mercredi 27 avril 2011

Une Conteuse à Mons



L'ambiance de Trolls et Légendes !


D'abord, un petit mot sur Mons dont nous pouvons désormais louer l'accueil et la gentillesse des habitants : c'est une ville où présent et passé se côtoient sans relâche.
Il faut au moins voir la collégiale, le beffroi, et bien sûr, s'informer sur la Ducasse de Mons, les fêtes de mai-juin (chef-d'œuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité pas moins !), où Saint Georges combat le dragon.

Le dragon, les dragons, qui forment le thème du festival cette année.

Et nous voilà aux portes du festival. Nous n'y sommes pas seuls : ici un troll, là une elfe noire, des guerriers par dizaines, quelques pirates, beaucoup de mages, de nombreuses fées de tous âges. Le seigneur du Mordor s'est déplacé, ce qui explique sans doute les gobelins porteurs d'armes effrayantes qui accompagnent ce marchand d'esclaves. Heureusement, Gandalf est là lui aussi, qui parle à son oiseau de proie aux yeux attentifs.
Ainsi accompagnés, nous pénétrons dans le marché fantastique. On se croirait ... ailleurs. Vous cherchez une arme, une épée à deux mains, une hache ? Une potion dans un joli flacon ? Un dragon d'épaule ? Un grimoire pour vos prochains écrits ? Un champignon magique ? Des herbes ? Une baguette de chez Olivander ? Il vous suffit de regarder les échoppes ! Les oreilles d'elfe y font un malheur.

Du côté des livres, les queues pour les dédicaces se forment déjà. Robin Hobb est très sollicitée, bien sûr. Nous apercevons les grenouilles qui dédicacent : salut à NB, Beorn et Gaby (Cécile Duquenne) ! Voici Garulfo qui passe. Elle a son appareil, nous aurons de belles photos !


Cécile Duquenne
CC-BY-SA 3.0 - Harmonia Amanda


Ensuite, ensuite, il faut choisir entre les projections d'animes, de courts métrage, de films, les présentations et les activités à l'extérieur : qui veut d'un combat à l'épée, ou peut-être s'essayer à l'arbalète ?
Une petite pause pour un pain-saucisse et une petite bière ? Une gaufre peut-être ?
Puis on va saluer les fans de jeux dans la salle qui leur est réservée.

Et on replonge dans la foule de plus en plus nombreuse pour découvrir de nouveaux livres, craquer pour un titre, demander une dédicace ici ou là. Encore des grenouilles ! On se retrouve ce soir au restaurant ? Ça a marche !

Allez, maintenant, vite au concours de costume, en attendant la conférence de Robin Hobb.
Quoi, déjà si tard ? La journée est passée trop vite !



L'équipe de Tintamarre tient à remercier Conteuse pour son chouette compte-rendu !
Et AEdelaeh et Garulfo pour les photos :)

lundi 11 avril 2011

Des auteurs et des grenouilles

Le 19 mars 2011, pendant que la foule s’amassait devant les stands du salon du livre à Paris, le collectif CoCyclics se réunissait dans un lieu gardé secret, au milieu des livres et des bons petits plats, pour rencontrer deux auteurs d’expérience et de métier : Pierre Pevel et Ange, ou plutôt sa moitié masculine, Gérard Guéro.

Pierre Pevel et Gérard Guero


Durant 2h30, ceux-ci ont raconté leur histoire avec franc-parler et humour : leurs débuts, leurs réussites, leurs échecs, ce dont ils étaient fiers, ce qu’ils avaient appris en 20 ans de métier, ils le transmettaient à présent aux membres de CoCyclics. Leur objectif était révéler, au moins en partie, la réalité que vivent les écrivains de l’Imaginaire aujourd’hui, de ne pas bercer d’illusions les apprentis auteurs auxquels ils parlaient. Ils ont abordé le milieu de l’édition, la durée de vie d’un livre, la pugnacité, la foi et un certain goût du risque que tout aspirant auteur devrait avoir s’il voulait faire de l’écriture son métier.

