lundi 28 décembre 2015

Les Baleines célestes d'Elodie Serrano

Après la fin de son cycle et avoir obtenu l'estampille CoCyclics, Élodie Serrano a accepté de répondre aux questions concoctées par illiane pour Tintama(r)re.
[Pour un petit rappel du fonctionnement des cycles, c'est par ici !]

Logo de l'estampille CoCyclics

Bonjour Élodie : félicitations pour ta fin de cycle !
Merci, il était temps que je termine.

Tout d'abord, est-ce que tu peux nous pitcher un peu ton roman, les Baleines célestes ?
Oui, bien sûr :
À trop vouloir bien faire, on commet des bévues, par exemple laisser filer une baleine céleste, créature destructrice s'il en est. Alexandra Levisky et son équipage se jettent dans le sillage de la fuyarde. Pour l'empêcher d'atteindre le cœur historique de la galaxie, une seule solution : titiller sa corde sensible.

Quelles ont été tes inspirations sur ce projet, autant littéraires que visuelles ?
Hum, la réponse risque d'être décevante.
Je n'ai pas vraiment eu d'inspiration directe. Les deux points de départ ont été l'envie de parler d'un groupe de personnages un peu boulets, un équipage maladroit qui voguerait de bêtise en bêtise. Puis le titre m'a sauté dessus, les Baleines célestes. Je trouvais cette idée d'une créature si massive qui volerait dans l'espace fascinante et merveilleuse. Ensuite, j'ai travaillé à réunir les deux idées qui ne semblaient pas forcément aller en ensemble en premier lieu.
Ce n'est qu'après avoir écrit mon roman que je n'ai découvert que les baleines de l'espace, c'est assez populaire comme idée en fait. Comme par exemple dans un épisode de Docteur Who, ou pas mal d'illustrations (l'une de mes alpha-lectrice ne manque jamais de me les faire découvrir quand elle en trouve une).

Ton roman a obtenu l'estampille CoCyclics en octobre dernier. Comment s'est déroulé ton cycle ? Y a-t-il une phase que tu as préférée ? Quelle a été ta méthode de travail au cours de ton cycle ?
Ce fut long (deux ans, soit deux fois plus long que ce que j'anticipais en termes de durée) et difficile.
Quand j'écris un texte, je suis assez fière du résultat, toujours. Puis quand on me dit ce qu'il ne va pas, je tombe dans l'excès inverse, soit de penser que c'est vraiment nul. Du coup, mon cycle a consisté à osciller entre fierté du travail accompli quand j'ai soumis et terminé les P2 et P4, et déprime intense face aux retours de P1 et P3, où je considérait au final que c'était vraiment bon à jeter. Je suis assez extrême dans l'émotion je pense.
Ma phase préférée a été la P2. J'ai pas mal refondu le texte, supprimé des scènes, ajouté de nouvelles. Un travail de gros œuvre qui a su laisser libre cours à ma créativité pour trouver des solutions aux problèmes soulevés. Cet aspect était moins présent en P4, où j'ai du travailler plus dans le détail, un travail d'orfèvre qui n'est pas vraiment ma tasse de thé, même s'il faut bien en passer par là.
Pour la méthode de travail, j'ai commencé par relire mon roman en début de P2, pour me construire un scène-à-scène sous Excel. Ainsi, en P2 comme en P4, j'ai pu créer une nouvelle fiche et noter sur chaque scène le sort qui lui serait réservé en fonction des remarques de mes bêtas/alphas. Une fois établi mon plan d'attaque, je n'avais plus qu'à m'y atteler, scène à scène. Je pense que cette méthode est plutôt efficace pour moi et je la conserverais pour mes prochains romans.

Dans ton roman, Nathan est un naturaliste passionné par les baleines célestes. Est-ce que ce personnage t'as été inspiré par ta propre passion des animaux ?
Pas le moins du monde.
Nathan est arrivé dans l'histoire comme personnage outil. Un spécialiste de l'espèce qui ne devait, au début, que servir à apporter quelques informations sur les baleines, histoire de ne pas lancer l'équipage trop à l'aveugle dans leur course-poursuite de la créature.
Puis il a pris de l'ampleur bien malgré moi, et gagné son propre point de vue en phase de P2. Pour tout dire, il a fini par surpasser dans mon cœur un autre des personnages du trio principal, Conrad.
Par contre, il est clair que je me suis projeté dans le personnage, pour le côté curieux, scientifique passionné par le vivant, parfois un peu en décalage. Mais pas plus que je n'ai donné à Alexandra certains de mes traits. Même Conrad a bien du prendre de moi, quelque part. J'imagine.

Ton roman appartient à un style un peu inhabituel vu qu'il s'agit d'un space-opera humoristique. N'a-t-il pas été trop difficile de mêler les deux genres ?
Ce n'est pas tant l'aspect space-opera que l'action qui pose souci.
L'introduction d'humour reste délicat, car si l'on veut faire rire, on ne peut pas faire rire n'importe quand. Une blague mal placée, et toute la tension de l'action tombe à plat. C'est ce mariage-là qui a été délicat à manier. En résulte un roman au ton léger, mais on est loin de l'action endiablée aux blagues alignées comme si la vie de l'auteur en dépendait que l'on peut retrouver chez Pratchett.
Sur cet équilibre, l'aide des bêtas a été précieuse. Elles m'ont vraiment permis de cerner les moments où l'humour allait à l'encontre de la progression de l'histoire, afin de mélanger au mieux les deux sans que l'un vole la vedette à l'autre.

Maintenant que tu as terminé ton cycle, tu t'es engagée sur le chemin de l'édition. Comment as-tu ciblé les maisons d'éditions auxquelles tu as envoyé ton roman ?
La question piège. J'avoue être un peu en difficulté sur ce point.
D'une part, parce que la SF n'est pas forcément autant demandée que la fantasy par les maisons. D'autre part parce que j'y ajoute un ton léger qui n'est pas forcément la tasse de thé de tous les éditeurs. En gros, je pars avec un énorme handicap.
Du coup, j'ai pris le Grimoire Galactique des Grenouilles, j'ai coché toutes les maisons qui font de la SF, puis j'ai trié pour voir ceux qu'un peu d'humour pourrait intéresser. Ça ne me fait pas une liste monstrueuse d'envois, mais la légende raconte qu'il suffit d'un seul "oui".

Une dernière petite question pour la route ! En parallèle de tes envois, quels sont tes autres projets en cours ?
Je continue à écrire des nouvelles, inlassablement. J'ai déjà 5 textes à paraître en 2016, ce qui commence à faire une jolie présence dans le monde de la nouvelles je trouve.
Sinon, j'ai participé au NaNoWriMo en Novembre dernier et je devrais bientôt m'atteler aux corrections. Il s'agit d'un pulp, un space-opera, encore un, avec des dinosaures qui parlent et se rebellent contre leurs créateurs. Le personnage principal, jeune femme qui ne faisait que passer par là, se retrouve propulsée au milieu de tout ce bazar et se retrouve porte parole officiel de la cause, rien que ça. Je me suis bien amusée avec, même si j'ai pas mal de gros œuvre qui m'attend pour le faire maigrir dans un format novella plus dynamique.

Merci encore Élodie pour tes réponses et bon courage pour la suite !

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lundi 21 décembre 2015

Interview sur la collection E-courts des éditions Voy'[el]

Aujourd'hui, nous accueillons Manon Bousquet et Tesha Garisaki, qui ont accepté de nous parler de leurs fonctions de co-directrices de la collection « E-courts » des éditions Voy'[el]. Merci à Luxia d'avoir orchestré cette interview !

Logo des éditions Voy'[el]


Avant toute chose, pouvez-vous nous présenter Voy'[el] ?

Voy'[el] est une maison d'édition fondée en 2009 par Corinne Guittaud, axée principalement sur l'imaginaire positif et le rêve. Elle publie de la littérature SFFF, à destination des adultes jusqu'ici (mais une collection jeunesse devrait bientôt voir le jour), ainsi que des art-books. Les romans, anthologies et artbooks sont publiés aux deux formats papier et numérique, les nouvelles et novellas le sont uniquement au format numérique (collection « E-courts »), de même que les œuvres LGBT (romans, nouvelles et novellas, réunis dans la collection « Y »).


Et E-courts ?

E-courts est la collection dédiée aux nouvelles, novellas et séries, créée par Aude Bourdeau en 2013. Il s'agit d'une collection majoritairement numérique, même si des anthologies ou des intégrales de séries peuvent être proposées en impression à la demande.


Maintenant, parlons un peu de vous : quand et comment en êtes-vous arrivées à ce poste ?

MB : Je suis arrivée en septembre 2014. Aude Bourdeau (la créatrice de la collection) avait besoin d'aide, et m'a proposé, ainsi qu'à une connaissance partie depuis, d'occuper ce poste de codirectrice. Et puisque j'adore cumuler plein de trucs en même temps, j'ai dit oui.
TG : De mon côté j'avais le projet de monter une maison d'édition depuis très longtemps, du coup j'ai suivi une formation de correctrice et obtenu un diplôme de gestion d'entreprise, tout en travaillant bénévolement, ou à titre professionnel, pour pas mal de maisons d'édition. J'ai endossé plusieurs casquettes pendant plusieurs années : correctrice, maquettiste, membre de comité de lecture, directrice de collection... Quand Voy'el est devenue une SARL, j'en suis devenue actionnaire et ai intégré ses comités de lecture. Quand la place de codirectrice d'E-courts est devenue vacante, en janvier 2015, je l'ai reprise.


Aviez-vous déjà une connaissance du monde de l'édition lorsque vous avez débuté ?

MB : Une petite. J'ai suivi une formation en correction, je possède des bases de maquette éditoriale, et j'avais déjà dirigé une anthologie.
TG : C'était mon métier.


Pour les lecteurs qui ne seraient pas familiers du monde de l'édition, pouvez-vous expliquer rapidement quel est votre rôle en tant que co-directrices de la collection E-courts ?

Nous recevons les textes, les transmettons au comité de lecture, assistons aux délibérations du comité de lecture, puis nous tranchons en faveur ou non d'une publication. Puis, nous avons en charge les phases de correction éditoriales (direction littéraire, correction orthographique et typographique), la maquette et la couverture, la création des fichiers numériques et leur envoi au diffuseur. Puis vient la phase de promotion, via les réseaux sociaux, les services presse ou encore les concours.


De toutes ces tâches, laquelle appréciez-vous le moins ? Et au contraire, laquelle préférez-vous ?

