Cette interview a été réalisée au mois de juin 2014.
Traductrice de profession, Cindy Van Wilder est née et vit en Belgique. Le premier tome de sa trilogie les Outrepasseurs est paru le 6 février dernier et a remporté le Prix Jeunesse de l'édition 2014 des Imaginales. Le deuxième tome est sorti le 4 septembre dernier.
Voici le résumé :
— Jure-moi fidélité et je te protégerai. Nous le ferons tous.
— Nous ?
— Les Outrepasseurs. Tous ceux qui portent la Marque. Regarde ces jeunes gens. Voilà ta seule famille, à présent. (Il baissa le son de sa voix.) Nos adversaires ne s'arrêteront jamais. Les fés nous pourchassent depuis huit siècles. Une éternité pour nous. Un instant pour eux.
Peter, un adolescent sans histoires, échappe de justesse à un attentat et découvre que l'attaque le visait personnellement. Emmené à Lion House, la résidence d'un mystérieux Noble, il fait connaissance avec les membres d'une société secrète, les Outrepasseurs. Les révélations de ces derniers vont changer le cours de sa vie...
Bonjour Cindy et merci d'avoir accepté de nous répondre. Tu as commencé ce roman lors du NaNoWriMo de 2008, quelle a été la première idée, la première inspiration qui t'a lancée dans cette aventure ?
Bonne question ! Les contes de fée ont bien sûr été une source dominante d'inspiration, même si je ne m'en suis pas rendue compte tout de suite. J'avais aussi envie de donner ma version des fées – ou comme je préfère les appeler, des fés ! – encore trop assimilées à de gentilles petites créatures. Plusieurs auteurs l'avaient déjà fait et j'avais aussi envie de leur rendre un hommage, en quelque sorte, de leur faire un clin d'œil via ce texte.
Il est fait plusieurs fois référence au Roman de Renart, est-ce une de tes sources d'inspiration ?
Bien entendu ! En fait, le Roman de Renart a été une de mes premières lectures, en tant qu'enfant, car je possédais un magnifique album illustré – malheureusement perdu depuis... – où les tours que jouait Renart aux pauvres Ysengrin, Noble et Chanteclerc, pour n'en citer que quelques-uns, bénéficiaient de magnifiques dessins. Renart est sans doute le premier anti-héros que j'ai croisé dans mes lectures et le personnage, aussi fascinant que repoussant, est demeuré vivant dans un coin de mon esprit. Quand j'ai cherché à élaborer les Outrepasseurs, Renart et sa suite sont naturellement revenus à la charge. Et je dois dire que je me suis bien amusée à leur faire vivre de nouvelles aventures dans un monde bien plus moderne que leurs univers originels.
Le héros, Peter, rêve de devenir une star du football, mais traqué par les ennemis des Outrepasseurs pourra-t-il encore poursuivre son rêve ?
Je pourrais vous le dire, mais je devrais vous tuer par la suite...
Ah, on me souffle que la réplique est déjà prise.
Plus sérieusement, il est évident que ce qui se passe dans ce premier tome va avoir un grand impact sur la vie de Peter en général, ce qui implique bien entendu ses rêves d'adolescent. Les conséquences vont surtout se faire sentir dans le tome 2... et là, je n'en dirai vraiment pas plus!
Comment s'est passée la soumission aux Éditions Gulf Stream ?
Un peu par hasard, en fait ! Je connaissais déjà les publications de Gulf Stream, grâce notamment à la collection "Courants noirs", qui publie des polars historiques, et j'appréciais beaucoup le travail autour de leurs ouvrages. Néanmoins, je ne pensais pas que les Outrepasseurs pouvaient les intéresser, vu d'une part le format – plus de 500 000 signes quand même – et le contenu de certaines scènes.
C'est grâce à la marraine bonne fée de cette saga, j'ai nommé ma chère Silène Edgar, que la rencontre s'est faite. À l'époque, elle concoctait le GGG [Grimoire Galactique des Grenouilles] et contactait les éditeurs pour recueillir leurs demandes quant aux manuscrits qu'ils recherchaient. De cette manière, elle a su que Gulf Stream recherchait des ouvrages pour des adolescents plus âgés et m'a conseillée d'envoyer le roman.
Ce que j'ai fait... et vous connaissez la suite ;)
Peux-tu nous parler de tes premiers salons ?
Absolument, puisque mon premier vient de s'achever il y a quelques semaines ! Il s'agit bien sûr des Imaginales, et il a été sur tous les plans exceptionnel. Non seulement parce qu'il s'agit d'un de mes festivals favoris, par son cadre, la convivialité qui y règne et que j'ai eu l'occasion de vivre de l'autre côté du miroir - ou plutôt de la table de dédicaces ! - mais qu'en plus, cerise non négligeable sur le gâteau, les Outrepasseurs y ont remporté leur premier prix !
Participer aux conférences, rencontrer les lecteurs qui ont été au rendez-vous, faire partie de ce festival... tout a été une expérience vraiment magique !
Par la suite et dès cet automne, vous pourrez me croiser à divers salons tels celui des Halliennales, en compagnie notamment de Lise Syven, au mois d'octobre.
Nous avons également interrogé Paola Grieco, l'éditrice des Outrepasseurs chez Gulf Stream Éditeur.
