mardi 30 juillet 2013

Timraza

 Comme vous pouvez le constater, le blog de CoCyclics tourne au ralenti. Mais c'est pour mieux revenir en août et vous préparer des articles passionnants ! Avant de vous souhaiter de bonnes vacances, on vous propose aujourd'hui une petite interview de Céline Foucart (Ermina) à propos de son roman, tout juste sorti de cycle CoCyclics. 

Bonjour Céline, merci d'avoir accepté de répondre à nos questions. Pour bien commencer, pourrais-tu nous présenter ton roman ?
Soleil moderniste imaginé par Céline
Bonjour. Timraza est un roman d’anticipation qui se déroule à Paris en 2049. Un parti totalitaire dirigé par le président William Andrarie est au pouvoir depuis 2012. Mais la Résistance s’organise et, au prix de nombreux sacrifices, s’est unifiée autour de Timraza, un jeune homme doué de télékinésie, devenu le symbole de la Rébellion. L’histoire commence avec Ambre Mésie, la fille du chef de la police politique. Elle fait la connaissance d’Émeric Magaert, serveur dans le restaurant universitaire en face de son école. Elle en tombe amoureuse et se lance sans le savoir dans une liaison dangereuse, car elle ignore qu'il est en réalité Timraza.

S'agit-il d'un tome unique ou y aura-t-il une suite ? Si oui, comptes-tu faire passer le ou les autre(s) tome(s) en cycle ?
Drapeau rebelle imaginé par Céline

Il s’agit du premier tome d’une trilogie. Je n’ai pas l’intention de les faire passer en cycle, mais de demander des bêta-lectures off. À travers le cycle, j’ai déjà beaucoup appris à améliorer cette histoire et même mon écriture : j’ai pris conscience des problèmes dans le scénario, dans la caractérisation de mes personnages, dans l’univers, dans les descriptions, etc. Ces remarques sont valables pour les trois tomes et peuvent même être étendues à mes prochains romans. Donc, je ne vois pas l’intérêt de recommencer un cycle pour les tomes suivants.

Quel est ton personnage préféré ?

J’ai une petite préférence pour Émeric Magaert parce que j’aime son histoire, son côté excentrique, sa vision des choses. J’aime aussi le thème de la double identité et les conséquences que cela peut avoir sur la vie de quelqu'un. L’idée d’une histoire d’amour avec la fille de l’ennemi n’est venue que dans un second temps.

Au cours de ce cycle, quelles sont les grandes modifications qui ont été apportées à Timraza ?

L’histoire s’est énormément étoffée au cours de la phase qu'on appelle "têtard"* et du cycle, voilà pourquoi je me suis retrouvée avec une trilogie. Par exemple, j’ai approfondi des thèmes que j'avais à peine effleurés, comme l’origine du pouvoir de télékinésie d’Émeric. De plus, le contexte du roman a radicalement changé au cours du cycle : l’arrivée au pouvoir du Parti de la Modernité, son idéologie, l’histoire de la Résistance et son unification, etc. Enfin, j’ai fait un gros travail sur les deux personnages principaux : Émeric et surtout Ambre.

En phase 4, l'auteur se retrouve seul face à son roman pour les ultimes corrections, après des échanges soutenus avec les bêta-lecteurs. Comment as-tu vécu ce moment ?

Très bien ! Mes bêta-lectrices m’avaient permis de cerner les défauts du roman et grâce à mon plan de correction, je savais où j’allais. De plus, elles ont continué de me suivre et je pouvais compter sur elles. Le point fort du cycle, c’est le soutien des bêta-lecteurs toujours prêts à aider l’auteur, à relire des passages réécrits dont il doute ou tout simplement à l’encourager.

Et pour terminer, dans la vraie vie, serais-tu davantage chef rebelle ou fille de dignitaire ?

Je dirais que je suis plutôt fille de dignitaire parce que je suis plutôt pacifiste.

Merci d'avoir répondu à nos questions !

C’était un plaisir. J'en profite pour remercier tous mes bêta-lecteurs sans qui je n'aurais pas réussi à aller si loin et tous ceux qui m'ont suivi.



* Vous voulez savoir ce qu'est une bêta-lecture "têtard" ? Un article publié l'année passée vous l'explique en long et en large.

vendredi 5 juillet 2013

"Ne lâchez rien ! Si vous aimez ce que vous faites, si vous y croyez, accrochez-vous !"


Compte-rendu de notre rencontre avec Claire Deslandes et Stéphane Marsan


Bêta-lecteurs de CoCyclics et membres de l'association Tremplins de l'Imaginaire se réunissent, deux fois par an, à l'occasion de conférences et de rencontres avec des écrivains et des éditeurs. Le 22 juin dernier, le Dernier bar avant la fin du monde a ouvert ses portes à Stéphane Marsan et Claire Deslandes, respectivement directeur de la publication  et directrice éditoriale, chargée de la collection numérique chez Bragelonne. Au cours des deux heures et demi de conférence, passées sous la houlette bienveillante des serveurs du "Dernier bar avant la fin du monde", les deux éditeurs sont intervenus sur les rouages de leur fabrique à imaginaire, dont l'évolution du marché et celle de l'offre numérique, la soumission d'un manuscrit ou encore le processus de lecture des œuvres reçues au sein de leur maison d'édition.