MB : Mon côté monomaniaque aime les maquettes, et les choix de couverture. Et si j'adore découvrir de nouveaux textes et les voir prendre leur envol, la deuxième phase de correction et au-delà me deviennent vite fastidieuses.
TG : C'est difficile à dire... Les couvertures m'amusent. En revanche, je trouve laborieuse la première phase de correction, quand il faut organiser la réécriture du texte.

Couverture de "Chrysalide" d'Ivan Kwiatkowski


Vous êtes toutes les deux également auteures. Pensez-vous que cette fonction de co-directrices de collection ait changé votre rapport à l'écriture et à la lecture ? Si oui, de quelle manière ?

TG : Je dirais que travailler dans l'édition en général aide à prendre du recul par rapport à son travail. Personnellement, ça m'a rendue plus exigeante envers moi-même.
MB : Oui, c'est plus une globalité, à force de lire d'autres personnes, de travailler avec elles, on se rend compte de ses propres faiblesses. Ça a également changé ma manière de recevoir les corrections, par exemple la gestion des remarques un peu intrusives.
TG : Ça aide également à corriger ses propres textes : avant de soumettre, tu sais déjà ce qu'on va te demander de corriger.


Maintenant que nous en savons un peu plus sur vos postes et vos parcours, je propose de revenir sur la collection dont vous avez la charge. Pour commencer, pourquoi avoir choisi de faire d'E-courts une collection entièrement numérique ?

Principalement pour des raisons financières. Une nouvelle coûterait trop cher à imprimer puis à diffuser : le prix serait trop élevé pour que les gens achètent. De plus, le numérique se prête volontiers au format court, pour lire un texte le temps d'un trajet en bus, par exemple...


Globalement, d'où viennent les œuvres publiées : d'appels à textes, de soumissions ouvertes, de démarchage d'un auteur apprécié ?

De soumissions uniquement.


D'ailleurs, pouvez-vous nous parler un peu du processus de sélection des œuvres publiées ? Quels sont les critères que vous utilisez pour trancher ?

Le respect de la ligne éditoriale ! Un enthousiasme unanime du comité de lecture est un atout majeur, ainsi que la qualité du style et l'originalité de l'histoire. Les nouvelles sont publiées à l'unité, donc il faut qu'elles offrent vraiment un quelque chose de particulier, des idées, un rythme...


Maintenant, nous avons un peu de contexte, nous allons pouvoir passer aux choses intéressantes et parler chiffres et statistiques. Combien d'œuvres compte actuellement la collection E-courts ?

Alors... 13 nouvelles, 1 novella et 1 série.


Pour combien de textes reçus en soumission ?

Depuis septembre 2014, 102, donc près de 200 depuis la création de la collection.


Au niveau des ventes, que pouvez-vous nous dire sur la collection E-courts ? Est-elle rentable ?

Non, pas vraiment. Elle dégage bien quelques bénéfices, mais négligeables comparés à l'investissement nécessaire. C'est un problème récurrent des nouvelles : ce n'est pas rentable.

Couverture de "La Brigade des loups, T1" de Lilian Peschet


Y a-t-il des nouvelles qui se vendent mieux que les autres ?

La série La Brigade des Loups de Lilian Peschet se vend très bien. Chrysalide (Ivan Kwiatkowski) se vend bien également, avec une vingtaine de ventes, et Caver Den (Xavier Portebois) a réalisé un bon démarrage avec une quinzaine de ventes en un mois. Globalement, les nouvelles qui ont été soumises à des offres promotionnelles (réduction ou gratuité) s'écoulent également mieux que les autres, jusqu'à 80 exemplaires.


Bien, je crois avoir épuisé mes questions. Merci pour votre disponibilité, Manon et Tesha, et je vous laisse le mot de la fin : avez-vous un dernier message à faire passer aux lecteurs, aux aspirants auteurs qui seraient intéressés par rejoindre le catalogue d'E-courts, ou encore aux aliens ?

MB : Faites vivre les collections dans lesquelles vous voulez être publiés !
TG : Je conseille aux lecteurs de nous lire pour nous découvrir, aux auteurs de nous lire pour bien cerner notre ligne éditoriale, et aux aliens de nous lire pour se faire une fausse idée de notre civilisation.


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mardi 17 novembre 2015

Dans la tête d'une nouvelliste : Sylvie Lainé

Après la création de la nouvelle rubrique « Dans la tête d'un·e nouvelliste » et la publication d'une première interview avec Lionel Davoust en avril dernier, l'équipe Tintama(r)re est ravie de vous présenter un second volet, consacré à une auteure 100% nouvelliste.
Il s'agit, vous l'aurez deviné, de Sylvie Lainé, qui a très gracieusement répondu aux questions de Hatsh*.
Non seulement Sylvie Lainé écrit des nouvelles et des novellas, dont plusieurs ont été récompensées entre autres par le GPI et le prix Rosny aîné, mais elle intervient aussi régulièrement en festivals dans des tables rondes décortiquant ces formats. Ses histoires nous parlent de points de vue et de rencontres, désirées ou inattendues ; des thèmes précieux par les temps qui courent. Quatre recueils sont disponibles chez ActuSF et une nouvelle graphique chez Organic éditions. Pour lire ses autres textes, à vous de faire la chasse aux trésors dans les revues et les anthologies !

Sylvie Lainé, aux Intergalactiques 2015
Intergalactiques 2015, Lyon.

Bonjour et merci de prendre le temps de répondre à nos questions ! Vous êtes l'une des rares auteur·e·s 100% nouvellistes, avec deux novellas à votre arc : d'où vient votre attachement à ce format ?

Par la force de ce que permet d'exprimer le format court, sans doute en obligeant le lecteur à construire tout ce qu'on ne lui raconte pas. Une nouvelle bien faite, c'est une merveille d'immersion brutale et décoiffante. Parfois, en tant que lectrice, le format long m'ennuie un peu – un roman ou un cycle peut permettre de développer une familiarité avec le monde que l'on vous y propose, jusqu'à ce que l'on s'y sente chez soi - mais ce n'est pas ce que je recherche en priorité dans la SF, j'y cherche plutôt l'étrangeté du dépaysement.


Pour vous, y a-t-il des codes incontournables de la nouvelle à respecter et/ou à détourner ?

Il y a une règle à mes yeux qui compte encore plus pour la nouvelle que pour le roman : il ne faut jamais trop expliquer ni trop raconter. Il faut donner à vivre et à ressentir. Le fameux « Show, don't tell ». Disons que c'est une règle que l'on peut contourner, mais ça devient vite périlleux… Sinon, les règles du théâtre fonctionnent bien aussi : unité de temps, unité d'action. Difficile de raconter une histoire qui s'étend sur des décennies, difficile de multiplier les péripéties et les personnages, car sinon il y a un risque réel de produire un genre de résumé de roman qui ne fonctionnera pas en tant que nouvelle.


Comment travaillez-vous une nouvelle ? Suivez-vous ou avez-vous des rituels, des contraintes de temps ou de narration, des techniques d'écriture particulières ?

Pas de rituels, ni d'horaires, ni de règles, parce que ce qui m'intéresse c'est surtout de faire à chaque fois quelque chose de différent, sur un nouveau principe. Des choix préliminaires qui peuvent être difficiles : dans la peau de quel personnage vais-je être ? L'histoire sera-t-elle écrite à la première ou à la troisième personne ? Le récit est-il au présent ou au passé ? Ce ne sont pas de simples questions formelles. Cela change complètement le ressenti de l'histoire.


On vous présente comme une auteure de SF, pourtant un certain nombre de vos nouvelles a peu à voir avec la SF, mais plutôt avec le fantastique (La Bulle d'Euze, Un rêve d'herbe) ou même la blanche (Le prix du billet) : le genre s'impose-t-il au fil de l'écriture ou bien est-il choisi au préalable ? Que permet de faire la SF que ne permettent pas d'autres genres ?

C'est l'histoire qui choisit son genre. La plupart de mes histoires m'emmènent vers la SF, mais certaines vont ailleurs. Le Prix de billet comportait déjà en lui-même le principe du changement de point de vue, bien que effectivement ce soit de la blanche (c'est rigolo, j'ai l'impression d'être un dealer). Donc inutile de faire appel à la SF pour cette nouvelle-là. Mais la SF est idéale pour renouveler les questions, en changeant la manière dont on les pose.

Couverture du recueil Espaces insécables


Vous avez publié de très nombreuses nouvelles (combien, d'ailleurs ? ^^ ) et deux novellas, mais seulement quatre recueils. Dans les interviews publiées sur le site d'ActuSF, vous précisez que chacun possède un fil rouge ou un thème : le poids du regard pour Le Miroir aux éperluettes (2007), le choix pour Espaces insécables (2008), l'Autre pour Marouflages (2009), l'univers du space-opera pour L'Opéra de Shaya (2014). Chacun est préfacé de manière élogieuse (respectivement, Jean-Claude Dunyach, Catherine Dufour, Joëlle Wintrebert et Jean-Marc Ligny). Comment avez-vous choisi la composition de ces recueils ? Les préfaciers et préfacières ont-ils/elles participé à cette composition ?

Eh, oh, ça fait 3 questions ! (ça fait combien de questions en tout, du coup ? ^^ ) Bon, je viens de regarder ce qu'en dit la nooSFere, je dois avoir écrit une quarantaine de nouvelles, disons entre 40 et 50. J'ai composé les premiers recueils avec une proportion importante de textes déjà publiés (en revue, dans des anthologies) et devenus indisponibles, et la proportion d'inédits ou de textes très récents est allée en augmentant au fil du temps. Les préfaciers qui m'ont fait l'honneur et le plaisir de présenter les recueils sont intervenus alors que les recueils étaient déjà composés. (Et, curieusement, je n'ai pas cherché à solliciter des auteurs qui détestaient mes textes).


Vos nouvelles sont rarement « à chute », elles offrent plus souvent une résolution suivie d'une fin ouverte (Fidèle à ton pas balancé, Le Passe-plaisir, Grenade au bord du ciel) : est-ce délibéré ?

Même une nouvelle à chute peut toujours comporter une fin ouverte : une fin ouverte sur un après. Le monde ne s'arrête pas à la fin de l'histoire. Il y a un nœud ou un conflit dans le récit qui a été résolu, ou bien le point de vue que l'on a sur l'histoire a changé. Et après, la vie continue, on l'entrevoit derrière la fenêtre, après le mot fin. J'aime bien prendre le lecteur par la main et l'emmener en voyage, mais je déteste l'enfermer dans un train verrouillé – surtout quand on arrive au terminus.


