mercredi 12 janvier 2011

Une estampille de plus - entretien avec Conteuse

Le 4 janvier dernier, une grenouille endurante obtenait l'estampille CoCyclics pour son roman jeunesse Le mal de Manis. Conteuse profite du calme après la tempête des tournées de nénuphou pour nous glisser quelques mots sur son expérience...


Q – Bonjour Conteuse, et félicitations pour ton estampille. Voici notre première question : comment as-tu connu CoCyclics ? Comment écrivais-tu avant, seule, en atelier d'écriture ?

R – Écrire est un grand mot pour parler de ce que je faisais avant de rencontrer CoCyclics. En fait, depuis toute petite, j’inventais des histoires, et je les racontais, pour des proches auditeurs. Je pensais, parfois, qu’un jour il faudrait que j’en mette une sur papier, mais il y avait toujours d’autres priorités. Et puis, il y a quatre ans, je me suis dit : « c’est maintenant ou jamais ». Je me suis installée devant un écran, et j’ai rédigé un premier jet, rien que pour voir si j’arriverais jusqu’au mot fin. J’ai été très contente - et assez surprise ! -, d’y parvenir. Le résultat me plaisait assez, famille et amis appréciaient le manuscrit, mais je me doutais bien qu’il y avait beaucoup d’améliorations possibles.
J’ai écumé les livres et les sites qui traitaient de l’écriture. J’ai cherché comment trouver des avis justes et constructifs. J’ai posté un extrait sur le forum d’un éditeur connu de SFFF. J’ai eu la chance de recevoir une critique encourageante d’une habituée des lieux, et un autre post m’a parlé de CoCyclics. J’y ai trouvé une bonne ambiance, du travail sérieux, du respect et de l’entraide : tout ce que je cherchais !

Q – Pourquoi soumettre ton roman en cycle ? Avais-tu des réticences ou des appréhensions ? Au final, que retiens-tu du cycle, sur le plan scriptural ou peut-être même personnel ?

R – J’ai d’abord posté un extrait, comme le font beaucoup d’arrivants sur le forum. J’ai appris à bêta-lire les textes des autres. Avec un regard plus expérimenté, j’ai corrigé et recorrigé mon manuscrit. Ces débuts m’ont convaincue qu’un cycle ne pouvait que lui être profitable. J’étais un peu inquiète, quand même, de soumettre mon « bébé ». Avait-il le niveau pour être accepté ? Comment se passerait le contact avec les bêta-lecteurs qui le prendraient en charge ? L’ambiance de la mare m’a rassurée, et très vite, je me suis réjouie de recevoir des commentaires judicieux et efficaces.
Bien sûr, certaines remarques m’ont parues difficiles à entendre. Cependant, une fois la première réaction passée, j’ai pu en voir toute l’utilité. J’ai énormément progressé, en compréhension du regard d’un lecteur, en subtilité d’écriture. J’ai découvert un métier à part entière, avec sa logique, ses codes, ses principes. J’ai aussi rencontré d’autres auteurs en herbe ou confirmés ; j’ai partagé leurs doutes, leurs impatiences lors des attentes, et je me suis réjouie de leurs succès !

Q – Qu'est-ce que ça fait d'avoir achevé ton cycle et récolté ton estampille ? Quels projets à présent ?

R – Je suis ravie ! D'abord d'avoir mené cette phase de corrections à leur terme, et ensuite parce que j’ai hâte d’écrire une nouvelle histoire ! Les premiers chapitres me poursuivent depuis plusieurs semaines déjà, et il me tarde de les poser sur papier.
Je n’oublie pas que la fin du cycle n’est une première étape : il me reste à découvrir un monde entier, avec les premiers contacts éditeur, et tout ce qui en découle. Sur cette partie là, aussi, la présence de CoCyclics est inestimable : avec le GGG (Le Grimoire Galactique des Grenouilles), d’abord, qui donne des informations essentielles sur les éditeurs de SFFF. Puis avec tous les échanges formels et informels qui transitent lors des rencontres et qui apportent au profane des informations indispensables. Et je ne parle pas du plaisir rare qu’il y a de parler avec des gens qui partagent la même passion.

