dimanche 31 janvier 2016

Mise en veille du blog Tintama(r)re

Chers lecteurs et chères lectrices du blog, chères grenouilles,

La Mare grandit et évolue. Notre collectif est désormais bien connu du monde de l'édition au-delà de nos berges, nous avons une présence active sur les réseaux sociaux grâce à notre veille qui relaie les informations sur l'édition et les conseils d'écriture publiés un peu partout sur le Web. Nous avons également une chronique mensuelle sur le site ActuSF qui nous donne l'occasion de partager nos méthodes et informer les auteurs - publiés ou non - sur le monde de l'édition, l'écriture, etc. Nous avons réformé nos partenariats pour tenir compte de nos nouvelles relations avec les éditeurs.

Beaucoup de réussites (oui, oui, jetons-nous des fleurs de temps en temps :p ) et beaucoup de travail, aussi. En ce qui concerne notre bon vieux blog Tintama(r)re - qui allait bientôt souffler ses 7 bougies - nous ne pouvons plus assurer une présence suffisamment assidue. Un blog, tous ceux qui en ont un le savent, est extrêmement chronophage, cela demande très régulièrement de la matière, de l'investissement, et beaucoup de volontaires. Les nouvelles que relayait Tintama(r)re à destination des membres du Collectif pourront fort bien être postées directement sur le forum (bilans des cycles, des challenges, etc.). Quant aux articles plus ouverts sur le monde de l'édition, nous en relayons un certain nombre via le système de veille et nous en rédigerons d'autres de notre cru sur le site d'ActuSF.

Plusieurs grenouilles ont revêtu la casquette de rédactrice en chef de ce blog au fil des ans : Syven, Célia, Ermina, Garulfo et Hatsh, et nous leur sommes très reconnaissants. Merci à tous ceux et celles qui ont participé aux articles et aux interviews. Un merci tout particulier à Hatsh pour avoir tenu la barre cette dernière année.

Attention, nous ne fermons pas le blog pour autant, nous le mettons en sommeil provisoirement avec l'idée, peut-être, de le reprendre plus tard si les circonstances évoluent.

Merci de votre attention !

Les Permanents

dimanche 24 janvier 2016

2015 : le 9e bilan annuel des cycles CoCyclics !

Et voici le dernier bilan de l'année 2015 : celui des Cycles ! Merci à Conteuse et à l'équipe de modération des cycles d'avoir réalisé cet article et de veiller sur le travail des autres !
(Si par extraordinaire vous n'avez jamais entendu parler des cycles sur la mare, vous en trouverez les principes et le guide ici).

Neuf bilans annuels, déjà, pour parler de l'entraide entre auteurs SFFF telle que la pratique CoCyclics !

Neufs bilans annuels pour se réjouir de partager la volonté d'améliorer textes et histoires, malgré les doutes, malgré les difficultés, malgré le temps qui s'écoule, imperturbable.

Soyons clairs : les chiffres qui suivent n'ont aucune prétention de statistique. Ceux qui vivent l'envie d'écrire savent trop bien que chaque roman, chaque novella, est en soi un cas à part. Chaque auteur, chaque bêta-lecteur a son propre rythme, ses contraintes ou ses facilités personnelles. Les valeurs ci-dessous ne sont donc pas destinées à établir d'éventuelles prévisions ; les lignes de ce bilan n'ont pour vocation que de témoigner des efforts, des espoirs, des rêves, et surtout du travail et de la persévérance de celles et ceux qui se sont lancés dans l'aventure.

Du travail, dans les allées de CoCyclics, il n'en manque pas : vingt entrées en cycle ces deux dernières années, c'est autant d'auteurs et deux à quatre fois plus de bêtas-lecteurs qui se mobilisent sur chaque manuscrit.

De la persévérance, certes il y en a, quand les cycles se déploient sur des mois et parfois des années. Il y en a, quand, une fois l'estampille obtenue, ceux qui recherchent un éditeur persistent un an, deux ans, … voire plus de 5 ans, avant que leur espoirs ne se concrétisent.