L'un des textes parus dans L'Opéra de Shaya avait d'abord été écrit et publié dans l'anthologie Contrepoint dirigée par Laurent Gidon (Petits arrangements intergalactiques), qui avait pour ambition de présenter une anthologie sans conflit. Est-ce difficile d'écrire sans conflit en SFFF et dans des nouvelles ?

Ça dépend ce qu'on appelle un conflit. Pour une bonne histoire il faut des difficultés et des péripéties, des surprises, et pas seulement celles qui sont enrobées dans un Kind… dans du chocolat. Cela se fabrique avec des incompréhensions, des conflits d'intérêt, des conflits d'interprétation, des drames. Je peux l'avouer maintenant, j'ai réussi à ne mettre aucun conflit dans les Petits arrangements intragalactiques parce que le héros n'a pas d'interlocuteur avec lequel il pourrait entrer en conflit. Les Grocs sont peut-être intelligents, mais ils ne voient pas du tout l'intérêt d'une discussion avec le drôle de Sapinou qui va les soulager de leurs démangeaisons, comme doit le faire tout bon Sapinou. (Le narrateur, lui, se soucie d'un problème prioritaire et personnel). Et les petits arrangements sont bien INTRAgalactiques : on s'arrange entre voisins, on trouve des accommodements, on se rend des petits services.


Pour prendre une autre acception du conflit, celle du conflit narratif, avez-vous déjà essayé la narration sans conflit ? (par exemple : le kishōtenketsu)

Si je l'ai fait, c'est sans le savoir, comme Monsieur Jourdain.


Vous avez écrit deux novellas (Les Yeux d'Elsa en 2006 et L'Opéra de Shaya en 2014), toutes deux primées entre autres par le Grand Prix de l'Imaginaire : est-ce que cela a représenté un processus d'écriture différent ? Est-ce que ça a changé quelque chose à votre manière d'écrire des nouvelles ?

Les novellas ont eu un processus d'écriture différent, oui, parce que ce sont les seuls textes pour lesquels j'ai vraiment élaboré un scénario avant d'écrire. Ce sont des textes qui ont 3 niveaux de construction : le contexte (l'univers dans lequel l'histoire prend forme, ses règles), le scénario (les étapes du récit), et l'écriture, qui est la part où se fait l'immersion et où les personnages se mettent à exister. Je n'ai pas besoin de cela pour des nouvelles courtes, elles jaillissent sur tous les plans à la fois, avec moins de préméditation.


Quel rapport entretenez-vous avec les supports numériques ?

Je nettoie l'écran de ma tablette, j'essaie de ne pas oublier d'éteindre ma souris sans fil parce que sinon je dois changer les piles tout le temps, ça fait une éternité que je n'ai pas fait de sauvegarde sur ma station multimédia, et peut-être que je devrais faire un bisou au cloud ? Mais il reste très abstrait à mes yeux. Ai-je répondu à la question ? ^^


Quelle relation avez-vous avec votre lectorat ?

Je l'aime. Il m'aime. Nous nous aimons.
Sérieusement, avec les blogs, Facebook, les salons, les possibilités de dialogue et les retours que l'on a se multiplient, et c'est formidable. Je trouve complètement extraordinaire d'avoir touché des gens de tous les âges, de différents milieux, et du coup d'avoir pu échanger avec eux. Il y a ce moment un peu magique où la personne vous chuchote avec un peu de timidité : « en fait, celle que j'ai le plus aimé, c'est… » (c'est très variable, celle dont on me parle alors). Et en général, le lecteur continue : « vous savez, celle où… » et me la raconte un peu, en me regardant avec un peu d'inquiétude, car soudain il se demande si l'histoire que j'ai écrite (moi, cette parfaite inconnue qui me trouve à cet instant en face de lui) est vraiment à mes yeux la même que celle qu'il a lue – si je vais vraiment comprendre ce qu'il va m'en dire et ce qu'il a éprouvé.
Alors je suis toujours très heureuse à cet instant – c'est cela la magie des textes qui fonctionnent. Ils vous parlent à vous, d'une manière unique. Et face à un auteur qui m'a vraiment touchée, je ne peux que bredouiller lamentablement.

Couverture de L'Animal

Vous avez écrit un livre graphique avec Francis-Olivier Brunet et Philippe Aureille (L'Animal, Organic éditions, 2014) : est-ce une nouvelle ou une novella graphique ? Est-ce que c'était un défi ? Les nouvelles bénéficient parfois d'illustrations dans les anthologies, mais presque jamais dans les recueils : est-ce que mêler texte et image est évident pour un format court non-jeunesse ?

Ça fait encore 3 questions. Donc si on s'en tient à un strict critère de longueur du texte, c'est une nouvelle graphique. Un défi ? Oui, au sens où c'est une expérience que je n'aurais jamais imaginé faire un jour, et qui a été passionnante – et j'adore le résultat de ce travail à trois. Pour la 3e question, je ne la comprends pas. Évidemment ce n'est pas pour la jeunesse. Oui c'est du court. Mêler texte et image, c'est le principe même d'une nouvelle graphique – mais le principe de la collection ici est que c'est le peintre ou le plasticien qui commence, et que l'auteur intervient après, dans l'univers du plasticien. Donc c'est plutôt l'auteur qui « illustre » (avec un texte) les tableaux et les images. Il n'y a jamais d'évidence dans une collaboration, surtout quand chacun a son langage propre. Après, si la question concerne le positionnement marketing, elle devrait plutôt s'adresser à l'éditeur…


Pour finir : à quand le prochain recueil ? :D

Bientôt. Et puis aussi des nouvelles en revue, un lettre qui est un genre d'essai, la direction d'une anthologie prochainement… Des projets de toutes sortes, et j'adore ça.


Liens :


Note :

* Notre rédac' chef, qui a reçu 50 coups de fouet pour s'être trompée dans un titre et pour avoir confondu interview et shampoing "formule 3-en-1". [haut]

lundi 19 octobre 2015

Géante Rouge : interview de Patrice Lajoye

Au printemps dernier, Tintama(r)re inaugurait une nouvelle rubrique « Revues et zines francophones », avec une interview de Pierre Gévart, rédacteur en chef de Galaxies, réalisée par Guillaume Parodi.
Ce dernier s'est ensuite intéressé au fanzine Géante Rouge.



Créé en 2005 par Pierre Gévart, le fanzine Géante Rouge (site Internet) a longtemps publié des auteurs méconnus aux côtés d'écrivains confirmés. Le but de cette revue à publication annuelle est d'assurer un tremplin et d'offrir une visibilité à des auteurs dont la plume est encore naissante. Même si le fanzine préfère traditionnellement les textes de science-fiction, aucun genre n'est complètement omis et il est tout à fait possible de retrouver, au fil des publications, des textes fantastiques. Géante Rouge est aussi connu pour publier annuellement les meilleurs micronouvelles du concours des Pépins.
Toutefois, depuis le mois de septembre 2015 et devant l'afflux massif de textes soumis à son comité de lecture, le fanzine a fermé les portes de son appel à textes.

Curieux et curieuses d'en connaître plus sur cette publication qui fête sa première décennie d'existence, nous sommes aller poser quelques questions à son rédacteur en chef Patrice Lajoye. (NDLR : interview réalisée en mai 2015.)

Tintama(r)re : Combien de membres compte l'équipe de Géante Rouge au total ?
Patrice Lajoye : Dans les faits, en permanence trois : Pierre Gévart, le directeur de la publication, Ketty Steward, qui corrige les textes, et moi qui les sélectionne. Mais parfois nous tentons des choses, comme pour le numéro de 2013, pour lequel nous avions invité des blogueurs à participer à la sélection.

Géante Rouge est-il distribué uniquement en France métropolitaine ou aussi dans les départements et territoires d'outre-mer ? Avez-vous connaissance d'un lectorat francophone non français ?
La distribution de Géante Rouge suit celle de Galaxies, qui est bien distribuée. Et oui, il y a un lectorat francophone non français, notamment québecois.

Comment définiriez-vous la ligne éditoriale du fanzine ? A-t-elle évoluée au fil du temps ?
Depuis que j'ai pris en main Géante Rouge, la ligne éditoriale n'a pas varié. Il s'agit de publier avant tout de la SF (fantasy et fantastique peuvent être acceptés, mais plus rarement), et des auteurs débutants, qui se retrouvent à accompagner au sommaire un ou deux auteurs confirmés. L'idée de Géante Rouge est d'être un tremplin.

Quelle est la place du dossier inclus dans chaque numéro ?
Elle est importante, mais pas centrale non plus. L'expression « dossier » est d'ailleurs un peu inappropriée puisqu'il s'agit le plus souvent d'un entretien, aussi copieux que possible, accompagné d'une ou deux nouvelles inédites.

Couverture de GR n°23 (2015)


Depuis quand Géante Rouge propose-t-il une offre numérique ? Quels avantages ou désavantages y trouvez-vous ?
Géante Rouge est disponible en numérique, plus exactement en pdf. L'avantage est tout simple : le prix. Le numérique peut nous permettre de toucher des lecteurs qui n'ont pas forcément de gros budget.

À combien estimez-vous les ventes de Géante Rouge en version numérique ?
Je ne sais pas du tout : je laisse Pierre Gévart gérer les aspects commerciaux et comptables.

Est-ce que la revue demeure encore dépendante de la publication papier ou envisagez-vous le tout numérique comme le font certains grands périodiques comme Le Monde ?
Il y aura toujours les deux. Les moyens d'impression actuels font que l'on peut avoir une version imprimée sans que ce soit hors de prix. Et pour l'instant, je pense que les lecteurs préfèrent encore largement cela.

Parlez-nous des Pépins... Comment vous est venue l'idée de publier les résultats de ce concours dans votre fanzine ?
Les Pépins ont été initiés bien avant que je n'arrive à la direction de Géante Rouge. Ils ont été un temps publiés sous forme de livret, avant de l'être dans la revue. C'est finalement leur meilleure place, et cela évite de multiplier les supports.