Une transmission de savoir qui s’est déroulée dans l’aisance et la convivialité, déclenchant de nombreuses questions et beaucoup d’éclats de rire. Plusieurs grenouilles ont alors réalisé que quelque chose de magique s’est passé cet après-midi-là, comme un rituel sacré dont les participants ressortent plus forts et plus soudés. La discussion a fini en apothéose quand Pierre Pevel et Ange ont reçu leur « gift bag » : des paniers remplis des cadeaux que chacun avait apportés en guise de remerciement.

Parmi le public : Elikya, Isaiah, Bélier et macalys


Qui sait ce qu’il adviendra de chacun des jeunes auteurs qui étaient présents ? En tout cas, Pierre Pevel et Ange ont ajouté quelques instruments de plus à leur kit de survie, ce jour-là et pour cela, nous les remercions encore de tout cœur.

Rassurez-vous, un compte-rendu détaillé sera bientôt transmis sur le forum à destination de toutes les grenouilles.

D’autres rencontres auront lieu, notre équipe de choc y travaille avec enthousiasme dans les eaux sombres du forum.



L'équipe du blog tient à remercier Garulfo pour l'article et pour son étonnante et efficace organisation ! Bravo !

samedi 9 avril 2011

En direct des comités de lecture !

Christophe Nicolas, membre du comité de lecture des éditions du Riez a initié un fil sur le thème "Comment plaire aux comités de lecture". Très vite, ce fil a été le lieu de nombreux échanges avec d'autres grenouilles de la mare (Mélanie, Cendrefeu, Aélys, Célia, Pandora) elles aussi membres de comités (Hydromel, Mille Saisons, Argemmios, Donner de la voix) qui ont partagé leur expérience.

En voici notre synthèse en 10 commandements.

Mais d'abord, Mélanie nous explique comment elle voit son rôle :

« Je suis une lectrice qu'il faut convaincre : je lis avec méthode (par habitude et pour remplir des fiches), je lis beaucoup (et malheureusement peu de merveilles), et enfin je lis avec une contrainte temporelle.

Au fil de ma lecture, je prends des notes sur les détails qui me font décrocher (moins qu'une bêta-lectrice) ainsi que sur la structure de l'intrigue (ça me permet de m'y retrouver à la fin dans l'histoire et voir de loin comment l'auteur a géré son scénario). »

Voici donc les 10 commandements de l'auteur qui veut soumettre son texte à une maison d'édition :

1. Dans le Grimoire Galactique des Grenouilles tu investiras.

1 bis. À fond tu le potasseras

1 ter. Par cœur tu l'apprendras

2. Les consignes de soumission et la ligne éditoriale de l’éditeur scrupuleusement tu respecteras.

Comme le dit Kira : « Quand tu veux travailler avec quelqu'un, il faut connaître un minimum la maison. »

Célia nous donne des astuces en cas de petit budget :

« Tu sacrifies le prix d'un bouquin neuf pour l’abonnement à ta bibliothèque en début d'année, et là, si tu as de la chance (soit avoir une bibliothèque bien alimentée), tu as ta dose de lectures en "grosses" maisons d'édition (Folio SF, Bragelonne, Gallimard, voire même Griffe d'Encre !) et le reste, tu le réserves aux petites maisons.

Même si tu ne peux t'offrir qu'un livre tous les mois ou tous les deux mois, sur le temps que ça te prend pour écrire et peaufiner ton livre, tu as largement de quoi connaître "un peu" de chaque maison d'édition.

Sans compter que les petits éditeurs communiquent volontiers sur les salons, et que tu peux leur poser toutes les questions qui te viennent à l'esprit.

Après, si tu n'as vraiment pas les moyens de lire, il y a une multitude de sites (les Dissections batraciennes, le Cafard cosmique, ActuSF, et d'autres) qui t'offrent des critiques des livres de ces maisons. C'est toujours une solution, pas la meilleure, mais elle existe. »

3. Les petits éditeurs tu respecteras.

Christophe Nicolas prévient :

« Les petits éditeurs lisent généralement tout ce qu’on leur envoie (ce qui n’est pas toujours le cas des maisons plus grandes). Ils ne sont pas plus cons que les autres : si c’est mauvais, ils refusent ! Ils sont peut-être même plus exigeants que les autres : ils jouent leur survie à chaque publication.