Le bilan de ces neuf ans en bref ? 60 manuscrits étudiés, décortiqués, corrigés, repris, retravaillés. Mis bout à bout, les 40 cycles terminés à ce jour représentent une durée de travail de près de 54 ans…

Quels résultats, au final ? Les pages de Tintama(r)re témoignent souvent des expériences et des objectifs atteints lors des estampilles. Les auteurs qui s'engagent dans un cycle ont chacun leurs souhaits ; progression personnelle, qualité d'un texte, renforcement d'un thème particulier, …

Tous ne désirent pas être publiés après l'estampille. Et parmi ceux qui le souhaitent, certains ne le sont pas (pas encore). Cependant, sur les 40 cycles terminés (dont 5 n'ont l'estampille que depuis une poignée de mois), 27 ont déjà trouvé leur éditeur et font, ou feront bientôt, la joie de leurs lecteurs.

Si vous souhaitez vous faire par vous-même une idée des résultats de ces efforts, il vous suffit de faire votre choix dans la liste de ces publications (cliquer ici).

Graphique de bilan des cycles 2007-2015
(cliquer sur l'image pour l'afficher plus grand)


Créé en 2006, l'outil « Cycle » de CoCyclics a accueilli son 62ème manuscrit fin 2015. Depuis fin octobre, les règles à suivre sont celles de la version 3. Cette évolution conditionne, entre autres, les candidatures d'auteurs à une participation préalable en tant que bêta-lecteur, tout comme elle affine les principes de travail sur la phase III.

Le statut couleur « vert sapin » indispensable au travail en cycle compte désormais 91 grenouilles. Régulièrement, les estampilles saluent le travail mené à bien et de nouvelles soumissions augmentent le nombre d'écrits en étude : en 2015, avec 5 estampilles et 10 entrées, ce ne sont pas moins de 26 manuscrits qui ont alimenté les discussions entre auteurs et bêta-lecteurs. 44 grenouilles se sont succédées à leur chevet, tour à tour auteurs ou bêta-lecteurs, voir même investies dans l'équipe de suivi des cycles.
En effet, ne croyez pas que ceux qui se lancent dans un cycle CoCyclics soient isolés : une équipe dédiée veille. Discrets mais présents, ses membres assurent l'équilibre et le bon déroulement de chaque phase : bienvenue à Najdah et Amzil qui l'ont rejointe ces derniers mois.


Ce bilan ne serait pas complet sans un focus sur les dernières entrées en cycle ; sachez que l'automne 2015 a été fortement orientée fantasy, avec juste une touche de fantastique :

* Fantasy pour adultes avec La joueuse de vor de Têtard potté :
Liott, jeune télépathe de cinq ans, est confié à la garde d'une duchesse qui se révèle être sa mère naturelle. Incapable de s'attacher à lui, elle va l'utiliser à des fins politiques. Lui, au contraire, n'aura bientôt plus qu'un seul but : se faire aimer de sa mère.

* Fantasy réaliste pour adultes avec Valadonne d'Amzil :
Aniélis, dix ans, voit les prêtres d'un pays étranger détruire son monde. Devenue femme, elle ne vit plus que pour nuire à ses ennemis. Au fond de l'abîme où l'entraîne la colère, sa haine vacillera-t-elle ?

* Fantasy pour adultes avec Le Chant des disparus d'Ardawal :
Après l'invasion meurtrière du pays des Chantants, Soali, une jeune rescapée, retrouve d'autres survivants. Avec l'aide d'une nation alliée, ils s'efforcent de régénérer leur peuple et de préserver le souvenir de leurs Ancêtres, gardiens du savoir et de la religion. Mais l'Écorce, une entité sournoise qui aspire à devenir le Dieu unique de l'humanité, utilise ses dons de manipulation pour les en empêcher.