Vous recevez un texte de la part d'un auteur. Quel sera le cheminement du texte au sein de votre équipe ?
Cheminement est un bien grand mot : je suis le plus souvent seul responsable de la sélection. Je tâche de lire tout, même si c'est dur car il arrive beaucoup de textes, certains d'ailleurs sans rapport avec ce que nous demandons. Cela représente en général plus d'une centaine de nouvelles, auxquelles il faut ajouter celles qui arrivent pour le prix Le Bussy, dont je suis membre du jury, et qui sont tout aussi nombreuses. Chaque texte accepté fait l'objet d'un travail éditorial, avec l'auteur. Et s'il s'en trouve un que je pense exceptionnel, je le soumets à Pierre Gévart pour Galaxies.

Percevez-vous un effet de mode dans les textes reçus ? Avez-vous vu au fil des années une évolution particulière quant aux genres et/ou sous genres des textes proposés ?
Pas vraiment. Même si je reçois une masse de dystopies, de récits post-apocalyptiques et d'histoires de zombies... C'est d'ailleurs un brin lassant. Mais ça n'empêche pas qu'il peut y avoir des choses excellentes dans ces domaines. Cependant, il devient difficile d'être original.


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lundi 12 octobre 2015

Convention CoCyclics 2015

Chaque année la Convention CoCyclics permet aux membres du forum de se réunir le temps d'un gros week-end, pour discuter, assister à des ateliers sur l'écriture et la publication, participer à diverses activités, se rencontrer, etc. Cette année, elle a eu lieu les 25-27 septembre au gîte de loisirs de Mery-sur-Seine et a rassemblé 49 personnes. Loin des réseaux internet et mobile, place à la détente et à la littérature SFFF !
Pour ce compte-rendu, l'équipe du blog a décidé de laisser la parole à des habitué·e·s et à de nouveaux membres du forum, ainsi qu'à l'équipe d'organisation.
Petit glossaire des surnoms donnés au forum et à ses membres :
  • Le forum : la Mare
  • Les membres du forum : les grenouilles
  • Les administrateurs : les Permanents ou les Oranges (dû à la couleur de leur pseudo)
  • L'équipe de modération de la section "Challenges 1er jet" : les capes violettes (due à la couleur de leur pseudo)
  • Les mascottes du forum : Super Grenouille, Super Reinette et Super Têtard.

Gîte de Méry-sur-Seine
©Gîte Loisirs de Méry-sur-Seine

Ifuldrita nous raconte sa première venue :
Ma première convention... Par où commencer ? Peut-être par « l'avant ». En m'inscrivant à la convention, je ne savais pas à quoi m'attendre. Est-ce qu'on allait passer le week-end à discuter de nos projets et d'autres choses autour de verres du fameux nénuphou (un peu comme dans les petites IRL que j'avais déjà faites sur Paris) ? Est-ce qu'on allait faire des courses en sautant dans des sacs à patates façon week-end d'intégration ? Résultat : un peu des deux et plus encore ! Effectivement, au programme : de belles rencontres avec des personnes maintes fois croisées sur le forum (« On s'entend bien sur la Mare, mais est-ce que ce sera la même chose en vrai ? ». Réponse : oui !) ainsi qu'avec de nouvelles ; des retrouvailles avec les quelques-unes que je connaissais déjà ; la découverte d'un fourmillement de projets plus alléchants les uns que les autres ; une course façon « La carte au trésor » version SFFF (oui, oui, j'ai couru !) ; des conférences et tables rondes ô combien enrichissantes ; un atelier quelque peu (non, en fait très) tardif où l'on fait de son mieux ; des parties de Loup-garous et moult autres jeux de société rondement menées ; un atelier pitchs ultra-stressant (où l'on se rend compte que venir juste avec un pitch, ça n'est pas suffisant).
Bien sûr, je vous l'ai faite version courte !
Ce que je retiendrai le plus de ce week-end à l'organisation impeccable ? Les yeux brillants d'enthousiasme des grenouilles, ma prise de conscience du boulot monstre qu'abattent toutes les équipes de la Mare, ainsi qu'une envie soudaine de me bouger pour terminer mes projets.
Merci à toutes les grenouilles pour ce qu'elles sont et à l'année prochaine, j'espère !

Têtard potté se drape dans sa cape violette pour nous avouer un complot (ou pas !)
L'équipe violette, doux surnom des modérateurs challenge 1er jet, était venue en force : Aramis, Arcane, Cyberlune, Ayalys et moi, soit cinq membres sur les neuf. Était-ce pour effrayer la modération générale, représentée par Anaïs et Valerianne, ou l'équipe de modération des cycles, représentée par Ardawal et Conteuse ? Nous resterons muettes sur le sujet et toute tentative pour nous faire parler (sans chocolat) se soldera par un échec !
De nombreux papotages nous ont permis de faire plus ample connaissance avec l'une de nos dernières recrues, Arcane, que nous rencontrions pour la première fois IRL. Nous avons également discuté travail. Les défis 2015 ont beaucoup inspiré les participants des challenges. Nous leur en réservons un dernier qui sera lancé à la mi-octobre. Placé sous le signe du frisson, celui-ci aussi devrait leur plaire ! Nous avons fait un petit point sur les nouveautés 2015 et commencé à préparer la session 2016.
Après cela, épuisées, nous nous sommes soumises au shooting photo de Hatsh. Chacune d'entre nous a ensuite remplacé son avatar par sa photo de star. Il se murmure d'ailleurs que notre autorité et notre crédibilité ne s'en relèveront pas !

Quelques modératrices du forum
Des modératrices en forme ! (©Hatsh)

Llyana, qui a revêtu la cape violette peu après son retour de la Convention, a elle aussi découvert pour la première fois ce rassemblement étrange...
Il y a toujours un monde entre échanger sur Internet et passer un week-end entier avec de quasi-inconnus. Je savais que j'allais affronter des dortoirs et des salles de bains communes (Mon pyjama est-il présentable ? Pourvu que je ne ronfle pas !), sans parler des tâches ménagères qu'entraîne la concentration d'une cinquantaine de personnes. Et puis, l'écrivain est-il toujours très sociable ? N'y allait-il pas y avoir des étincelles entre tant de brillants esprits ? Bref, je suis partie avec quelques appréhensions tenaces.
Heureusement, les mêmes organisation et bienveillance qui règnent sur le forum se retrouvaient dans le gîte. Sur place, j'ai été happée par un foisonnement d'activités et de rencontres. Un rassemblement de cette ampleur permet de se rendre compte de la diversité des grenouilles : les participants sont de tout âge et de toute origine (quelques-uns venaient même de l'étranger), exercent toutes sortes de métiers, mais tous sont réunis autour de l'amour de la littérature SFFF. Le contact se révèle facile ; impossible de compter les bavardages, les rires et les jeux.
Les discussions ont souvent été entrecoupées de pauses plus studieuses. J'ai ainsi eu l'occasion de faire de la béta-lecture avec l'auteur de l'extrait qui réagissait à mes commentaires en direct, sans parler de séances d'écriture plutôt laborieuses (mention spéciale à celle qui s'est tenue à 2 heures du matin).
Les 44 heures se sont déroulées sans accroc. Rompue mais encore exaltée, je suis partie comme prévu le dimanche avant le dernier repas. L'année prochaine, je serai moins hésitante : je resterai le plus longtemps possible !

Tablée de membres du forum
Vive le soleil et les tablées en plein air ! (©Ereneril)

Quand l'appétit va, tout va ! Remercions donc notre équipe cuisine de choc ! Illiane explique les coulisses :
Nourrir un attroupement de grenouilles n'est pas chose aisée. Un objectif : empêcher tout ce petit monde de mourir de faim pendant la convention, tout en tenant compte de leurs différents régimes alimentaires.
Heureusement, l'équipe cuisine, composée d'Anaïs et d'Illiane, s'y est attelée, aidées par une horde de volontaires. C'est qu'il y avait fort à faire, entre l'expédition pour faire des courses, la vérification des allergènes contenus dans les plats mitonnés par les grenouilles arrivant sur le gîte, la préparation des salades ainsi que le découpage des légumes et évidemment la vaisselle (avec son lave-vaisselle high tech dompté d'une main de maître par Lilie).
Et malgré toute la planification en amont, les imprévus restent de mise, en particulier lorsque l'équipe s'est rendue compte le samedi après-midi qu'il n'y aurait jamais assez de pain pour le lendemain ou lors de la découverte des fameuses pommes mystères ayant atterri dans notre caddie sans raison connue. Après une longue réflexion, l'équipe cuisine a fini par trouver le fin mot de l'histoire : en voulant traverser le multivers, un ours au miel a semé sa récolte d'automne et une faille spatio-temporelle aboutissant dans le fameux caddie a fait le reste. Quoi de plus normal, pour une convention CoCyclics ?

L'équipe cuisine de la convention
Une équipe cuisine de choc ! (©Hatsh)

Pour dépenser toute cette énergie et tester leurs connaissances en SFFF, une chasse au trésor était programmée par la magistrale Valerianne :
Ah, la Convention. Moment paisible et serein. Les oiseaux chantent, le bruissement du vent et le clapotis du fleuve bercent le gîte. Et soudain, tout vole en éclats : une vingtaine de grenouilles se jette à l'assaut des buissons, court le long des berges et pousse des cris en dénichant des parchemins ! Pourquoi ? Car elle participe à la chasse au trésor, dont le but est aussi fou que téméraire : piller la réserve chocolatée de Super Grenouille.
En amont du grand jour, dans le secret de son antre machiavélique, Valerianne a concocté des énigmes mêlant rébus, codes, alphabets étranges et références SFFF obscures. Son méfait accompli, elle a pu compter sur son acolyte Hatsh, qui a suggéré des améliorations diaboliques.
Le samedi de la Convention, les deux compères ont secrètement quitté le logis pour disséminer dans les alentours les 8 parchemins des énigmes : elles ont traqué les meilleures cachettes dans des bosquets, sous du lierre ou au creux d'un arbre fendu.
14 heures est vite arrivée. Les grenouilles ont formé des équipes pour participer à la grande chasse : les Chaussettes, l'Équipe Fouettarde, les Fous, les Inspirés, les Meilleurs et les Petits Oursons étaient prêts à en découdre !
À 14h15, le grand départ a été lancé : les équipes se sont lancées dans une bataille de mots et de neurones. Chaque fois qu'elles découvraient une énigme, elles devaient la résoudre puis envoyer par SMS la solution à Valerianne. Selon son humeur et le bon vouloir du réseau téléphonique, Valerianne leur indiquait alors la localisation du prochain parchemin. De jeu de piste en casse-tête, les équipes ont parcouru les bords de Seine dans une belle ambiance, où les cris d'excitation (et parfois de frustration !) se mêlaient aux rires. Et au bout d'un chemin semé d'embûches plus ou moins volontaires (nous tairons le moment où Valerianne a envoyé le mauvais indice à une équipe, la plongeant dans un abîme de réflexion), les grenouilles ont affronté le dernier défi échafaudé par Hatsh.
Au final, toutes les équipes ont triomphé et passé un moment convivial, un peu fou et désordonné, intense et amusant, sans jamais perdre de vue l'esprit de la Mare : entraide, bonne humeur et amour de la SFFF et du chocolat !