Publier une trilogie d'un·e jeune auteur·e peut représenter un risque éditorial. Qu'est-ce qui vous a attiré chez les Outrepasseurs ?
Gulf Stream Éditeur s'est positionné sur le créneau des littératures dites de l'imaginaire très récemment. Très peu lectrice de ce genre, à part quelques piliers des années 50-70, tels Barjavel, Orwell, Huxley, K. Dick, voire encore plus classiques (comme Cazotte, Hoffman, Balzac, Mérimée, Nerval, Maupassant, Barbey d'Aurevilly, Wilde, Stevenson, Poe, Wells), c'est donc avec une certaine fraîcheur et une véritable envie que j'ai commencé à m'intéresser de près à ce genre, tous lectorats confondus, en 2012. Et un heureux hasard a voulu que Cindy m'envoie son manuscrit au mois de mars de cette même année – soit dit en passant, il aura donc fallu deux ans entre la soumission de son projet et la publication.
D'emblée, j'ai été accrochée par le mystère qui planait autour de ce titre, Les Outrepasseurs, et par la présentation succincte mais alléchante de Cindy... mais je n'ai pu lui répondre de manière favorable qu'au mois d'octobre ! J'ai été particulièrement séduite par l'originalité de la construction de son texte, sa maîtrise de la langue, l'audace de certains passages (pour un lectorat ado/YA), la dimension psychanalytique de l'intrigue allant de pair avec les nombreuses références à un patrimoine littéraire et merveilleux. L'aspect historique m'a également conquise.
Il s'agissait en effet d'un double risque éditorial : explorer un domaine qui était encore inconnu au catalogue de GSE et publier une primo-romancière. Bien nous en a pris !
Comment s'est passée la première rencontre avec Cindy ?
Entre le moment où je lui ai proposé une publication pour 2014 et notre rencontre "en vrai", nous avons échangé par mail au sujet des critiques des membres de mon comité de lecture ado auxquels j'avais soumis ce premier tome. Ils étaient évidemment tous emballés par ce texte, d'aucuns affirmant qu'il s'agissait du meilleur roman publié chez GSE ! C'était très intéressant de récolter et de partager les avis pertinents de ces jeunes lecteurs. Et leurs retours m'ont confortée dans l'idée qu'il ne fallait rien édulcorer du texte de Cindy.
Enfin, nous nous sommes rencontrées en chair et en os aux Utopiales, à Nantes (où est installé GSE), cette même année.
Quels sont les moyens promotionnels mis en place lorsqu'on lance un·e jeune auteur·e francophone ? Le prix des Imaginales a-t-il une réelle incidence sur les ventes ?
Nous avons fait le pari d'un tirage initial plus important que ceux que nous faisions habituellement, c'est-à-dire 9000 exemplaires. Par ailleurs, j'ai fait en sorte de présenter le livre imprimé aux équipes commerciales de notre diffuseur (Volumen) 4 mois avant la sortie du livre, qui était prévue au mois de février 2014. Ainsi, les libraires ont pu faire leurs demandes de services de presse très en amont de la publication du tome 1, ce qui a permis aux Outrepasseurs de bénéficier d'une belle mise en place. À la mi-janvier 2012, nous avons souscrit à une campagne de pub web, notamment sur le site Actu SF. Et une semaine avant la sortie de l'ouvrage, nous avons organisé une soirée de lancement à Paris, avec un "happening" qui semble avoir plu !
Nous avons été très très heureux d'apprendre que Cindy avait obtenu le Prix Imaginales Jeunesse 2014. L'année précédente, Carole Trébor avait été lauréate du Prix Imaginales des Collégiens pour Nina Volkovitch. Le prix des Imaginales a eu un véritable impact sur la visibilité de GSE en matière de fictions de l'imaginaire (et aussi sur ma boîte mail en terme de réception de manuscrits, de plus en plus nombreux et intéressants...). Les ventes de cet ouvrage sont satisfaisantes, et la publication du tome 2 au mois de septembre 2014, La Reine des neiges, avec une nouvelle campagne publicitaire, va amplifier le phénomène, nous en sommes sûrs !
La couverture des Outrepasseurs attire vraiment le regard, pourriez-vous nous dire deux mots quant au choix de celle-ci ?
Nous avons souhaité appuyer le développement du créneau "littératures de l'imaginaire" avec un beau travail de conception visuelle et de fabrication. Pour Les Outrepasseurs, nous avons collaboré avec B.System, une agence de création graphique et éditoriale nantaise (avec laquelle GSE avait déjà travaillé en 2006). Nous avons exploré 3 pistes très, très différentes, avant de nous arrêter sur celle-ci, qui a remporté l'adhésion du plus grand nombre. L'élément fédérateur, outre les dorures, a été la découpe ovale faisant écho au titre mystérieux de la série, comme si le lecteur allait entrer dans un autre monde en regardant par le trou d'une serrure merveilleuse...
Merci beaucoup à Cindy Van Wilder et à Paola Grieco d'avoir accepté de répondre à nos questions !
- Le site de Gulf Stream Éditeur : http://www.gulfstream.fr/
- Le blog de Cindy Van Wilder : http://cindyvanwilder.wordpress.com/
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