* Medieval Fantasy pour jeunes adultes avec Le fils de l'Ange de La_louve :
Le peuple de Valone est épuisé par la guerre. Julian serait capable d'y mettre fin, si seulement il maîtrisait ses pouvoirs. Alors qu'il poursuit son entraînement dans un camp militaire, il prend sous son aile un jeune archer persécuté pour son homosexualité. Assumer leur relation naissante dans un monde machiste ne sera que le début du parcours, car déjà la guerre les rattrape.

* Fantastique pour jeunes adultes et adultes avec Le Cycle des Morts d'Arcane :
Dévastée par le décès de celui qu'elle aime, une jeune femme ressasse ses souvenirs dans un camping sans se rendre compte qu'on l'épie. Dans l'enceinte d'un fort proche de là, elle retrouve son amoureux perdu qui est bloqué entre la vie et la mort. Dès lors, une seule obsession la hante : le rejoindre. Échappera-t-elle à son attraction pour la mort ? Et pourquoi ce mystérieux campeur lui veut-il du mal ?

2016 sera-t-elle de la même eau que 2015 ?
Que réserve la nouvelle année aux nouveaux auteurs ?
Souhaitons qu'il s'agisse d'inspiration, de détermination, de partages, d'entraide, … et surtout de beaucoup de joies !

dimanche 17 janvier 2016

Bilan 2015 des Challenges 1er jet !

En 2015, la partie du forum consacrée aux Challenges 1er jet a de nouveau rencontré un franc succès ! Le principe est simple : il s'agit de terminer l'écriture de son roman ou de sa novella avant le 31 décembre. Les challengers ont la possibilité de poster des extraits, de faire part de leurs avancées, mais aussi de leurs doutes ou de leurs blocages, le tout dans la bonne humeur.

Répartis dans huit sections de travail, ils bénéficient d'une émulation propice à l'avancée de leur projet et reçoivent les encouragements des grenouilles sous le regard bienveillant des modérateurs challenges.

En 2015, 184 challenges ont été ouverts. Si le mois de janvier a enregistré le plus d'inscriptions, celles-ci se sont poursuivies tout au long de l'année. Certains challengers ont même enchaîné plusieurs projets à la suite, ce qui dénote leur attachement à cette ambiance particulièrement favorable à l'inspiration.

Graphique n°1 : nombre de challenges ouverts par mois
Graphique n°1 : nombre de challenges ouverts par mois


La fantasy a concerné une large part des challenges, mais les trois genres ont été représentés dans toute leur diversité.

Graphique n°2 : un diagramme circulaire qui montre la répartition entre fantasy (106 challenges), la SF (41) et fantastique (39)
Graphique n°2 : un diagramme circulaire montrant la répartition entre Fantasy (106 challenges), la SF (41) et Fantastique (39)


Sur les 184 challenges ouverts, 54 ont été menés à terme, soit 5 de plus que l'an dernier. Bravo à leurs auteurs ! 72 challenges ont été suspendus, parfois pour laisser à leurs auteurs la possibilité de se lancer dans un autre challenge. Et sur les 58 challenges encore en cours d'achèvement, nombreux sont ceux que nous retrouvons en 2016 !

Graphique n°3 : diagramme circulaire qui montre la répartition entre les challenges en cours, suspendus et terminés, avec ou sans prolongation
Graphique n°3 : diagramme circulaire qui montre la répartition entre les challenges en cours, suspendus et terminés, avec ou sans prolongation


Au menu 2015 


Les défis ont inspiré nombre de challengers : 39 d'entre eux ont participé à au moins un défi ! Bravo aux quatre auteurs qui ont relevé les cinq défis : La_Louve, Flume, Mani et Kinvara !
De la Saint-Valentin à la chasse aux esprits en passant par les vacances de la loose, chacun a pu y trouver son bonheur. Pour la première fois, un défi à quatre mains a été inauguré et a rencontré un vif succès : 18 challengers l'ont testé et ont pris plaisir à s'entraider afin de sortir d'une mauvaise posture l'un de leur héros.