D'ailleurs, Akalou, fraîchement passée BL vert-sapin sur le forum, ne risque pas d'oublier sa première convention de sitôt...
Après quelques heures de route au cours desquelles j'ai découvert le concept du geocaching, je suis arrivée sur le site de la convention, un lieu charmant au flanc d'une bébé Seine. Plusieurs grenouilles se trouvaient déjà sur place, groupées aux endroits stratégiques, à savoir la cuisine et les tables dans la cour. C'est à ce moment que j'ai dû essayer de stocker dans ma petite mémoire tous les pseudos, prénoms et visages des chers batraciens. Heureusement, les organisateurs avaient anticipé le problème. Les bobines des participants étaient affichées dans un couloir avec les noms, pseudo et avatars.
Après avoir donné un coup de main en cuisine, je suis allée assister à la conférence/discussion d'Ivan sur « Les outils d'architecture » pendant laquelle on a abordé plein de thèmes intéressants autour de la construction d'un récit. Dommage que nos estomacs grognards aient eu le mot de la fin à la place de la conférence. [Pour lire la présentation d'Ivan en ligne, clique ici !]
Lors du dîner nous nous sommes délectés des bons petits plats amenés par les grenouilles (mention spéciale au succulent saucisson de Rennes reine renne de Verlane).
Le lendemain, j'ai participé à l'atelier micro-nouvelles animé par Atar. Outre que j'ai appris l'existence de bestioles étranges comme le pépin (texte TRÈS court de 300 signes maximum) et la micro-nouvelle (2000 signes maximum), ça m'a permis de me débloquer sur le format court qui était un peu ma bête noire.
Après un très bon repas de salades composées par les soins d'Anaïs et illiane, notre équipe cuisine, nous sommes partis en plusieurs équipes à la recherche du trésor de Super Grenouille (entité fictive toute-puissante du forum) via la chasse au trésor organisée par Valerianne. Les énigmes étaient coriaces et les questions littérature SFFF demandaient une culture qui me faisait défaut. Malgré tout, notre équipe a fini 3e (oui bon, c'était la dernière place ex-æquo avec 3 autres équipes...) !
Une fois l'effervescence de la chasse estompée, nous avons été nombreux à assister à la table ronde « Le cycle et après » avec Arya et Isaiah qui répondaient aux questions de Booz. Cela m'a permis de réaliser plus concrètement comment se passent la recherche et la relation avec un éditeur, et de voir que malgré les difficultés, il ne faut jamais désespérer.
Les Oranges présents (Aéthra, Amonis, Arya, Beorn, Fred, Nankin, Siècle) nous ont ensuite fait profiter d'un discours étonnamment divertissant, au cours duquel j'ai pu me rendre compte de la vastitude du forum et de la masse de travail effectuée par de nombreux courageux membres.
Un dîner de pâtes aux sauces exquises a précédé une soirée jeux au cours de laquelle les loups-garous ont démontré leur supériorité en croquant avidement tous les villageois sans défense.
La soirée étant bien avancée, j'ai décidé de me mettre au lit et de faire une croix sur le dernier atelier d'écriture.
Le dimanche est passé en un éclair, entre donner des bises à ceux qui partaient et un peu de lecture, il était déjà temps de déjeuner. Une dernière partie de Hanabi pour la route puis nous avons rejoint la gare, des petits cœurs encore plein les yeux.

Atelier-conférence sur la méthode architecte par Ivan
La méthode architecte selon Ivan : une ambiance studieuse règne... (©Ereneril)

La convention, ce sont donc aussi des ateliers et des défis d'écriture. Un atelier d'entraînement au pitch oral a été lancé par Beorn, Vestrit, Lullaby, Isaiah et Lilie - cette dernière nous le présente :
Cette année, l'équipe organisatrice de la convention a décidé de renouveler l'atelier sur les pitchs en lui faisant prendre une forme nouvelle...
Un jeu de rôle a été mis en place (trois ou quatre tables disposées dans une salle, et des duos « faux éditeurs » / vrais auteurs) afin de recréer l'atmosphère d'une rencontre éditoriale IRL et de mettre en condition celles et ceux qui voulaient travailler sur la présentation orale de leurs textes !
Plusieurs grenouilles se sont prêtées au jeu. Du côté des faux éditeurs, Beorn, Isaiah, Lullaby, Vestrit et moi-même étions sur le pont afin de bêta-écouter les courageux et courageuses que l'exercice a attiré.
Car une fois le pitch énoncé et la séance de questions-réponses terminée, les échanges se sont poursuivis. Si l'écrit représente bien le cœur du métier d'écrivain, maîtriser la communication orale, que ce soit avec un éditeur ou un lecteur, fait partie des nombreux défis d'auteur à relever. Les « faux éditeurs » avaient donc pour mission de fournir aux participant·e·s un retour, le plus complet possible. Comme pour une bêta-lecture sur le forum, il s'agissait d'exprimer un ressenti et de guider les auteurs dans leur communication, de montrer que l'oral pouvait se travailler au même titre que l'écrit.
Mission accomplie ? Le travail continue sur la Mare ou dans les futures rencontres...

Atelier pitch
Pas facile de pitcher... (©Hatsh)
Têtard potté nous en fait le récit d'une survivante :
Après les explications théoriques est venu le temps de la pratique. Les candidats au pitch, le regard effrayé par cet exercice retors, se sont répartis en deux groupes. Le premier est passé tout de suite, l'autre a filé – pardon, est parti s'entraîner dans le couloir.
Je faisais partie de la seconde vague. Aidée par Valerianne, Verlane et Alaric, j'ai commencé à comprendre que je faisais fausse route avec mon pitch, trop riche en informations. Lorsqu'est venu mon tour d'affronter Vestrit dans son rôle de faux éditeur, elle m'a écoutée, pressée de questions sur les personnages, l'univers, l'intrigue pour finalement mettre le doigt sur le défaut majeur : mon pitch partait dans trois directions différentes et fourvoyait l'interlocuteur. Une fois posée la question : « Mais de quoi parle ton roman ? », j'ai enfin compris ce qu'on attendait d'un pitch. Deux phrases m'ont alors suffi pour présenter un pitch qui avait fière allure ! Un grand merci à Vestrit et à toute l'équipe pitch !


Pour finir, laissons la parole à celle qui a géré l'organisation de la convention ces trois dernières années et qui tire sa révérence : vestrit.
Organiser la convention ces 3 dernières années a été à la fois épuisant et tout à fait merveilleux. Épuisant, parce qu'il faut chasser le gîte au péril de sa vie, réunir les grenouilles sauvages pour l'équipe et discipliner tout ce petit monde coassant. Fantastique, parce que les grenouilles sont en fait plutôt adorables et que travailler avec elles est un bonheur. Gratifiant, enfin, car voir les gens profiter de leur week-end, passer un bon moment, sans toujours soupçonner tous les rouages de la convention n'a pas de prix.
Cette année fut pour moi la dernière aux commandes. La dernière dans l'organisation tout court, d'ailleurs.
La convention 2015 avait cette petite saveur d'ultime fois à surveiller que tout le monde a trouvé son lit, que les gens arrivent à bon port et repartent aussi bien, de vider les poubelles après le départ de tous. Je ne vous le cache pas, ce sera un soulagement de ne plus avoir à se soucier de tous les détails.
Mais cela me manquera probablement. Car, au-delà de mon complexe d'hyper-contrôle, mon équipe va me manquer.
Mes chères grenouilles de l'organisation, vous avez fait un super boulot, comme toujours, et je regretterai de ne plus travailler avec vous. Mais je quitte l'équipe sereine, car je sais que je la remets entre de bonnes mains. On se retrouve sur d'autres eaux de la Mare !


Oui, un grand merci à toute l'équipe d'organisation et aux membres qui ont participé à la rédaction de cet article !

dimanche 4 octobre 2015

Kisasi d'Aurore Perrault : dernière publication de Griffe d'Encre

Couverture de Kisasi, d'Aurore Perrault

Aujourd'hui, nous partons en Afrique, direction Kisasi ! Non, ce n'est pas une ville du Kenya ou une région perdue du Delta de l'Okavango, mais le titre de la novella d'Aurore Perrault alias Chapardeuse. Desienne est allé l'interroger sur la genèse de l'histoire et sur sa publication.

Tout d'abord, Kisasi sort à la fin octobre aux Éditions Griffe d'Encre, donc félicitations ! Comment s'est effectuée la rencontre avec leur équipe ?
Le forum des éditions GE est l'un des premiers sur lequel j'ai osé m'inscrire en 2008, quand j'ai commencé à mettre le pied dans le petit univers de la SFFF française. J'aimais leurs textes alors j'ai proposé à Magali et Menolly de leur donner un coup de main, ce qui m'a permis d'effectuer beaucoup de relectures de textes finalisés et un peu de corrections éditoriales sur l'anthologie Virus. Parallèlement, j'ai participé à presque tous les appels à textes de Griffe d'Encre mais mise à part ma nouvelle dans l'anthologie L'Air, mes textes n'ont pas convaincu... jusqu'à Kisasi.

Peux-tu nous présenter Kisasi, un roman fantastique mais pas seulement... une histoire qui résonne.
Kisasi se déroule en République Démocratique du Congo, plus précisément au Nord-Kivu, où nombre de cas de violences envers les femmes sont encore recensés. Ce roman met en scène deux personnages que tout oppose : Aïssata, Congolaise, ancienne victime qui a choisi la voie de la vengeance, et Charles, un médecin français en mission humanitaire. Tous deux maîtrisent un don qu'ils exploitent pour accomplir ce qu'ils pensent juste, mais qui va aussi les amener à s'affronter.
Comme je l'explique dans les notes d'accompagnement du texte, c'est le visionnage du reportage « Le viol, une arme de guerre au Congo » de Susanne Babila qui a tout déclenché : l'idée de Kisasi et l'envie d'en savoir plus. On trouve facilement de bonnes sources sur ce sujet ; ce qui est décrit dans les rapports m'a fait froid dans le dos et dès lors j'ai ressenti le besoin d'écrire cette histoire.