Se dire « oh, ça ira bien pour les éditions Rikiki, c’est pas Gallimard, quand même » est un mauvais calcul, car les éditions Rikiki liront votre manuscrit et risquent même de retenir votre nom (contrairement à Gallimard). Après, ce sera plus dur de leur refourguer la version améliorée ou autre chose. »

4. Un manuscrit abouti tu enverras.

Là encore, Christophe Nicolas recommande de soigner le manuscrit envoyé :

« Si vous avez le moindre doute sur la qualité de votre roman, ne l’envoyez pas et retravaillez-le.

Un bon roman prêt à envoyer, c’est (d’après moi) lorsque l'auteur ne peut plus ni enlever ni ajouter quoi que ce soit sans nuire à la qualité de l’œuvre. C’est lorsqu’il voudrait le faire lire à tout le monde tellement il est fier de ce qu’il a écrit. S’il sait au fond de lui que tel passage n’est pas terrible et que tel rebondissement est tiré par les cheveux, ou s’il éprouve de la honte à l’idée que son texte puisse être lu par son chéri, sa tante ou son vieux prof de français, alors il doit le retravailler. »

5. Ton syno et ta lettre de présentation, tu soigneras.

Cendrefeu nous conseille vivement de soigner "l'emballage" du texte, et pas seulement le texte.

Pour Aélys, un bon synopsis et une lettre d'accompagnement claire et efficace font beaucoup. Pas tout, bien sûr, mais ça met le lecteur dans de bonnes dispositions. Elle nous dit : « Je lis la lettre d'accompagnement quand il y en a une, ça me donne déjà une idée (l'auteur connaît-il le milieu, la maison, fait-il attention aux consignes ?) »

Cendrefeu confirme :

« Le synopsis, ce sont quelques lignes qui éclairent énormément sur la qualité du manuscrit, ce avant même d'avoir lu la moindre ligne du manuscrit en question. Quand je reçois un bon synopsis, en principe je sais que le manuscrit aura des chances d'être bien écrit (parce qu'un synopsis est un exercice difficile) et je commence la lecture dans une tout autre optique qu'avec un "résumé-synopsis" mal dégrossi qui m'a déjà dégoûtée de l'histoire avant de la commencer. »

6. Sur la forme irréprochable tu seras : ton Bescherelle tu chériras, Antidote et repetition detector tu installeras, sans relâche tu te reliras.

Sinon, votre manuscrit tombera des mains du lecteur.

Christophe Nicolas nous dit qu' « on se rend rapidement compte si un texte est écrit en français ou pas. Des fautes d’orthographe, de grammaire, des phrases mal tournées et incompréhensibles, et c’est fini. »

Cendrefeu nous précise que la forme du texte conditionne sa façon de lire :

« Texte auquel je n'ai rien à reprocher sur la forme, et qui de plus éveille mon intérêt : je poursuis la lecture et en général je lis jusqu'au bout. Texte bourré de fautes, de tournures de style compliquées et tordues, gros écueils sur la forme, hors ligne éditoriale, fanfiction à la Harry Potter (j'ai déjà eu...), essai philosophique (déjà eu aussi...), etc. J'arrête ma lecture ici et rédige une fiche de lecture, en motivant mon refus. Je relève même quelques phrases du texte pour illustrer mes propos, en principe. »

7. CoCyclics et la bêta-lecture tu n'oublieras pas.

Pour Mélanie, c'est indispensable :

« Lorsqu'on donne des conseils en bêta-lecture, j'en connais qui disent qu'on frise le pinaillage. En comité de lecture, ils sont d'autant plus importants. Ce qui pour un simple lecteur fait lever une brusque pensée "bizarre tout ça", en comité, c'est la prise de note assurée et on ne brise pas mieux une lecture. Il faut alors que le texte soit totalement "propre" pour le lire calmement et oublier sa casquette de lecteur-juge. »

8. Ton début jusqu'au sang tu travailleras.

C'est Mélanie qui nous le dit (et elle a même des astuces !)