Pour tout auteur muni d'un manuscrit fin prêt, la recherche d'un éditeur s'inscrit dans la démarche naturelle des choses. « Il ne faut pas hésiter à viser haut, rappelle d'ores et déjà Stéphane Marsan. Cent pour cent des gagnants ont tenté leur chance. Il n'y a rien à perdre. » La recherche d'une maison d'édition et la soumission d'un texte sont deux étapes à ne pas négliger. Connaître le catalogue d'un éditeur avant de s'adresser à lui et d'être sûr d'envoyer son manuscrit à la bonne maison d'édition est l'un des points primordiaux de cette entreprise. « La plupart des manuscrits sont rejetés car ils ne suivent tout simplement pas la ligne éditoriale de la maison », ajoute le directeur de Bragelonne à ce propos. Profiter de l'ouverture de certains éditeurs et de leur disponibilité au cours de rencontres et de salons littéraires pourrait aussi être profitable à l'auteur. Une simple conversation avec un éditeur peut permettre de savoir si un manuscrit correspond ou non à la maison d'édition désirée. La question des soumissions multiples, elle, reste ouverte et, de ce côté, les éditeurs de Bragelonne préconisent de les en informer si un auteur décide de soumettre son texte à d'autres maisons d'édition, d'autant plus que le monde éditorial français de l'imaginaire est petit.

La présentation d'une œuvre importe. Lettre d'accompagnement, souci de l'originalité, format, suivi des tendances littéraires et culturelles du moment, toutes ces composantes peuvent avoir un effet négatif comme positif sur un manuscrit. « Je recommande aux jeunes auteurs une lettre d'accompagnement aussi simple que possible, affirme Stéphane Marsan. La volonté de se démarquer dans un souci d'originalité, les informations trop personnelles et les recommandations sont des éléments qui viennent parasiter la lecture des éditeurs et qui ont généralement un impact négatif. » Un pitch suffit généralement à l'éditeur pour se faire une idée sur le texte qu'il a entre les mains, et si celui-ci correspondra ou non à sa ligne éditoriale. Ainsi, encore une fois, une rencontre avec un éditeur à l'occasion d'une conférence ou d'un salon peut permettre de s'éviter la peine d'envoyer un manuscrit.

«La lecture de manuscrits prend du temps ». Un état de fait banal qui implique des délais de lecture ostensiblement variables. Chez Bragelonne, les éditeurs retiennent une quarantaine de manuscrit par semaine et, au cours d'une réunion hebdomadaire, en choisissent quelques-uns qui passeront le cap du pitch et des premières pages. « Toute la difficulté est de jauger si le manuscrit rentre dans notre ligne éditoriale ». Ces quelques textes choisis seront ensuite lus, mais en dehors des horaires de travail. Le travail de lecture de l’éditeur ne se déroule pas à l’intérieur des bureaux car, comme l’expliquent Claire Deslandes et Stéphane Marsan, ils n’en ont tout simplement pas le temps. Par ailleurs, ils rappellent qu'il ne faut pas hésiter à les relancer si un auteur n'obtient aucun retour de leur part.

Enfin, l'observation globale du marché est à considérer dans la soumission d'un manuscrit. En effet, si suivre une tendance pourrait apparaître comme une bonne idée, elle s'avérerait être une fausse bonne idée par la suite car les publications d'aujourd'hui résultent de décisions éditoriales parfois prises des années en avance. Le temps d'écrire une œuvre qui correspondrait à un courant à la mode comme le vampirisme ou les zombies, la tendance se sera déjà décalée vers un autre type de littérature. De la même manière, une prise de conscience des enjeux financiers est nécessaire de la part des auteurs. Si le modèle des grands formats était pérenne jusqu’au début du siècle, ce n’est plus vrai aujourd’hui. Le modèle du poche qui a pris sa relève commence lui aussi à s’effondrer et le numérique progresse encore trop lentement par rapport à ce qu’il se passe au modèle nord-américain. Une longue saga pourrait donc être refusée à cause d’une contrainte financière.

L’édition numérique pourrait être une solution « qui n’est absolument pas une voie de garage ni un plan B », assure Claire Deslandes. Malgré un taux de pénétration encore assez faible des liseuses et autres appareils mobiles capables d’afficher des fichiers textes, la publication numérique, d’une part, n’exclut pas la publication papier grâce au principe de l’impression à la demande et d’autre part, le prix plus accessible des œuvres numériques contribue à leur diffusion. Actuellement, les ventes en numérique se situent entre 25.000 et 30.000 exemplaires par mois. L’avantage pour l’éditeur est d’économiser sur les frais de librairie et d’imprimerie, et pour l’auteur, cela lui permet aussi d’avoir plus de royalties et de céder ses droits sur une période de temps moins longue. Les éditeurs n’oublient cependant pas le « prestige » que peut représenter une publication papier aux yeux de certains auteurs.

Stéphane Marsan clôture cette rencontre par ce conseil aux jeunes auteurs : « Ne lâchez rien ! Si vous aimez ce que vous faites, si vous y croyez, accrochez-vous ! »

Merci à Claire et Stéphane pour ces échanges ! Un compte-rendu plus détaillé de cette rencontre sera disponible à la demande, rendez-vous sur le forum de CoCyclics.

Merci à Guillaume Parodi pour la rédaction de cet article !

Merci à l'équipe du dernier bar d'avoir fait face à l'imprévu (une coupure de courant dans le quartier du Châtelet) et de nous avoir reçus avec disponibilité, efficacité et gentillesse !



Pour en savoir plus sur le dernier bar, visitez leur site : http://www.dernierbar.com/

Pour en savoir plus sur les éditions Bragelonne : leur site, leur blog.

Pour en savoir plus sur l'association "Tremplins de l'Imaginaire", c'est par ici !