Kisasi est passé par le cycle en 2012 et comme tu l'as récemment confié : « je me souviens bien de la synthèse, elle piquait un peu ! Mais quel bénéfice pour le texte ! ». Justement, qu'est-ce que ce travail avec les alphas et bêtas lecteurs t'a apporté ?
Kisasi était bien plus court à l'origine, seulement 23 pages et mes alphas m'ont concocté une synthèse critique de… 26 pages ! À la première lecture, on se dit que le texte est bon à jeter. À la seconde, que les remarques sont extrêmement judicieuses. Et après la troisième lecture, on se met au boulot.
Tout en gardant la trame originale, j'ai réécrit presque entièrement le texte, modifié le personnage de Charles et travaillé à distiller les informations sur le contexte géopolitique de façon plus fluide. Le travail de mes bêtas a permis de peaufiner le texte et de clarifier certains passages. Il faut aussi mentionner l'intervention indispensable de mes deux « spécialistes », qui m'ont aidée à donner de la couleur à mon Afrique et du corps à mon dispensaire et son personnel.
Ce travail a été très enrichissant non seulement parce que le roman final a vraiment gagné en qualité, mais aussi parce qu'il m'a permis de mieux appréhender mes défauts d'auteur, ce qui me sert pour les textes que j'écris maintenant.

Pratiquement trois ans ce sont écoulées depuis l'estampille. Il faut s'armer de patience ! Comment as-tu géré l'après estampille, la recherche, les péripéties en tous genre qui émaillent le parcours du roman jusqu'à sa publication ? Et quel conseil donnerais-tu ?
J'ai eu beaucoup de chance : l'annonce de l'estampille de Kisasi est parue dans la lettre partenaires de CoCyclics, et plusieurs éditeurs m'ont demandé le texte. 15 jours plus tard, Griffe d'Encre m'a dit oui. Et je me suis laissée vivre pendant deux ans et demi. ; )
Si j'avais un conseil à donner, ce serait de n'envoyer son texte qu'aux éditeurs avec qui on a envie de collaborer. Comme dans toute relation professionnelle, la confiance est un facteur déterminant pour travailler ensuite dans de bonnes conditions.

Après le oui de l'éditeur, il y eu les corrections éditoriales, comment ça s'est passé chez Griffe d'Encre ?
Connaissant Menolly, je craignais des corrections très pointilleuses, mais il n'y a eu que quelques points de détail. C'est là qu'on apprécie d'avoir bénéficié de regards extérieurs !

Kisasi est une histoire dure, le genre qu'on prend en pleine figure, qui fait réagir. Comment en tant qu'auteure tu vis ce genre d'écriture qui peut être éprouvante sur le plan émotionnel ?
Quand j'écris un roman, j'y pense sans arrêt, je construis les scènes dans ma tête avant de les rédiger. Pour Kisasi, ça a été difficile de baigner en permanence dans cette ambiance, mais l'écriture a été libératrice. De plus, j'ai écrit et corrigé très vite ce texte ; c'est la durée qui devient pesante.
En revanche, même si le roman baigne dans un climat de tension latente, je n'ai volontairement pas fait étalage de scènes violentes gratuites, qui n'auraient rien apporté au texte. J'ai préféré confronter les points de vues de mes deux personnages, qui ne vivent pas cette violence de la même façon.

Appréhendes-tu la réaction des lecteurs ?
Je me doute bien que certains lecteurs ne voudront pas se plonger dans un texte qui aborde un sujet si dur, et c'est légitime. L'illustration comme la quatrième de couverture reflètent bien le contenu du texte, les lecteurs les plus sensibles sont prévenus.

Aïssata est le personnage central de l'histoire, une femme émouvante, une victime qui n'est pas "angélisée" et capable à son tour de cruauté. Comment as-tu caractérisé ce personnage ?
J'ai voulu faire d'Aïssata une femme implacable. C'est une victime dont la vie a été brisée, et qui a trouvé un objectif dans la vengeance. Elle garde toujours des stigmates qu'elle dissimule derrière sa colère et sa haine envers ses bourreaux. Je l'ai voulue complexe, sur le fil : on ressent de la compassion pour elle, mais on peut désapprouver ses méthodes ou sa vision des choses.

À l'opposé d'Aïssata, Charles possède un pouvoir bien particulier, celui d'effacer la douleur. Les pouvoirs, les dons, la sorcellerie sont au coeur du folklore africain, et finalement, ne seraient-ce pas des malédictions pour ces habitants ?
Je pense que tout dépend de la manière dont on utilise ces pouvoirs et de l'éthique qu'on y place. Dans Kisasi, j'ai choisi de ne pas prendre parti pour l'un ou l'autre de mes personnages, chacun s'identifiera à celui dont la vision est plus proche de la sienne.

L'humanitaire est un autre thème important du roman, est-ce que tu as été inspiré par les fameux "French Doctors" ? Est-ce que tu t'es documentée ?
Non, pas du tout, je suis partie d'une vision purement africaine et je me suis plutôt inspirée du fondateur de l'hôpital de Panzi, le docteur Denis Mukwege (qui apparaît d'ailleurs dans l'histoire). Pour créer le dispensaire, j'ai demandé de l'aide à une amie médecin qui est partie plusieurs fois en mission humanitaire.

La choix d'une couverture fait partie des joies d'un auteur, comment est-ce que tu as travaillé avec l'éditeur sur ce sujet ? Et qu'as-tu ressenti au moment de découvrir les épreuves ?
J'avais une idée de couverture en tête mais Zariel a jugé que c'était trop « parlant » pour une novella. J'ai vraiment été emballée par sa proposition, qui est très proche de la version finale. Je trouve qu'elle illustre parfaitement le personnage d'Aïssata et la férocité qui l'habite.

Et pour finir, quels sont tes projets à venir ?
J'ai envoyé il y a peu à plusieurs éditeurs un roman dont les héros sont trois jeunes gens et seize chiens de traîneaux. Croisez les doigts pour moi !
En ce moment j'écris une novella de science-fiction dont l'héroïne est paraplégique. Et il reste quelques idées en train de mûrir dans ma besace, dont un projet d'écriture à quatre mains avec une amie. Pas d'angoisse de la page blanche en vue !

Merci d'avoir répondu à nos questions et nous te souhaitons le meilleur pour Kisasi.
Merci à vous !


Liens :

lundi 21 septembre 2015

Interview de 2 serial bêta-lectrices !

L'été est fini, la rentrée est passée... Il est temps pour le blog de retrousser les manches et de vous parler boulot... Parce que ça ne chôme pas dans le forum, oh non ! Et aujourd'hui, nous allons regarder du côté des cycles.
Les cycles sont au cœur du travail que réalisent les grenouilles sur CoCyclics. Ils sont le seul outil qui permette sur le forum de travailler un roman entier. Pour un petit rappel, le cycle se décompose en quatre phases :
  • La phase I, aussi appelée alpha, où deux bêta-lecteurs lisent le roman et rendent à l'auteur une synthèse concertée sur les principaux problèmes de fond et de forme.
  • La phase II, où l'auteur, après avoir établi un plan de correction suite aux retours des alphas, applique ces corrections.
  • La phase III, aussi appelée bêta, où deux (voir trois) bêta-lecteurs lisent le roman corrigé, cette fois sans se concerter. Leurs bêta-lectures vont beaucoup plus dans le détail et sont donc portées dans le cœur même du texte (comme ce qui se fait dans les papyrus). Il s'agit plus d'une phase de peaufinage du roman.
  • La phase IV, où l'auteur effectue une nouvelle correction de son roman suite aux remarques reçues en phase III.

Dans nos articles Tintamar(r)e, nous avons souvent interviewé des auteurs passés par le cycle. Mais jusqu'à présent, nous n'avions jamais mis en avant les autres acteurs essentiels de ce travail : les bêta-lecteurs bien sûr. C'est un oubli que nous avons voulu réparer à travers cette double interview. Et nous ne sommes pas allés interviewer n'importe quelles grenouilles, mais de véritables serial bêta-lectrices de cycles !
Jugez plutôt :
  • Booz a réalisé deux alphas (phase I du cycle) et quatre bêtas (phase III du cycle)
  • Blackwatch bat tous les records de la Mare avec pas moins de cinq alphas et quatre bêtas !
Sytra est allée leur poser quelques questions pour mieux comprendre leur amour des cycles…


Vous êtes de véritables serial bêta-lectrices de cycles ! Pourquoi avoir participé si souvent à des cycles ?

Blackwatch : Parce que les auteurs sont doués pour me donner envie de travailler avec eux et de découvrir leurs textes ? :D Plus sérieusement, outre le fait que je ne peux jamais résister à une lecture qui m'intrigue et me titille les neurones, il y a aussi la volonté de pouvoir apporter son humble contribution dans un cycle de travail et de soutenir l'auteur dans le cycle – surtout si on est déjà passé par là !
Le cycle offre un encadrement que je n'ai pas retrouvé ailleurs. Je pense que pour l'auteur, ça offre un filet de sécurité, dans le sens où il ne se trouvera pas en plan avec des BL et qu'il sait qu'il peut aussi s'adresser aux permanents, par exemple si des difficultés surgissent. Même chose pour les BL – on sait que ce n'est pas facile de devoir formuler des commentaires, parfois durs, et ménager la sensibilité de l'auteur d'un autre côté.
J'ai continué à faire beaucoup de cycles, d'une part parce que les auteurs CoCy offrent des projets diablement tentants, et d'autre part, parce que je tiens aussi à garder une certaine collaboration avec ce forum qui a vu mes débuts en tant qu'auteur & BL. Bien sûr, cette collaboration est plus réduite qu'auparavant, mais retourner à la mare de temps en temps est indispensable.

Booz : Depuis mon inscription sur le forum, j'ai toujours trouvé très intéressant de bêta-lire des textes. Très vite les nouvelles se sont imposées comme mon genre de prédilection mais, par curiosité, j'ai voulu découvrir ce qu'il y avait "après", c'est à dire dans les strates plus profondes de la mare. Je suis devenue bêta-lectrice parce que je voulais voir ce que ça faisait de bêta-lire des romans. Depuis, je continue de laisser ma curiosité m'emporter (malheureusement pas assez souvent à mon goût, faute de temps), c'est pour cela que j'ai participé à tant de cycles, j'ai envie de découvrir de nouvelles plumes, de nouveaux univers, de nouveaux personnages.


