samedi 6 novembre 2010

Apéritif au bord d’un nénuphar : une estampille, ça se boit !

Souvenez-vous, ce n’était pas encore l’hiver, et une petite novella effarouchée entamait la dernière ligne droite de ses réajustements textuels.
Le 27 octobre, elle reçoit son estampille, fruit et preuve de ses efforts.

Après moult tournées de nénuphou, le soleil se lève sur la mare. Les insectes vouzounnent et les oiseaux pépient.
Les grenouilles se redressent, s’étirent. Parmi elles Pingu, qui a fièrement fêté l’estampille de sa novella, et ses bêta-lecteurs : Blackwatch, Sandrinoula, Pandora, Iluinar, NB et Tristeplume.

L’auteur et ses bêtas sirotent du nénuphou et grignotent des brochettes de mouches marinées aux aromates (l’heure de l’apéro arrive si vite).
— Dis, Pingu, fait Sandrinoula, tu as prévu une suite à L’après-dieux ?
Pingu manque de s’étrangler : les réjouissances sont à peine finies et son alpha veut la renvoyer au turbin ?!
— Non, pas de suite de prévue. Je n'avais même pas conscience que la fin pourrait donner envie d'avoir une suite !
Blackwatch lui tapote l’épaule :
— Allons, allons, calme-toi, ce n’est qu’une question, pas un ordre.
— Au fait, demande Pingu après avoir enfin délogé la patte de mouche coincée entre ses dents, pourquoi vous êtes-vous proposés pour bêta-lire L’après-dieux ?
— Je souhaitais découvrir un texte de toi plus long que ceux que j'avais lus jusqu'alors, dit Sandrinoula.
— Moi aussi, dit Blackwatch.
— Moi, c’est le titre, fait Iluinar. Bien qu'étant athée, je suis fasciné par le rapport des hommes aux religions, la manière dont celles-ci se créent et influencent les sociétés. L'idée de la disparition des dieux m'a semblé très intéressante.
— En parlant des dieux, dit NB, comment t’es venue l’idée de leur forme si particulière ?
— Oui, rebondit Tristeplume en saisissant une brochette, ces immenses raies mantas à plumes m'ont interpelé moi aussi.
— J'avais l'apparence des dieux en tête très tôt dans l'élaboration du récit, répond Pingu après un instant de réflexion. Mais ce n'est qu'après la phase I que j'ai trouvé la comparaison adéquate pour les décrire de façon à me faire comprendre. Donc, au départ, je percevais mes dieux de manière intuitive, sensitive et visuelle, mais muette. Je ne me souviens plus comment cette image m'est venue. Le plus difficile a été de la mettre en mots.
— En tout cas, la symbiose entre les humains et les dieux m’a vraiment marqué, dit Sandrinoula, ainsi que les repères "modernes" dans un monde malgré tout de fantasy.
— Moi aussi, renchérit NB. J’ai beaucoup aimé l’ambiance d’après-guerre dans un monde proche du nôtre mais avec sa culture et sa religion propres. Et, dans la forme, j’ai retrouvé le style de Pingu que j’appréciais déjà.
Pingu rougit et noie son embarras dans un verre de nénuphou.
— Et vous, les garçons, demande Sandrinoula, qu’est-ce qui vous a marqué dans le texte de Pingu ?
— Je n'ai pas à réfléchir longtemps, répond Tristeplume : l'atmosphère du texte. Extrêmement originale. C'est difficile à décrire mais elle me laisse la même impression que quand je regarde les vieilles photos en noir et blanc de mes parents dans les années 40.
Il se tourne vers Iluinar.
— Rien ne me vient spontanément en tête, répond celui-ci. Mais j'ai une question : dans quel état d'esprit attendais-tu les retours de tes bêtas ? Angoisse d'être jugée, impatience de savoir sur quels points travailler ?