Les parrainages et les marrainages ont de nouveau été l'occasion de créer des liens entre les grenouilles et ont largement contribué à la motivation des auteurs. Il s'agit d'accompagner plus particulièrement un ou des challenge(s) en motivant l'auteur et en suivant de près ses avancées. Comme les années passées, les parrainages ont donné naissance à de belles amitiés !

La toute nouvelle option prolongation, réclamée en 2014 par les challengers, a été expérimentée avec succès : sur les 54 challenges terminés, 25 en ont bénéficié.
En quoi cette option consiste-t-elle ? Elle offre la possibilité de clôturer en douceur son challenge en partageant ses avancées lors de la première phase de corrections. L'auteur peut ainsi continuer à poster des extraits, et surtout faire part de ses réflexions au fur et à mesure de la reprise de son texte : ce moment d'échanges avec celles et ceux qui ont suivi le challenge permet à l'auteur d'appréhender au mieux la phase parfois délicate de la relecture.

Autre nouveauté qui a vu le jour : la Taverne du Père NénuFou, sous l'impulsion de MadManu, qui depuis est devenu modérateur challenge.
Dans une ambiance détendue et très conviviale, les challengers s'y sont retrouvés pour fêter leurs avancées et déguster quelques spécialités virtuelles du Père NénuFou. Le principe est simple : lorsqu'une grenouille atteint un palier (10 ksec, 50 ksec, 100 ksec, 200 ksec, 350 ksec,...) sur son premier jet, elle est en droit d'échanger ces ksecs durement gagnés contre une commande servie par le Père NénuFou (ou par l'un de ses assistants).

Pour finir sur 2015, il y a eu du changement dans l'équipe des modérateurs challenges : Zela, Calirose, Kam'Ui et Ayalys ont repris leurs habits vert sapin. Aemarielle, Arcane, Llyana et MadManu ont rejoint Têtard Potté, Axelle C, Monsieur Loup, Cyberlune, Sunny et Aramis.

Au menu 2016


Vous retrouverez les huit sections inchangées. Les défis à deux ou parfois quatre mains se poursuivront également.

Vos fils habituels vous permettront de vous y retrouver facilement :

Au vu de son succès, l'option prolongation sera reconduite pour les challenges terminés en 2016. Afin de conserver l'esprit des challenges premier jet, elle sera limitée à trois mois. Tous les détails par ici.
De même, le Père NénuFou ouvrira à nouveau les portes de sa taverne pour vous accueillir.

Cette année, de nombreuses nouveautés vous attendent :
  • Le fil des consignes et tutos vous guidera précieusement tout au long de votre challenge.
  • Un doute sur les commentaires que vous pouvez poster dans les challenges ? Le Petit tutoriel du lecteur de challenge sera fait pour vous.
  • Vous retrouverez des conseils pour animer votre challenge dans le fil initié par des grenouilles l'an dernier.
  • Chaque mois, L'Écho des challenges, votre newsletter, présentera les nouveaux challenges ainsi que ceux qui ont été achevés.
  • Une section sera tirée au sort et mise à l'honneur toutes les 3 semaines, nous vous en dirons plus courant février.
  • Le Blabla du comptoir évolue et devient Inter-sections : ce sera l'occasion de papoter, mais aussi de réagir au sujet de l'actualité des challenges et des discussions lancées par les modérateurs.
  • Une ou plusieurs chasses au trésor seront organisées : vous partirez à la recherche d'indices glissés dans les challenges et tenterez de résoudre des énigmes.

Nous avons hâte de vous accueillir à nouveau au sein de la section des challenges remise à neuf en tant qu'auteur ou simple lecteur. Que l'inspiration coule à flot en cette nouvelle année et que de nombreuses histoires voient le jour !