Avez-vous repéré dès leur soumission en cycle les romans sur lesquels vous avez été bêta-lectrices ? Ou bien est-ce en suivant les phases I et II, ou en lisant la présentation de l'auteur au début de la phase III, que vous avez décidé de vous proposer comme bêta-lectrices ?

Booz : J'ai un peu honte de l'avouer mais, en dehors des romans sur lesquels je travaille, je suis de loin les différentes phases du cycle des autres textes. De ce fait, ma décision est prise très souvent dès la soumission. Ceci dit, je trouve ce moment plus propice à la réflexion puisque nous possédons, en dehors des extraits du roman, un synopsis et les intentions de l'auteur qui me permettent très rapidement de savoir si je suis prête à travailler sur ce texte avec cet auteur. Avec ma mémoire de poisson rouge, j'ai tendance à oublier les intrigues des anciennes soumissions, les motivations des auteurs, etc. Cependant, pour les phases III (la bêta-lecture détaillée des romans), je regarde toujours le déroulement des phases I et II. Plus que l'histoire générale, c'est la manière d'être et de travailler d'un auteur qui me convainc à postuler pour son cycle.

Blacky : Les deux, je dirais. J'ai guetté certains dès le début, quand pour une raison ou une autre, je n'étais pas dispo pour l'alpha. D'autres, je les ai découverts au fil des forums de travail et j'ai – impatiemment – attendu qu'ils progressent jusqu'en phase III.


Est-ce que vous avez l'impression que le travail sur chaque roman, en cycle, est assez similaire, ou bien est-ce que c'est toujours différent d'un roman à l'autre ?

Blacky : Oh, c'est chaque fois une aventure différente, de par le roman d'abord, et aussi au contact de l'auteur. Il y a aussi la collaboration, quand on se porte volontaire en alpha, avec les autres lecteurs, et celle, moins rapprochée je dirais, avec les co-bêtas en phase III. Ce qui est important, pour moi, c'est d'être à l'écoute de l'auteur et aussi de pouvoir s'adapter au manuscrit. De commencer la lecture avec un esprit ouvert et constructif. De repérer les besoins, les absences, mais aussi les points forts, ceux qui forgent la patte de l'auteur. C'est pour cette raison que chaque manuscrit représente une aventure en soi.

Booz : Chaque roman, comme chaque auteur, comme chaque bêta-lecteur est unique et je ne pense pas qu'on puisse travailler de manière identique sur chaque cycle que l'on suit. Quelle que soit la phase (I ou III), il faut s'ajuster en fonction du genre du texte, de son rythme, de sa visée. J'ai bêta-lu des textes très contemplatifs, d'autres avec une forte tension dramatique, d'autres encore très centrés sur les personnages et leur évolution. On ne travaille pas sur une romance comme on travaille sur de la fantasy urbaine ou de la SF un peu barrée. Il faut savoir s'adapter au roman.


Travaille-t-on de la même manière avec tous les auteurs ?

Booz : Et comme il faut s'adapter au roman, il faut aussi s'adapter à l'auteur. D'ailleurs, je pense même que ce point est plus important. Certains auteurs ont besoin d'être encouragés, soutenus durant leur travail, d'autres sont de véritables machines et corrigent presque plus vite qu'on ne les bêta-lit, d'autres encore on besoin de beaucoup échanger autour des remarques des BL et certains sont au contraire très taiseux. Et comme j'arrive à m'adapter assez facilement, j'apprécie chaque type d'auteur et me plie à ses exigences. Bien entendu, ce n'est pas toujours facile et quand on travaille aussi en profondeur sur un roman, on en oublie qu'il y a un auteur derrière, qu'il s'agit de son histoire et qu'il faut savoir respecter ses choix, même s'ils ne vous conviennent pas toujours. Avec le temps, j'ai appris à travailler plus en harmonie avec les auteurs et je cherche toujours à comprendre leurs attentes et leurs sentiments sur un texte avant de me lancer dans la bêta.

Blacky : Pas à mon sens. Comme je le disais plus haut, qu'on soit alpha ou bêta, l'important est aussi d'être à l'écoute de l'auteur et de pouvoir être là quand il a une question, quand il a besoin d'être soutenu, quand il doute, etc. Chaque personne est différente et c'est important de pouvoir s'adapter.
Je n'ai pas d'exemples précis sous la main, quand je dis qu'il faut s'adapter aussi à la personne qui a eu le courage de confier son manuscrit, mais ça peut vouloir dire répondre présent quand elle a besoin de dire son découragement, quand la tâche lui semble trop énorme pour qu'elle l'entreprenne comme aussi se mettre en retrait, quand la personne demande par exemple un délai de réflexion.
C'est aussi respecter les choix de l'auteur, quand ce dernier aime les ambiances plus tendres, plus romantiques, ou au contraire, plus réalistes/violentes, etc. C'est quelque chose par exemple à laquelle j'ai dû m'adapter lors de BL.


En phase I (alpha-lecture) et en phase têtard, on travaille en binôme ou en trinôme avec d'autres bêta-lecteurs pour rendre une synthèse à l'auteur. Est-ce qu'on travaille de la même manière avec tous les bêta-lecteurs ?

Blacky : Là non plus, pas à mon sens ! Je pense qu'il faut aussi montrer de la flexibilité, notamment quand on est impliqué dans une phase I ou une têtard. Venir avec ses idées, ses opinions, mais aussi être prêt à en discuter avec les autres. Le plus important, pour l'auteur qui lira la synthèse, c'est d'avoir un document clair, précis et surtout qui puisse lui montrer les lignes directrices du travail à effectuer. Ce n'est pas le stade où vous pouvez argumenter en long et en large sur la coquille de la ligne 35 à la page 70, par exemple.

Booz : Je vais paraître redondante mais chaque personne/roman/cycle/combinaison étant unique, on ne peut pas travailler de la même manière avec tous les bêta-lecteurs. Ma première expérience, sur une alpha justement, a été très importante pour moi car elle m'a donné les clés de l'analyse d'un roman. Il y avait un rapport de maître à élève en quelque sorte entre mon co-alpha et moi. Même si nos impressions avaient la même valeur, il m'a montré comment les organiser, sur quels éléments m'appuyer, etc. Ce fut très enrichissant. Ensuite, il y a les phases où on travaille avec les copains, on est plus à l'aise, on dit les choses directement, on se connaît au point qu'on sait la manière de travailler de l'autre. C'est un vrai bonheur. Et à mon grand regret, n'ayant effectué que deux alphas, je ne peux pas vous parler des autres cas, mais je suis impatiente de m'y frotter.


Comment abordez-vous les phases I en tant que bêta-lectrices ?

Booz : Toujours avec impatience. La curiosité me travaille énormément dès le choix des alphas fait et je trépigne presque en attendant d'avoir le roman. Ensuite, je l'imprime et le relie. Même si j'ai l'habitude de travailler sur l'ordinateur, mes lectures sont toujours plus attentives sur papier (et j'ai une mémoire très axée sur l'écriture manuscrite) et cela me permet aussi de prendre des notes. Selon la taille du texte, je fais une première lecture en diagonale, notant les passages et éléments qui m'ont dérangée. Généralement, c'est à ce moment-là que commencent les échanges avec mon/mes co-alpha. On se met d'accord sur les axes de la synthèse, on compare nos impressions, on note celles qui concordent et celles qui diffèrent, et on commence notre seconde lecture. Celle-ci est plus lente. À chaque chapitre, je note les différents éléments à revoir, détaille mes impressions, mes remarques pour pouvoir échanger avec mon co-alpha. Cela nous permet de construire notre synthèse à l'aide d'exemples précis. Puis, à la fin, je m'interroge sur l'évolution de l'intrigue/des personnages/de la tension et on fignole la synthèse le mieux possible avant de l'envoyer à l'auteur. On pourrait croire que le plus dur est fait mais c'est généralement le moment d'échange qui demande le plus de travail. Que ce soit avec un auteur que je connais bien ou non, il y a toujours une part d'appréhension qui gonfle en moi à ce moment, là où, selon moi, commence réellement la phase I/la têtard.

Blacky : En pratique, je lis d'abord le manuscrit en entier. Personnellement, je prends peu de notes, je préfère laisser reposer quelques jours après avoir fini le roman, histoire de pouvoir réfléchir à certains points qui m'auront interpellée durant la lecture et d'affiner mon ressenti. Ensuite, je dresse une première synthèse – un doc de travail, simplement, rien de bien élaboré – et j'en discute avec les autres alphas.


Même question pour les phases III ?

Blacky : La phase III est totalement différente, aussi bien en termes de travail que de contact avec l'auteur. J'avoue d'ailleurs avoir une préférence pour ce stade du cycle, même s'il représente souvent un travail de titan ! D'abord, parce que le dialogue avec l'auteur s'établit au fur et à mesure de la découverte du manuscrit, ensuite parce qu'on peut aussi discuter avec les bêtas sur leur ressenti, etc.
En pratique, je fonctionne chapitre par chapitre – ou autres sections, selon la structure employée par l'auteur. Je m'assure que ce dernier est d'accord sur la méthode de travail utilisée auparavant. Puis je commente au fur et à mesure de ma lecture. Une fois le chapitre fini, je dresse une rapide synthèse et je renvoie le tout au fur et à mesure à l'auteur. Quand le manuscrit est lu en entier, je dresse une synthèse générale.

Booz : Je l'aborde à peu près de la même manière. Impatience, impression du texte et première lecture sur papier pour avoir une vue globale de l'intrigue. Mais le travail me semble moins intime, moins intense aussi. Même si nous sommes au moins deux bêtas-lecteurs par phase III, nous échangeons rarement en off, travaillant les chapitres de notre côté et discutons des synthèses globales sur le fil du roman. Comme c'est un travail solitaire, il n'est pas rare que les bêtas lecteurs n'aient pas le même rythme, ce qui creuse encore un peu l'opposition entre la phase I et la phase III. Cependant, mon côté ours apprécie énormément de travailler en phase III. Je vais à mon rythme, les échanges sont moins intenses et l'aspect synthétique de l'exercice me correspond bien également.


Avec votre expérience, qu'est-ce qui différencie selon vous le travail de bêta-lecture en cycle et la direction éditoriale ? Y a-t-il des limites que les bêta-lecteurs ne doivent pas franchir ?

