, outre les avantages que je viens de citer, la raison pour laquelle j’ai soumis ma novella au regard du collectif, c’est justement cette synergie avec le collectif, cette énergie qui vous parcourt et vous donne envie de réussir aussi bien que les autres grenouilles. Pour vous donner des ailes, c’est encore mieux que le « Red Bull », vous savez !!
- Bien que l’un soit déjà publié et l’autre encore en travail, peux-tu nous dire quelles sont les différences entre les parcours de Quadruple assassinat dans la rue de la Morgue et d'Entrechats ? Que t'a apporté (et t'apporte encore) la façon de travailler au sein du cycle CoCyclics par rapport au travail que l'on imagine plus solitaire sur Entrechats ?
Les différences de parcours sont énormes. Le premier jet d’Entrechats a été écrit en un mois, celui de novembre 2005, à l’occasion du NaNoWriMo (www.nanowrimo.org). Je savais d’avance dans quelle aventure je me lançais : un polar fantasy avec des sphinx et des chats dedans. Pour ma novella, Quadruple assassinat…, tout est parti de l’incipit, écrit presque malgré moi alors que j’escomptais travailler sur un autre projet beaucoup plus long, et dans un tout autre genre. Ça a été un texte surprise (un peu comme les « plot bunnies » [scénarios-lapins] du NaNoWriMo, ces scénarios sortis de nulle part alors qu’on avait un beau synopsis tout prêt ^^)
Sinon, là encore, pour la novella, CoCyclics m’a apporté l’énergie nécessaire, le courage de corriger jusqu’au bout malgré la lassitude. Quand on corrige son texte seul chez soi, il n’y a personne pour nous réconforter, nous aider, nous botter les fesses si besoin est. Dans le cadre du cycle CoCyclics, c’est comme si des dizaines de grenouilles nous attendaient à la sortie pour vérifier le travail. En un clic, on peut les rejoindre pour demander conseil, également.
Certes, la présence du collectif derrière nous peut causer du stress, mais je dois avouer que c’est bien « pire » (avec de gros guillemets) en correction éditoriale, où l’incertitude de nos corrections peut s’avérer totale. CoCyclics est un excellent palier, au sens où vous faites partie d’un tout que vous ne voulez pas décevoir, mais qui sera toujours là pour vous-même si vous abandonnez le roman en chemin.
En ce sens, CoCyclics m’a apporté beaucoup de sérénité lors de ce cycle.
- Et, à l’inverse, que t'apporte l'expérience vécue en tant qu'auteur publié dans ton écriture ? Et dans tes bêta-lectures ?
Dans l’écriture, cela m’a appris à toujours me remettre en question, mais aussi à refuser les modifications que l’on me demandait. Il faut savoir assumer ses choix d’auteur, et les défendre face à son éditeur. Il ne faut pas tout accepter. Bien entendu, cela m’a aussi appris à entendre raison : parfois, certains de mes choix reflétaient surtout ma jeunesse, et apparaissaient comme des faiblesses. Il a fallu rectifier le tir.
Dans la bêta-lecture, cela m’a appris à ne pas sous-estimer la peur et l’incertitude de l’auteur qui soumet son texte à un regard extérieur destiné à porter un jugement - et non à simplement le lire. Chaque nouvelle copie envoyée à mon premier éditeur, même après signature du contrat, m’apparaissait comme un nouveau premier envoi. C’était infiniment stressant.
- Parlons de ton rôle de bêta-lectrice de romans au sein du collectif CoCyclics : tu as pris en charge deux romans, l'un (Au crépuscule, de Khellendros) dans la première version du cycle, l'autre (Contre-Mesures, de Desienne) dans sa version 2.0. De l’intérieur, peux-tu nous dire comment tu ressens la différence entre l’ancienne façon de fonctionner du cycle et la nouvelle ? Plus personnellement, as-tu constaté une évolution dans ta propre façon d'aborder les bêta-lectures, d’un texte à l’autre ?
De l’intérieur, en tant que bêta-lecteur, on se sent beaucoup plus léger ! Notre rôle est défini de manière beaucoup plus claire en termes d’investissement personnel et de temps. Dans la version 1 du cycle, on devait gérer seul l’alpha et la bêta d’un roman, sous tous ses aspects. Dans la version 2, les quatre phases rendent le travail plus clair, car elles le découpent. En outre, nous sommes plusieurs alphas ou bêtas à bosser sur un seul et même roman. En bref, pour moi, la version 2.0 du cycle est synonyme d’une vraie amélioration pour le bêta-lecteur comme pour l’auteur : en même temps qu’on allège le poids des responsabilités pesant sur les épaules du bêta (sans pour autant réduire leur impact), on garantit plus de retours à l’auteur grâce à la multiplicité des bêtas.
Après, dans ma façon d’aborder les bêtas, cela m’a aidé à mieux les structurer, puisque le cycle 2.0 définit plus clairement ses obligations vis-à-vis de l’auteur. Du coup, je vais beaucoup plus vite aussi !
- Quels sont tes projets, outre ta novella bientôt terminée ?
Je participe au challenge premier jet 2010 de CoCyclics ! Et j’aime ça ;)
Le projet en préparation est un western-spaghetti de l’espace sauce ketchup, avec des morceaux de road-movie galactique dedans, une approche assez psychologique, et le tout saupoudré de science-fantasy et de steampunk. Ce machin indéfinissable se passe sur une planète prison, Bagne, et raconte l’émergence d’une nouvelle autorité : les Foulards rouges, des as de la gâchette sous l’égide du Capitan.
Cela prend la forme d’une série littéraire, en saisons de 15 épisodes de 10 000 mots chacun. Chaque épisode possède un début, un milieu et une fin, et cet enchaînement de petits arcs scénaristiques suit le fil d’une histoire générale.
Foulards rouges n’est pas un roman, c’est plus une web-série, d’ailleurs j’ignore encore ce que je vais en faire une fois écrit : publier sur le net, ou envoyer aux éditeurs ? Je pense que je tenterai l’édition classique d’abord, mais je n’y réfléchis pas trop encore. Je préfère écrire sans me poser de questions, ça me permet d’aller au bout de mes délires, et ce, sans restriction aucune. ^^
- Pour finir, une question sans rapport avec l'écriture : comment fais-tu pour tromper la mort ?
Ah, bien essayé, mais vous ne m’aurez pas comme cela ! Il faudra être bien plus subtil pour me tirer les vers du nez… ;)
- Merci beaucoup d'avoir répondu à nos questions. On se retrouve pour une prochaine entrevue quand paraîtra Quadruple assassinat dans la rue de la Morgue ?
Espérons ! Merci à CoCyclics pour ces questions très intéressantes. J’espère que mes réponses le sont aussi. ^^
Vous pourrez retrouver Cécile en dédicace à la convention SF et Fantasy de Grenoble (38) du 26 au 29 août, et les 6 et 7 novembre au salon SIEL des éditeurs indépendants de Paris, à la BNF.
En attendant ou pour en savoir plus, rendez-vous sur le blog d'Entrechats et sur le site des éditions Voy'el.
"Recourir à des amis auteurs pour bêta-lire, c’est bien. Recourir à CoCyclics, c’est mieux."
RépondreSupprimerCe genre de plaidoyer est loin de vous mettre à l'abri d'une faute de goût. Ne vous y trompez pas, le ton utilisé est à la mesure de votre arrogance à peine voilée, la plupart du temps.
Tant mieux si une certaine Marylin respecte votre engagement, ce que je lis en parcourant tant votre forum que votre blog me rend nauséeux. A bon entendeur, vous ne me verrez plus de toute manière.