— Dans un premier temps, répond Pingu, au moment de cliquer sur "envoyer" le mail avec le fichier attaché, je tremble de partout, mes mains moites dérapent sur le clavier, j'ai le cœur qui bat jusqu'aux oreilles. Puis, une fois que c'est fait, le grand calme, presque le vide intérieur. Je vais me faire un café dans la cuisine, je vaque. Le soir même ou le lendemain, quelques évidences horribles vont me frapper : tel passage est naze, tel perso mal fichu, tel lieu mal décrit, telle action molasse ou mal amenée… heu, je m’étale un peu, là, non ?
— Non, continue, fait Mélindra qui s'est approchée en douce, c’est vachement intéressant.
— Bon. Donc, des phrases de mon texte se mettent à tourner dans ma tête en faisant des grimaces. Je me dis : "tant pis, c'est envoyé. J'ai fait du mieux que je pouvais à ce moment. Peut-être que les bêtas ne trouveront pas si naze ce passage, ni ce personnage si mal fichu ? Peut-être que cette phrase qui ne me satisfait pas trouve la substance de sa beauté justement dans les subtiles erreurs qui la forment ?". Bref, je me berce d'illusions, je me rassure, je me dis que ce n'est qu'un texte et que ce n'est pas grave, d'ailleurs le trou de la couche d'ozone s'en fout bien. Au cours des jours suivants, j'y pense de moins de moins. Je relativise. Je fais d'autres trucs. Quand le mail tombe dans la boîte, celui avec le fichier attaché plein de commentaires, c'est la fin de la saine attente. Je panique. Puis je lis les commentaires. Et une autre histoire commence, comme on dit.
— Le fait d'être suivie par tes alphas en phase II, demande Blackwatch, quand tu débutais les corrections, tu l'as ressenti comment ? Comme un plus ? Ou est-ce la même chose que quand tu travailles seule sur un texte ?
— Comme plus qu'un plus : comme une rambarde de sécurité, un gilet pare-balle, un élastique en haut d'un pont, une couette douillette au fond de l'hiver. Pas du tout pareil que quand je suis seule, car alors non seulement je suis l'auteur, mais aussi la rambarde, le gilet, l'élastique et la couette.
— Bah, Pingu, qu’est-ce que tu as à te tortiller comme ça ? demande Tristeplume.
— Gaffe, tu fais tanguer le nénuphar ! ajoute Pandora en retenant les plateaux de victuailles qui menacent de tomber.
— Je… Je file aux toilettes ! Trop de nénuphou… Ne boulottez pas toutes les mouches sans moi, hein !
— Elle m’a épatée, fait Sandrinoula en la regardant disparaître entre les roseaux. La version soumise en alpha-lecture était sympathique, mais le texte final est très fort, bien ficelé, poignant. Les personnages comme le monde ont gagné en épaisseur, en véracité.
— Pingu a une capacité dingue à écouter toutes les remarques, renchérit NB, à les mâcher, les remâcher et les digérer pour trouver une solution et les intégrer. Presque de l’obstination, parfois.
— C’est clair qu’elle a une ténacité incroyable, un souci du détail et une motivation à toute épreuve, approuve Blackwatch en se détournant de la dernière brochette de mouches qui lui fait les yeux doux. Bon, c’est pas tout, mon nano ne va pas s’écrire tout seul.
— Eh bien moi, je vais bouquiner un peu au soleil, dit Pandora en ouvrant son exemplaire tout neuf du Hussard amoureux.

4 commentaires :

  1. Super retour d'expérience. Bravo Pingu pour l'estampille !

    RépondreSupprimer
  2. Pour avoir eu le plaisir de bêta-lire dame Pingu, je confirme que des bêtas-lectures et des auteur(e)s comme celle-ci, j'en veux bien tous les jours.

    RépondreSupprimer
  3. J'aime tellement cet univers de la mare ! Ahah !

    Bravo à Pingu. Voilà le résultats de beaucoup beaucoup d'efforts. Nous avons tous hâte de te lire, je crois.

    RépondreSupprimer