jeudi 10 juillet 2014

Retour sur les Imaginales 2014

Vous l'attendiez impatiemment et le voici : le premier article d'une longue série consacrée aux Imaginales 2014 !

Organisé par la ville d'Épinal depuis 2002, le festival des mondes imaginaires organise pendant quatre jours des rencontres avec les auteur·e·s, des conférences, un match d'écriture et un « speed dating », entre autres animations, cafés littéraires et ateliers. (http://www.imaginales.fr/)

Les membres du collectif CoCyclics et de son forum ont fait le déplacement en nombre, et l'une de ces «grenouilles», Ereneril, nous en a rédigé une chronique. Merci à lui !

Affiche des Imaginales 2014.

« COCYCLICS : La consécration ! », The Guardian
« Pluie de grenouilles sur Épinal ! », Libération

Je dois vous l'avouer, ces citations sont apocryphes et difficilement justifiables. Si les Imaginales 2014 ont été la consécration pour les grenouilles (vous me permettez d'utiliser ici le surnom affectueux que se donnent les membres de CoCyclics), quels superlatifs pourrons-nous alors trouver pour 2015 ?

Mais revenons sur ces quelques jours printaniers.
Fin mai, comme chaque année, ont eu lieu « Les Imaginales », un des plus célèbres et plus sympathiques salons sur des littératures de l'imaginaire. Durant quatre jours, la ville d'Épinal accueille cette manifestation sur les rives de la Moselle et dans quelques lieux de la cité vosgienne que les organisateurs gardent secrets jusqu'au dernier moment.
Lorsque des grenouilles s'y sont rendues pour la première fois, chacune allait écouter des conférences, faisait dédicacer quelques acquisitions. Certaines rêvaient d'édition et échangeait avec les autres festivaliers sur leur futur roman qui, un jour, serait proposé à l'un des éditeurs présents. Nous étions encore dans une période d'utopie.
C'était il y a très longtemps. Six ans.
Depuis les choses ont quelque peu évolué...


Jeudi 22 mai

Malgré des grèves et une météo plus que capricieuse qui nous tiendra compagnie toute la semaine, chacun·e est parvenu à rallier l'Est lorrain. Aux descentes des trains, les grenouilles se saluent et filent à leurs hôtels respectifs avant de rejoindre les rives de la Moselle où sont installés « La Bulle du Livre », vaste tente hébergeant tous les éditeurs et auteur·e·s, les deux Magic Mirrors, chapiteaux décorés à la mode XIXe, ainsi qu'un bâtiment en dur, ces trois derniers lieux accueillant les multiples conférences qui allaient se succéder.

Les grenouilles sont nombreuses.
Autant à la buvette, à refaire le monde car personne ne s'est vu depuis une éternité… — Zone Franche, le sympathique salon de Bagneux qui avait vu se réunir plus de trente grenouilles remontait à plus d'un mois… —, que derrière les stands ! Si, six ans plus tôt, tout le monde rêvait d'édition, cette année je serais bien incapable de compter le nombre de grenouilles qui présentent leurs ouvrages depuis l'autre côté des tables. Les visiteurs d'hier sont devenus les exposants d'aujourd'hui et je ne me risquerais pas à tous les citer, certain d'en oublier…
Un aboutissement.
C'est un fait accompli. Les grenouilles exposent dans les stands mais également dans les conférences. Paul Beorn, un permanent du collectif, ouvre le bal lors de la table ronde sur les techniques d'écriture. Le modérateur lui tend une perche de la finesse d'un Baobab et l'incite à parler de CoCyclics. En grand professionnel, Paul résume avec brio l'essence de notre communauté. Les grenouilles s'abstiennent de sortir les banderoles même si l'envie nous démange parfois.

Passé cette conférence, Paul Beorn et Silène Edgard sont mis à contribution pour dédicacer moult 14-14, leur opus commun, avant que la faim de ce début de soirée ne tiraille les estomacs des batraciens.