Signé : l'équipe de modération violette.

dimanche 10 janvier 2016

Bilan 2015 du challenge 1 mois / 1 nouvelle

Né en 2014 sous les auspices de Tesha Garisaki, le challenge 1 mois/ une nouvelle propose aux participants de réussir à écrire une nouvelle par mois, soit douze nouvelles par an. On y retrouve l'idée de Ray Bradbury, en plus douce puisqu'il proposait d'écrire une nouvelle par semaine, mais surtout l'idée d'encouragements et d'émulation. Fort de son succès en 2014, avec 26 participants (dont 24 survivants) pour 138 nouvelles, le challenge a été reconduit en 2015 sous la houlette de Booz et des modérateurs de la section du forum consacrée aux nouvelles : Atar, Nariel et Solar Flare, qui nous ont concocté ce bilan.

Après une année de courage et de travail acharné nous pouvons donc saluer les vingt-quatre grenouilles nouvellistes qui n'ont pas hésité à relever le challenge « 1 mois, 1 nouvelle ». Bravo à tous les participants pour les 109 nouvelles écrites durant l'année, soit un peu plus de quatre nouvelles par personne si l'on fait la moyenne.

En réalité, seuls deux participants ont franchi la ligne d'arrivée des douze nouvelles : Dravic (avec 17 nouvelles !) et Thewakwaktree, mais tous les efforts valent la peine d'être salués.
Après une première édition en demi-teinte avec la moitié de l'objectif rempli, Dravic a pulvérisé le score cette année, dans l'objectif de réaliser un recueil de nouvelles. L'année prochaine, Dravic la dédiera aux corrections de son roman, « néanmoins, c'est un bon exercice que je conseille à tous, c'est plus facile de travailler de la nouvelle avec un objectif (ici remplir les mois) et s'exercer sur des textes courts permet de cibler ses défauts récurrents qui sont un peu noyés dans les romans. » Si bien qu'il est possible de revoir Dravic dans le challenge 2017 !
Pour Thewakwaktree, le challenge est « tout sauf un exercice facile et anodin. En m'inscrivant je pensais que c'était juste un truc pour compter le nombre de nouvelles que je pouvais écrire dans une année, et puis le jeu c'est installé et j'ai bouclé mes deux derniers textes avec l'énergie du désespoir. » 2016 nous dira combien auront été retenues, même si l'une d'elle est déjà publiée dans le Lanfeust Mag de l'été 2015, et que deux autres ont été sélectionnées ! 2016 sera aussi une année de repos, « mais qu'est-ce que c'était fun ! »
C.R., trop prise par sa vie personnelle, a délaissé CoCyclics, mais la plupart de ses nouvelles de 2015 seront publiées ! Et elle termine le challenge in extremis avec douze nouvelles !

Avec 9 nouvelles, dont plusieurs sélectionnées pour publication, Vestrit n'était pas bien loin de remporter le challenge, mais le manque de temps l'a vaincue. Cela ne l'empêchera pas de renouveler le défi l'an prochain, puisqu'elle le trouve sympathique.
TerhiSchram atteint le même score de 9, tandis qu'Atar et CeGu suivent avec 8, CHANY avec 7 et Takisys avec 6 nouvelles.

En dessous de la barre des 6, Anita, Arcane, Booz, Celia, Delacroix, Eleven, Flume, Firenze le Diadoque, Maspalio, Mémoiredutemps, Monsieur Loup, Nariel Limbaear, Nath, Nelerys, NynaMouskoury, que nous espérons vivement revoir l'an prochain, et qui exploseront le compteur !

Encore bravo à tous les courageux participants et à très bientôt pour le challenge 1 mois / 1 nouvelle 2016 !

vendredi 1 janvier 2016

Nouvel An et rencontre avec Pierre Bordage !

Pour ce Nouvel An 2016, l'équipe Tintama(r)re a le plaisir de vous offrir le compte-rendu d'un évènement organisé par Tremplins de l'Imaginaire !

Bonhommes de neige grenouilles
Bonne année 2016 !

Le samedi 24 janvier 2015, Pierre Bordage est venu à la rencontre de CoCyclics pour une conférence-débat au Tea Corner, un salon de thé bien connu des membres du collectif, situé dans le 1er arrondissement de Paris. Ermina vous a retranscrit en détail ses notes des discussions tenues, merci à elle ! Et merci à Pierre Bordage d'avoir gracieusement accepté leur publication !

