mercredi 18 décembre 2013

La ville qui ne voulait plus rêver, de Guillaume Dalaudier

Aujourd'hui nous accueillons Guillaume Dalaudier, qui est venu à bout de son cycle cet automne et que nous félicitons chaleureusement. 

Tintamar(r)e : Bonjour Guillaume, pour commencer, peux-tu nous résumer ton roman "la ville qui ne voulait plus rêver" en quelques lignes ?

Guillaume : La ville qui ne voulait plus rêver est un roman de fantasy se déroulant dans un univers proche de notre XVIIIème siècle. En voici le pitch : En deux siècles, la cité-état de Phardarianne s’est imposée comme une puissance mondiale. Dirigée par une ligue de marchands, elle contrôle les échanges entre l’ancien et le nouveau continent. Lorsqu’Einrich Argail, un des principaux notables, décide de lancer des fouilles dans une antique cité indigène, il déclenche une vague de cauchemars parmi les habitants de la ville: tout le monde rêve d’indigènes aux crânes difformes.

Pierre Dazille est un écrivain appartenant à la haute société de Phardarianne. Alors que la majorité des habitants perd le sommeil en tentant de repousser les indigènes, il va seul réussir à communiquer avec ce peuple des rêves. Lui qui se passionne pour les mécanismes de la peur, risque d’en apprendre bien plus que désiré.

T : Cette histoire se déroule sur un nouveau continent exploré et exploité par des colonisateurs. T'es-tu inspiré de l'histoire de la colonisation pour l'écrire ?

G : Oui, j’aime beaucoup cette période, propice à toutes sortes d’aventures. Les bases de l’univers de ce roman sont très proches des débuts de la colonisation de l’Amérique du Nord : plusieurs puissances se disputent un énorme continent aux dimensions inconnues. Les villes et les technologies se développent, permettant de repousser les frontières. Pourtant, la science ne permet pas encore de comprendre tout ce que l’on rencontre, et chaque découverte se mâtine d’explications religieuses ou paranormales. La lisière entre imaginaire et science est floue, il est amusant de jouer avec.
À la différence des premières colonies, Phardarianne n’est pas une ville d’immigrants. Elle a été fondée par des marchands parvenus à obtenir des accords avec la plupart des états du monde connu. Leurs descendants préfèrent contrôler les flux de marchandises plutôt que de se perdre dans un continent hostile. Ils sont plus marins qu’explorateurs, mais une si vaste étendue de terres inconnues va forcément finir par attirer des curieux : )

T : Est-ce qu'écrire un roman de fantaisie contenant peu de magie était important pour toi ? Ou est-ce que ça t'a été imposé par les autres éléments de ton intrigue et de ton monde ?

G : C’était un des premiers axes de l’histoire. Les rêves subis par les habitants devaient présenter un impact fort. Si la population évoluait dans un monde où la magie était courante, ces songes seraient presque considérés de manière anodine. De plus, je voulais une société proche de la notre pour renforcer l’implication du lecteur. Les personnages de cet univers disposent à peu près des mêmes munitions que des gens du XVIIIème siècle de notre monde. La géographie et la politique diffèrent, mais les hommes restent soumis aux mêmes peurs, aux mêmes doutes. Certains habitants n’acceptent jamais de croire aux légendes Wicanuyas, d’autres cèdent tout de suite.

T : Est-ce qu'écrire cette histoire ne t'a pas fait faire trop de cauchemars ? Pourquoi avoir choisi ce moyen pour chambouler la vie de tes personnages ?

G : Initialement, les rêves ne tournaient pas toujours aux cauchemars. Dans le premier jet, les indigènes tentaient de créer un contact avec plus de bonté et de succès. Le problème surgissait à cause du fossé culturel : des incompréhensions issues de gestes initialement aimables. Puis est arrivé le personnage de Pierre avec ses études sur la peur, donnant à l’ensemble un ton plus sombre. Le côté bon des indigènes a commencé à disparaître pour accentuer les cauchemars et les relier à ses travaux. Puis la phase de bêta a presque complètement gommé cet aspect.

T : Quelle partie du cycle as-tu trouvé la plus compliquée, l'alpha ou la bêta ?

G : L’alpha s’est avérée être un grand chantier dans lequel je redistribuais les cartes. Les scènes bougeaient, des liens différents se nouaient, des personnages apparaissaient. Mais elle m’a semblée plus simple que la bêta. Il y avait toujours le filet de sécurité, se dire que si jamais une scène ne raccordait plus correctement avec sa précédente, des bêtas avec un œil neuf ne manqueraient pas de la pointer du doigt. Lors de la phase IV, les choses ont continué à bouger, presque au même rythme, j’ai dû réécrire entièrement des chapitres, mais je n’avais plus de filet et je devais aussi peaufiner le style. L’agencement des scènes était plus complexe que lors de l’alpha, et rajouter ou retirer des passages ressemblait souvent à jouer avec un château de cartes.

T : Comment te sens-tu maintenant que ton cycle est terminé ?

G : La fin du cycle est arrivée presque par surprise. Grâce à mes bêta-lecteurs, je disposais de toutes les réponses à mes questions et je n’avais plus qu’à les écrire. Je savais que j’approchais de la fin, mais il restait toujours une note en marge ou un passage à relire. Au bout d’un moment, je me suis aperçu que tout ce que je voulais reprendre l’avait été et que je ne faisais plus que me relire sans vraiment retoucher le texte. Alors a commencé à poindre l’idée de tout relire dans son ensemble et de refaire une dernière passe de corrections…

Il faut savoir s’arrêter. Le cycle a apporté énormément au roman. Je m’attendais à ce que le cycle chamboule pas mal mon idée de base, mais au final il a remis en question tant et plus de choses, que le roman me semble à présent très différent. Des personnages secondaires sont devenus principaux tandis que d’autres ont presque disparus. Des aspects entiers comme les religions eux aussi sautés, ce qui a donné plus de place à d’autres intrigues. Je suis extrêmement content de toutes ces améliorations. Je ne sais pas si le texte est réellement fin prêt pour trouver sa place dans un rayon de librairie, mais je suis confiant et j’ai l’impression d’avoir fait tout mon possible. Continuer à travailler dessus s’apparenterait presque à de la procrastination par rapport à l’envoie aux éditeurs.
Maintenant qu’il est imprimé, relié, et partit dans pleins de boites aux lettres, je suis tout simplement super heureux d’avoir terminé ce projet. Et puis comme ça, je peux en commencer d’autres : D

Encore bravo pour ce cycle et merci d'avoir répondu à ces questions.

Ce fut un plaisir, et c’est l’occasion pour moi de remercier à nouveaux tous ceux qui m’ont aidé et soutenu cette année, jusqu’à la dernière pierre de la ville qui ne voulait plus rêver !

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