De la lumière. Un menu au nom prometteur «J'aime mieux le lard», et dix grenouilles entrent dans un restaurant local et entament une étude de la gastronomie vosgienne.
22h. L'estomac lesté de lard en tous genres, un petit groupe de cinq grenouilles se dirige vers le bar où Silène Edgard, invitée officielle du salon, prête sa voix aux «Histoires à lire quand les enfants sont couchés...».
Le bar à vin est noir de monde. Toute la fine fleur des Imaginales est sur place. Installés trop loin de l'estrade, et faute de pouvoir entendre les lectures, nous nous rabattons sur la cuvée « Imaginales » et prolongeons nos longues discussions.
Au hasard des passages, nous saluons l'un·e ou l'autre des auteur·e·s jusqu'à ce qu'une célèbre connaissance fasse son apparition et se mêle au petit groupe de grenouilles survivantes. Nous passons ainsi près de deux heures avec Stéphane Marsan à parler littérature, édition, marketing, mode, et autre.

Au cours de la discussion, il nous annonce qu'il ne sera pas au speed dating pour cause d'interview à la même heure, mais il propose d'en faire en off, juste avec lui et les auteur·e·s intéressé·e·s, quand nous aurons quelques minutes. Les un·e·s après les autres, comme d'autres auteur·e·s au cours de la semaine, nous lui parlons de nos projets et le speed dating se fait, informel, lui écoutant, validant et critiquant les idées et projets.
Ceux et celles qui logent à proximité restent jusqu'à la fermeture du bar, d'autres s'engouffrent dans une voiture, et certain·e·s vont jusqu'à profiter d'une assemblée de banquiers marseillais en déplacement professionnel pour éviter un long retour à pied.


Vendredi 23 mai

La matinée s'écoule dans le calme et la sérénité. Un petit-déjeuner, des conférences, des discussions au détour d'une table. Les aiguilles tournent et il est bientôt l'heure de se sustenter. Le temps est magnifique mais l'herbe encore humide de la veille. La répétition générale du pique-nique du lendemain, tradition oblige, aura donc lieu dans les fauteuils du bar. Deux, quatre, dix, bientôt vingt grenouilles partagent leurs victuailles dans une ambiance toujours festive.
Certaines montrent quelques signes de stress. Entre le match d'écriture et le speed dating qui s'annoncent, les auteur·e·s vont passer leur baptême du feu. Novice dans l'exercice ou non, chacun·e sent la pression monter.

Il est déjà 13h30. Une petite dizaine de grenouilles rejoignent la magnifique bibliothèque d'Épinal pour affronter les professionnels (dont Cindy Van Wilder "Blackwatch" et Anne Rossi "Kira") dans le match d'écriture.
Des équipes de trois auteur·e·s. Trois thèmes tirés au sort. Les équipes sont libres de se répartir les thèmes comme elles veulent, mais il faut produire une nouvelle complète sur chacun des thèmes. Au total 1h45, y compris les 8 minutes dédiées à la répartition des sujets et aux premières réflexions. On peut gagner 15 ou 30 minutes de plus en acceptant une ou deux contraintes supplémentaires.
Les sujets tombent :
- Je meurs toutes les 30 minutes
- Nouvel organe, nouveau membre greffé. Aïe il y a un bug.
- Ma voix est mon arme, mon sang ma défense.
Certain·e·s se risquent à tenter des handicaps. « Une centrale nucléaire miniature », « une faux émoussée », « un CV de toutes mes anciennes vies », « un exosquelette en bois », « une boussole qui n'indique pas le nord », et autres joyeusetés étoffent les sujets de ceux et celles qui veulent plancher plus d'1h45.

Seul le cliquetis des claviers meuble le silence durant un bon moment.
À partir du lendemain, les textes seront affichés (les auteur·e·s anonymisé·e·s) et le public pourra voter.
Résultats dimanche. Les grenouilles croisent les palmes en espérant s'en sortir avec honneur face aux deux équipes de professionnels où officient Jean-Claude Dunyach, Jeanne A. Debat, Sylvie Lainé et Thomas Geha qui font figure de référence...
Le temps de regagner l'espace central, nous croisons les auteur·e·s débutant·e·s qui se préparent pour le speed dating. Un mot d'encouragement, un signe de soutien et déjà ils/elles filent vers l'inconnu.
Ceux et celles qui ont décidé de présenter leur roman choisissent de convaincre deux éditeurs parmi les trois présents : L'Atalante, Mnemos et Bragelonne. Avec toute leur bienveillance, les représentants de ces grandes maisons écoutent les présentations, posent des questions et font le nécessaire pour rassurer ceux/celles qui attendent leur tour. « Quels sont les thèmes du livre ? », « Dites-en plus sur vos personnages », « À quel public est-ce destiné ? ». Pas de questions-pièges mais de vraies interrogations dont nos chères grenouilles se sortent avec brio, une carte de visite, ou un sésame pour un envoi par mail de leur texte complet, dans les mains.