Portrait de Pierre Bordage
©Laurence Honnorat

MÉTHODES D'ÉCRITURE

Question : Quelle est la journée type d'un écrivain professionnel ?
Pierre Bordage : Je travaille le jour à partir de huit heures environ jusqu'à dix-huit heures avec une pause déjeuner et éventuellement une balade. Au cours d'une journée type, je produis dix pages. J'en discute avec des collègues auteurs et ils n'ont pas le même rythme. Il y en a qui travaillent la nuit, d'autres seulement dans les endroits bruyants ou dans des lieux silencieux.

Et après l'écriture ?
Je relis le chapitre sur ordinateur, imprime, corrige au crayon. Viennent ensuite la relecture globale sous format électronique et sur papier. Après une dernière relecture sous format électronique, j'envoie ensuite directement à l'éditeur.
J'ai toujours un projet d'avance. À chaque projet, il y a nouveau défi : il faut trouver l'angle de la plongée. J'ai des projets très anciens, que je n'ai pas pu exploiter. Le feu de dieu a été écrit 12 ans après avoir eu l'idée.

Est-ce que vous connaissez la fin ?
Pour certains projets oui, mais souvent, je tombe à côté. Ou alors, je ne la connais pas et ne sais même pas ce qu'il y aura dans le chapitre suivant. Je suis un scripturant, un jardinier pur qui regarde pousser. J'ai besoin d'être surpris par mes personnages. J'en ai qui meurent alors que je ne l'avais pas prévu.
J'ai aussi des idées globales comme Wang, mais les chemins pour aller à la fin sont différents de ce que j'avais imaginé. Dans Roel, j'ai voulu imposer ma volonté, mais en cinquante pages, j'ai tué le roman. Ma nature est d'être jardinier.
[NDLR] Quand les auteurs « architectes » planifient en détail leur histoire avant de se lancer dans l'écriture, les « jardiniers » n'ont aucun plan ou seulement des idées globales.

LES PROJETS

Quand vous construisez un projet, qu'est-ce qui est au centre ?
Pour Abzalon, c'était un personnage. Pour Wang, c'était un univers. Pour les Guerriers du silence, je suis parti d'un personnage qui ne peut pas voyager et qui noie son ennui dans l'alcool. Pour Résonances, c'est une femme dans l'espace entièrement voilée. Si on la voit, elle risque d'être répudiée. Si quelqu'un la voit, il est condamné à mort. Je voulais faire un clash entre l'ultra-technologique et l'archaïsme.

Comment trouvez-vous vos titres ?
Quand je trouve un titre, je suis content. Il peut me venir en cours d'écriture ou après : par exemple, pour Ceux qui sauront, chez Flammarion, c'est l'éditeur qui l'a trouvé.

Donnez-vous tout le temps le pitch ?
J'ai l'impression de m'emprisonner en faisant un pitch, mais les éditeurs ont besoin de préparer la pub du roman avant.
Je n'aime pas plus le faire après l'écriture. Un résumé, c'est plat. On ne restitue pas l'atmosphère du livre. Les quatrièmes de couvertures sont compliquées à faire, je suis incapable d'en faire. L'éditeur me demande des éléments et trie dedans.

Si le personnage vous emmène vraiment très loin, que se passe-t-il ?
Alors, je dis qu'il y a deux volumes. Les éditeurs n'aiment pas les trilogies, car la déperdition de lecteurs est de plus en plus importante avec les tomes. Mais sur un dyptique, il n'y a pas de perte.

Avez-vous déjà été coincé en cours d'écriture ?
Oui, il m'arrive même de me coucher sans savoir ce qui va arriver ensuite, mais le problème se dénoue d'une façon étonnante par l'écriture. Je n'ai pas l'impression d'être l'auteur du livre, mais celui qui le recueille, comme un accoucheur qui recueille un bébé. Moins je mets de moi, mieux le livre se porte. Mon boulot c'est de l'accueillir par l'écriture.