Booz : Alors, je n'irai pas jusqu'à dire que c'est le jour et la nuit parce que, sur le fond, le travail est sensiblement le même (relever les incohérences, chercher à améliorer le style du texte, son déroulement, etc.) mais à l'inverse des directions éditoriales, le cycle n'a pas pour vocation de publier un livre donc d'en faire un objet commercial. Bien entendu, je ne dis pas que les éditeurs chercher à formater les textes qu'ils publient mais ils peuvent davantage travailler un texte selon un angle particulier (collection, ligne éditoriale, etc.) et donc modifier certains pans de l'intrigue en fonction de cela. En cycle, il est proscrit de forcer la main à l'auteur pour qu'il modifie son texte selon notre point de vue, nous ne sommes pas là pour ça, nous ne faisons que donner un avis (aussi objectif que possible) et l'auteur peut en tenir compte où non. De plus, la finalité du cycle n'est pas, et n'a jamais été la publication (même si nombreux sont les auteurs qui rentrent en cycle en voulant faire publier leur roman par la suite) ; c'est avant tout l'amélioration du texte mais aussi (et surtout de mon point de vue) l'amélioration de la plume et des techniques de l'auteur. Je vois le cycle comme une étape dans sa construction d'écrivain et non comme un passage clé vers la publication.

Blacky : La direction éditoriale, à mon sens, tient compte d'éléments que nous autres, en tant que bêta/alpha, ne connaissons pas, à savoir la connaissance du marché du livre actuel et la position de la maison d'édition dans celui-ci. La ligne directrice d'un éditeur, ses goûts personnels, son expérience aussi vont entrer en jeu quand il se penchera sur un manuscrit dans le cadre d'une collaboration avec un auteur. C'est à mon sens un travail qui se révèle complètement différent de celui qu'un bêta/alpha peut apporter et tant mieux d'ailleurs, car l'un et l'autre se complètent souvent.


Pour la fin, un petit mot sur votre vision des cycles et ce que toutes ces expériences de bêta-lecture vous ont apporté ?

Blacky : D'abord, des liens humains qui m'ont énormément apporté sur le plan personnel. Le cycle est aussi l'occasion de faire la connaissance de personnes formidables, de resserrer des liens, bref c'est un aspect qui m'a beaucoup touchée et qui continue à le faire.
Ensuite, sur le plan de l'écriture, c'est aussi une expérience déterminante. À force de travailler sur les manuscrits des autres et leurs faiblesses/forces, on parvient mieux à déterminer ce qui ne va pas/ce qui fonctionne dans ses propres histoires !
Finalement – et c'est quelque chose que j'ai eu la chance de vivre à plusieurs reprises – c'est le sentiment de fierté et de satisfaction quand un manuscrit qu'on a lu, relu, annoté, etc. parvient en tant que livre dans les rayons des librairies et qu'on aperçoit l'auteur derrière la table de dédicaces. Juste génial.

Booz : Avant, je pensais être dure lors des soumissions pour les passages en cycles, ne pas accorder assez ma confiance aux auteurs. Avec le temps, je m'aperçois que je n'ai pas vraiment changé parce que travailler sur tous ces romans m'a confirmé à quel point le travail (pour l'auteur d'abord mais aussi pour les bêta-lecteurs) est long et difficile, et pourtant exaltant. En travaillant avec les auteurs sur leurs textes, en les accompagnant tout au long des cycles, en me confrontant à leurs difficultés et interrogations, je m'interroge sur mon propre rapport à l'écriture. Tous les cycles auxquels j'ai participé m'ont aidée à améliorer mes propres textes, à éviter peut-être certains écueils dont je n'avais pas conscience avant de les voir sur les textes des autres. De plus, j'ai aussi appris à prendre du recul sur mes écrits et leur réception. J'ai souvent remarqué que les cycles les plus efficaces concernaient les auteurs qui arrivaient à regarder leur texte avec une plus grande part d'objectivité, prêt à accepter ses lourdeurs, maladresses, incohérences pour le rendre meilleur. Je sais qu'un roman c'est un peu comme un enfant pour certains, mais quand on veut passer en cycle, il faut s'attendre à entendre des critiques, parfois dures, sur cet enfant. Si on n'est pas prêt à les affronter, je pense que c'est faire une erreur que de soumettre son roman.


Un grand merci à Blackwatch et Booz de s'être volontiers prêtées au jeu des questions/réponses pour cette interview !

jeudi 23 juillet 2015

Bilan estival des cycles

Juillet 2015.
La chaleur conduit nombre d'entre nous vers fontaines ou points d'eau. D'autres tentent de résister dans la pénombre de leurs volets clos. Face à leur écran ou tenant fermement un stylo, vingt auteurs et leurs bêta-lecteurs continuent fermement leurs travaux dans les Cycles CoCyclics.


* Dans cette communauté si déterminée, glissons-nous tout d'abord auprès des arrivées du dernier semestre, engagées en Phase 1 du cycle :

  • Alaëlle, avec Forestelle, T.1 Civerte, roman Low Fantasy pour adultes et jeunes adultes :
« Une adolescente disparaît sous les yeux de sa mère alors qu'elle essaye un mystérieux manteau. Entre angoisse et émerveillement, elle découvre le monde de Forestelle et ses cités d'arbres immenses. De son côté, sa mère tente le difficile passage vers le monde secret. Parviendront-elles à se retrouver dans cette forêt hostile ? Et quels sont les véritables desseins de ce meurtrier contrôlant l'esprit des animaux ? »

  • Ayaquina, avec La Croix brisée, roman historique et fantastique jeunesse :
« Sarah, 12 ans, vit au Portugal à la Croix brisée. Un jour, ses amis et elle trouvent l'emplacement d'un vieux cimetière datant de l'époque des découvertes maritimes. A l'entrée, une croix en pierre, fêlée sur toute sa longueur, a été plantée dans le sol. Sarah se demande s'il s'agit de celle qui a donné le nom à leur ville. Une montre à gousset est cachée à l'intérieur et les transporte dans une autre dimension. Nul doute qu'ils vont maintenant exhumer le secret de cette vieille croix. Mais pourront-ils rentrer un jour pour le dévoiler à quelqu'un ? Et si oui, à quel prix ? »

  • Francis Ash, avec Essence d'Asphalte, thriller fantastique destiné à un public adulte :
« Jeff, guitariste et chanteur de Heavy metal, a un don : son esprit peut capter les réminiscences de la route. Parfois ce sont des accidents, dont lui seul peut voir les causes et les conséquences. D'autres fois, c'est le chemin qu'a emprunté Béa, son ex-fiancée qu'il a toujours voulu retrouver. Mais plus il se rapproche d'elle, plus le sang coule sur l'asphalte. »

  • AxelleC, avec Hybrides, roman Fantasy à partir de 12 ans :
« Lucie a 12 ans et c'est sa seule certitude. Elle se réveille à l'hôpital, privée de souvenirs, de famille et poursuivie par des monstres qu'elle seule peut voir. Zakû, son chacureuil et nouvel ami, la sauve du Faiseur, un adolescent étrange contrôlant les créatures qui la tourmentent. Placée en foyer, Lucie se renferme sur elle-même jusqu'à la rencontre avec une famille d'accueil qui va chambouler son monde. »

  • Ermina, avec 2764 ab urbe condita, uchronie, jeune adulte :
« Et si l'Empire romain n'était pas tombé ? En 2764 après la fondation de Rome, l'Empire est à son apogée, a connu la révolution industrielle et va de l'Amérique à l'Arabie en passant par l'Afrique du Nord. Aureliano, âgé d'à peine dix-neuf ans, succède à sa mère et devient Empereur. Alors que la province de Gothie se révolte, il doit faire face à un complot. Ses ennemis sont peut-être plus proches de lui qu'il ne le croit. »


* Parmi les entrées en cycle depuis le dernier focus estival, nous trouverons également deux auteurs en Phase 2 :

  • Siana, avec In scenario veritas, roman de Medieval Fantasy humoristique pour adolescents et adultes :
« Le jeune magicien Meryn était un personnage de fiction, partant en quête pour combattre un grand mage noir. Enfin, jusqu'à ce qu'il essaie de modifier le scénario à son avantage. C'est vrai, quoi : trop d'incohérences, de clichés, d'anachronismes, de facilités, de deus ex machina… »

« Quand Sabhe et Canopée arrivent à la capitale, il s'agit juste de tuer un noble : une affaire ordinaire quand on est Assassin Qualifié. Mais le noble en question a découvert un complot qu'il projette de contrer. Et il engage Sabhe et Canopée pour l'y aider! Voyant au départ une aubaine, les deux hommes se retrouvent impliqués dans une course pour sauver la couronne, le pays... et la moitié du continent. Dire qu'au départ, Sabhe venait juste donner un petit coup de main. »

Les autres romans en Phase 2 sont respectivement Trameurs, roman Science-Fantasy pour adultes, Europa, roman de Réalisme magique/Anticipation pour adultes, Le fou qui volait la tête en bas, un roman post-apocalyptique fantastique pour adultes, Les devant-devant, une novella Fantasy pour adultes et Valet de Songe, novella fantastique tintée de Fantasy pour adultes.


* Parmi les cycles commencés ces douze derniers mois, n'oublions pas Arya, qui s'active désormais en Phase 3 :
« Pour sauver sa sœur, Yuri traverse en traîneau à chiens 1000 kilomètres de steppes glacées. Mais aussitôt parti, il est pris en chasse par une meute de loups psychiques. Les prédateurs s'infiltrent dans son esprit, et la louve de tête lui souffle alors un terrible secret : elle est son ancienne petite amie. Celle qu'il avait crue morte, un an auparavant. »

Les manuscrits qui l'accompagnent en Phase 3 sont maintenant La Reine, roman fantasy adulte, Le chemin du fou, roman fantasy et L'enfant des lions roman SF à partir de 10 ans.


* Qu'en est-il de la Phase 4, la dernière du cycle ?

Les auteurs de La reine des noctères, roman de Medieval Fantasy pour jeunes adultes, Les baleines célestes, roman Space Opera humoristique tous lecteurs, Cratère - La clef cristalline, roman de Science-Fantasy pour jeunesse (10-12 ans) et Thirion et le lait de dragon, roman Fantasy jeunesse/jeune adulte, ne relâchent pas leurs efforts.


Fantasy, Space opera, Uchronie, Fantastique pour jeunesse, jeunes adultes ou adultes... Voilà vingt auteurs dont les manuscrits, soigneusement travaillés, promettent beaucoup de plaisir à leurs futurs lecteurs !


Merci à Conteuse et à l'équipe de modération des Cycles pour cet article !