Tandis que les permanents qui animent CoCyclics complotent lors d'un dîner secret, un petit groupe restreint part vers une crêperie pour se sustenter. Le groupe restreint s'étoffe au fur et à mesure des grenouilles croisées, et du retour des speed dating. La journée a été éprouvante et il faut se requinquer. Nous partîmes cinq et par un prompt renfort, nous nous vîmes plus de vingt en arrivant au Port (breton).
La crêperie manque de place en terrasse pour dîner dehors. Nous nous rabattons sur la salle. Il est 20h.

22h30. la fatigue nous gagne, prix à payer de la longue soirée de la veille, et la grande fête de clôture du lendemain se profilant, nous décidons d'être raisonnables et de rentrer.
Nous sortons du restaurant. Il pleut à verse.
C'est mouillé comme un hameçon au travail que chacun regagne son lit.
Une nouvelle belle journée s'achève dans la bonne humeur.


Samedi 24 mai

Les conférences s'enchaînent. Celle qui ouvre la journée, parlant des premiers romans, est animée par Stéphanie Nicot qui lit des extraits et vante les mérites d'une poignée de textes, parmi lesquels Les Outrepasseurs de Cindy Van Wilder, dont nous aurons l'occasion de reparler plus loin.

Une petite balade sous la Bulle du Livre, vaste espace où sont regroupés tous les stands des éditeurs, et il se fait faim. Un œil dehors nous inquiète. Le grand beau temps de la matinée touche à sa fin. Le vent s'est levé et les noirs cumulus s'amoncèlent.
Prudent·e·s, nous décidons de coloniser l'intérieur. Dix minutes plus tard, cinquante personnes échangent moult vivres des quatre coins de la salle. Chacun·e propose de faire découvrir des préparations et spécialités régionales. Le tour de France de la gastronomie rencontre un succès certain, chaque année renouvelé.
Il est 14h30 quand nous constatons que le beau temps est revenu, accompagné d'une belle chaleur. La pelouse est restée sèche. Notre manque d'audace nous a perdus. Mais il n'est plus temps de se morfondre en regrets. La foule de visiteurs afflue et chacun·e retourne derrière son stand pour dédicacer ses ouvrages...

L'après-midi se déroule à toute vitesse. L'heure tourne. Il est 19h. L'heure de la consécration. (je vous l'avais bien dit…)

Sous un chapiteau noir de monde, le maire d'Épinal et quelques personnalités locales remettent les prix des Imaginales. Si Jean-Philippe Jaworski est plébiscité par le public pour son deuxième grand prix, les membres de CoCyclics ont un pincement au cœur à l'annonce du nom de Cindy Van Wilder "Blackwatch", pilier du collectif depuis ses débuts. Son roman Les Outrepasseurs, est élu par le jury Prix Imaginales en catégorie jeunesse.

Le cocktail qui s'ensuit terminé, un mouvement est entamé vers l'île centrale d'Épinal.

36, quai des orfèvres. Ah non, ça c'est la PJ.
Donc sur la « Pizzeria du quai », nous étions 36 grenouilles.

De table en table, nous refaisons le monde, la Mare (petit surnom du forum), parlons de nos rencontres, de nos projets. Cindy est une nouvelle fois acclamée, la réussite du collectif plébiscitée.

Il est minuit quand nous sortons du restaurant. Il ne pleut pas. Le séjour se termine bien.

Le lendemain, tout le monde fait ses valises et part, les uns après les autres. Le rideau se baisse peu à peu. Mais tout n'est pas fini.
En début d'après-midi, Le Club Présences d'Esprits annonce les résultats du match d'écriture de l'avant-veille. La surprise et les sourires envahissent les visages des grenouilles présentes dans la salle. Anaïs, Ereneril et Francis Ash remportent le prix, d'une très très courte tête. Tout juste une antenne de libellule…

Il faut rentrer.
Une dernière pour la route ?
Lionel (Behra) et Cindy (Blackwatch), aux côtés d'Ayerdhal et de Bernard Simonay, participent à l'ultime conférence qui clôt cette grande édition.

À l'année prochaine, avec toujours plus de romans, plus d'auteur·e·s, plus de bonne humeur et de bonnes nouvelles !

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