En vous écoutant, on a l'impression que ça va tout seul, mais vous avez un univers construit et on sent que vous avez réfléchi avant.
L'inspiration vient de mes lectures, mais les modes de narration sont en moi. Il y a une sorte de spontanéité. Le livre se nourrit aussi de moi et de mes propres préoccupations. J'ai l'impression que c'est une ancre, un sang qui sort de l'auteur. Donc, quand je commence un roman, je n'ai pas de notes, juste un cahier pour écrire les noms des personnages et des planètes. Je fais une chronologie, car je suis parfois perdu.

Couverture du roman "Abzalon"


Quand vous avez besoin de faire des recherches, vous les faites au fil de l'écriture ?
Pour un roman, il m'a fallu quatre mois de recherches pures sans écrire. J'ai rempli des cahiers, je suis retourné à l'école. Mais je me noyais dans les recherches. Habituellement, je pars avec les personnages, je construis leur parcours. Je fais les recherches au fur et à mesure.

Vous écrivez tout dans l'ordre ?
Oui. Beaucoup de structurants purs ont des problèmes avec l'écriture qui devient douloureuse : il faut mettre de la chair à une charpente. Le jardinier a le plaisir d'être entraîné avec l'écriture. Mais chacun a sa manière de faire. Il faut suivre sa voie à soi. À vous de trouver votre propre fonctionnement, n'imitez personne. L'écriture est une musique personnelle, c'est ce qui fait sa richesse.

Vous prenez des vacances avec tous ces projets ?
Je m'impose quinze jours de vacances entre chaque livre. Je m'occupe de mon jardin, je regarde des conneries à la télé. Je pense que pour regagner la fraîcheur, il faudrait deux mois.

LA NOUVELLE

Pierre Bordage : Je ne suis pas très nouvelle. J'ai commencé par le roman alors que l'univers de la SFFF est amateur de nouvelles. Pour écrire une nouvelle, il faut que je sois poussé à le faire et je reporte jusqu'au bout. Une fois devant l'ordinateur, je ne sais pas ce que je vais faire. La nouvelle, c'est de la mécanique de précision. Il n'y a pas d'investissement émotionnel à la différence du roman. Dans mes romans, j'ai des fins positives, mais pas dans les nouvelles qui permettent de libérer mes instincts sadiques.

LES CORRECTIONS

Comment procédez-vous pour les corrections ?
Je fais une première correction au crayon. Après, je l'envoie à l'éditeur qui met un mois pour lire. La réponse passe par un coup de fil. Puis, je reçois le manuscrit avec les annotations. Un bon éditeur est celui qui souligne pour dire : est-ce que tu peux trouver mieux ? Ce n'est pas celui qui impose. Je corrige ou pas si je ne suis pas d'accord. Cela prend une journée, deux pour les gros romans : ce sont surtout des corrections stylistiques. Tout va très vite quand il n'y a pas de problème de fond. J'essaie de voir le livre comme une partition sur lequel il doit y avoir le moins de fausses notes possible.

Est-ce que vous aviez autant de correction au début ?
Mon premier roman, c'est Les guerriers du silence. Il a connu beaucoup de péripéties. Je l'ai envoyé l'Atalante. En général, quand vous êtes accepté, on vous appelle. L'éditeur m'a appelé et a dit : « c'est bourré de défauts ! ». Il fallait mieux définir les méchants : les bons méchants font les bons romans. Au bout de vingt minutes, je lui demande ce qu'il veut. « Le publier bien sûr ». J'ai dit : « D'accord, mais je le réécris ». Je voyais beaucoup de défauts et il y avait des naïvetés. Je l'ai réécrit huit ans après, puis j'ai fait les dernières corrections chez l'Atalante, ce qui a duré deux jours.
Pour Abzalon, l'éditeur venait chercher les chapitres chez moi. J'étais très en retard. À force de le relire, je ne vois que des défauts et j'ai eu besoin de plusieurs mois pour retrouver de la fraîcheur.