« D'habitude, j'ai besoin de lire juste quelques pages pour me forger une bonne image du style et du niveau de l'histoire. À ce stade, j'ai déjà une idée de l'avis que je vais donner. C'est une chose qui m'aurait étonnée avant, mais je ne change presque jamais d'avis en continuant à lire. (Pour les nouvelles, je trouve ça plus compliqué, en revanche.)

Une astuce : travailler ses débuts jusqu'au sang. Ce que je fais (mais vraiment très souvent), c'est de lire les quelques premières lignes d'un manuscrit, dès que je le reçois. Le temps que j'y revienne sérieusement quand mon emploi du temps le permet, je garde cette première impression. Si elle est mauvaise, c'est assez dommage et d'autant plus dommage que je la garde assez longtemps. Lorsque j'y retourne, j'ai en tête un "le manuscrit qui commence mal" ou "le manuscrit qui m'a l'air un peu confus"… Ça conditionne malheureusement la façon avec laquelle on s'y replonge. Parce qu'on cherche alors à retrouver les repères qu'on s'est défini. »

9. Les clichés et les "ventres mous" à tout prix tu éviteras.

Aélys prévient :

« Il est déjà arrivé qu'à la moitié du manuscrit, j'abandonne, car finalement on retombe dans du cliché, une action qui se traîne, de grosses longueurs, des personnages plats, etc. Bref, pleins de petites choses qui me sortent complètement de l'histoire et qui me conduisent à rédiger une fiche de lecture.

En fait, une grosse partie des manuscrits entrent dans les "moyens", objectivement bons mais qui ne m'intéressent pas plus que ça. Dans ce cas, selon la qualité du style, la complexité de l'intrigue et les personnages, ou encore l'originalité du monde, je peux soit demander une nouvelle lecture pour confirmer (ou non) mon avis, soit le poser et faire une fiche encourageante. »

Mélanie nous parle des clichés et des ventres mous :

« On dit parfois que ce qui est mal ce ne sont pas les clichés, mais les clichés mal exploités. En Comité de lecture, on fait plus difficilement ce genre de distinctions. Il faut se dire que si l'on rencontre beaucoup d'intrigues stéréotypées dans les librairies, on s'y noie en comité ! On en voit sans cesse, des clichés, et pas des mieux défendus. Si bien que membre de comité de lecture développe rapidement une réaction instinctive et épidermique dès qu'on en rencontre un. Cela peut même aller jusqu'à de petits coins de l'intrigue : un morceau de scénario qui fait déjà-vu, fait aussi peu-travaillé.

Pour peu que son emploi du temps fasse des caprices, le lecteur va très mal voir ce qu'on peut appeler "les ventres mous". C'est ce qui arrive quand l'histoire fait du sur-place. Difficile de s'ennuyer quand on a des délais à respecter. Dès qu'un passage semble ne rien apporter à l'intrigue, la tentation de lire en diagonale devient grande. "Voyons voir si ça avance à la page suivante…" Et c'est pire si : "Oh ! Génial, il ne se passe toujours rien ! Allez, je saute dix pages !" (Je décris les mauvais penchants auxquels nous sommes confrontés. Bien sûr, nous, nous sommes sérieux et consciencieux. Et ce qui prévaut finalement, c'est bien la qualité du texte.) »

10. En cas de refus, surtout détaillé, ton manuscrit tu retravailleras. Si tu y crois !

Christophe Nicolas conclut :

« Il faut savoir que je reçois une majorité de manuscrits moyens, voire très mauvais. Le "vraiment bon" saute d’autant plus au visage. Mais c’est vrai qu’il s’agit d’un avis subjectif. Il y a aussi les textes objectivement sans défaut, mais qui ne m’ont pas transporté. Dans ce cas, je rédige une fiche positive mais pas dithyrambique : les lecteurs suivants et l’éditeur décideront.

Un manuscrit vraiment bon emportera l’unanimité du comité presque automatiquement : depuis que je fais partie du comité de lecture du Riez, j’ai lu une centaine de manuscrits. Les quatre qui m’ont vraiment plu (que des points forts) ont tous été publiés (ou vont l’être prochainement). »