L'ÉDITION

Vous avez eu du mal à être édité ?
Oui. J'ai l'impression que dans la vie, il y a une sorte de destin. Les portes s'ouvrent et se ferment. J'ai écrit Les guerriers du silence à 30 ans, j'ai été publié à 38 ans. C'est resté fermé pendant longtemps et j'avais l'impression que ça ne pouvait pas s'ouvrir. Au début, j'envoyais certes aux mauvais éditeurs, et c'était une erreur. Je ne connaissais pas le milieu, j'ignorais qui étaient les éditeurs de science-fiction et de fantasy. J'étais journaliste sportif. Un jour, j'ai aperçu les romans de l'Atalante en descendant au Virgin et j'ai vu que je connaissais le traducteur des Chroniques d'Alvin le faiseur [NDLR : d'Orson Scott Card]. Je l'ai appelé et je lui ai parlé de mon manuscrit en lui demandant si je pouvais l'envoyer. Il en a parlé à Pierre Michaud [NDLR : le fondateur de l'Atalante].

Couverture du tome 1 "Les guerriers du silence"

Il y a cinq étapes :
  1. Est-ce que vous aimez raconter les histoires ?
  2. Est-ce que vous pouvez aller au bout ?
  3. Est-ce que vous allez plaire à un éditeur ?
  4. Est-ce que vous allez plaire aux lecteurs ?
  5. Est-ce que vous allez vendre assez de livres pour faire gagner de l'argent à l'éditeur et en publier un autre ?
Dans le milieu de l'imaginaire, il y a plein de petits éditeurs pour commencer. On se fait remarquer et on trouve un plus gros éditeur. Quand j'ai commencé, l'Atalante était un petit éditeur. Je suis resté fidèle, sans m'interdire d'aller ailleurs. L'important pour un auteur, c'est d'être publié, pas de s'autopublier.

Est-ce que vous pensez qu'on peut faire carrière, de nos jours ?
Il faut toujours le croire, car ça ne vous appartient pas. Oui, on peut. Moi, je vis purement de l'écriture depuis vingt-deux ans. Il faut tout faire avec son cœur et son énergie et on verra ensuite. Il n'y a aucune porte fermée sur rien.

LE NUMÉRIQUE

Que pensez-vous du numérique ?
Je lis surtout sur papier, mais je ne peux pas l'ignorer, car il est incontournable. Il n'y a pas d'opposition entre ces deux supports, ils sont complémentaires. Le numérique fait aussi vendre du papier.

En tant qu'auteur, est-ce que le numérique a changé vos habitudes ?
Je ne pense pas. L'écriture est une musique qui jaillit, quel que soit le support. Je n'écris plus à la main maintenant. Quand j'ai été assez à l'aise au clavier, j'y suis passé entièrement. Il faut seulement que rien n'interrompt l'écriture.

Que pensez-vous de l'autopublication numérique ?
Il y a une masse importante d'autopublications numériques. Avec l'autoédition, on n'a pas assez de recul.
Sans bornes, comment on va faire pour se repérer ? Si le manuscrit a été refusé par l'éditeur, ce n'est pas pour rien. Comment sortir de la masse si on a un manuscrit un peu meilleur ? Il faut un label qui garantisse la qualité. Sur Amazon, on s'auto-achète pour se retrouver dans le top.
Des éditeurs comme l'Atalante ont réfléchi sur l'édition numérique, mais on ne fait pas des milliers de ventes. Le feuilleton fonctionne avec six ou dix épisodes qui ne doivent pas être trop chers. Des gens disent qu'on peut enrichir le numérique d'images et de vidéo, mais il ne concurrencera pas le jeu vidéo. C'est un moyen de découvrir le texte pur, le seul qui développe l'imaginaire.

Vous lisez ?
J'essaie. Je lis de tout. En ce moment, je lis un gros traité de mythologie du monde. Je rencontre des auteurs dans des salons et on s'échange nos romans.

EN CONCLUSION

Pierre Bordage : En résumé, ne vous laissez jamais décourager et faites-vous confiance, le reste ne vous appartient pas.