Q –Peux-tu nous parler de tes influences, sur tes écrits en général et sur Le mal de Manis en particulier ?

R – Je suis depuis toujours une fan de Science-fiction puis de Fantasy. Les influences sont certainement nombreuses et variées ; je serais bien en peine de les identifier. Disons que parmi les textes que j’aime, il y a la Ballade de Pern d’Anne McCaffrey, La Belgariade de David Eddings, La saga Vorkosigan et le cycle de Chalion de Lois McMaster Bujold, mais aussi L’invité malvenu de Barbara Hambly, et bien d’autres, en SF comme en Fantasy.

Q – Sur la mare, on trouve aussi des conseils, pistes et fiches de lecture de romans parus. Cela t'a-il fait découvrir des ouvrages ou des auteurs, ou poussée vers certaines lectures ?

R – Certainement. Conseils et fiches sont précieux aussi bien pour découvrir de nouveaux auteurs que pour apprécier des anciens que l’on n’avait pas encore rencontrés. J’ai eu ainsi le plaisir de lire La vieille anglaise et le continent de Jeanne-A Débats, La perle et l’enfant, puis Le hussard amoureux, de Paul Beorn, remarquables par la qualité du langage utilisé. Entrechats de Cécile Duquenne, Les yeux d’Opale de Bénédicte Taffin, ont aussi fait partie de ma pile à lire, et La saveur des figues, de Silène, les a rejoints récemment.

Q – Pensais-tu que ton cycle durerait aussi longtemps en le commençant (le roman est resté en cycle pendant plus de deux ans) ?

R – Oh, non, pas du tout. Avec l’inconscience du néophyte, je pensais en avoir pour quelques mois, tout au plus. Mais je suis entièrement responsable de la longueur de ce cycle. Car si mes bêta-lecteurs ont été efficaces et rapides, cela n’a pas été le cas de mes corrections : il m’a fallu vaincre l’une après l’autre les difficultés que je découvrais. La réécriture des premiers chapitres a été le plus difficile : je n’arrivais pas à trouver le ton juste ! Et je ne parle pas des défauts d’un style débutant, ni des darlings qui émaillaient les pages. Que des bêtas-lecteurs, sans se consulter, aient des retours identiques sur telle ou telle partie du texte est sans appel : on sait, que là, il faut corriger.

Q – Qu'aurais-tu envie de dire à un postulant à un cycle CoCyclics en te basant sur ton expérience, par exemple des choses à faire et à ne pas faire... ?

R – D’abord, je le complimenterais de s’interroger et chercher à donner les meilleures chances à son texte. J’ai découvert avec étonnement que beaucoup de gens écrivent, ont des idées, voire de très bonnes idées, et arrivent même à terminer un manuscrit. Mais entre écrire pour soi ou son entourage, et écrire pour les autres, il y a un pas important à franchir : assez peu engagent la démarche. Je crois que c’est Felix Leclerc qui disait : « il y a plus de courage que de talent dans la plupart des réussites ». Donc, pour qui postule, compliments et encouragements s’imposent !
Ensuite, je me renseignerais pour savoir s’il a laissé reposer son manuscrit quelques temps avant de le relire et de le corriger. L’a-t-il retravaillé assez, pour le fond comme pour la forme ? Est-il arrivé à la limite de ce qu’il peut faire seul ? Oui ? Alors, c’est le bon moment.
Enfin, je lui demanderais s’il croit assez à son histoire pour être prêt à écouter, à se remettre en cause - mais aussi parfois à tenir bon-, à s’obstiner, jusqu’à parvenir à un résultat satisfaisant.
S’il pense pouvoir discuter avec passion, mais avec raison, s’il veut identifier ce qui alourdit ou obscurcit son texte, s’il désire en profiter pour apprendre à mieux écrire, à comprendre comment corriger, alors il est prêt pour une soumission.
Et, s’il débute dans l’écriture, à la fin du cycle, non seulement il y a toutes les chances que son roman soit meilleur, mais en plus, en tant qu’auteur, il sera mieux préparé à de futures demandes éditoriales.

Q – Merci beaucoup Conteuse pour tes réponses, et bon courage pour la suite !

2 commentaires :

  1. Merci beaucoup Conteuse !

    Et bon courage aux futurs postulants !

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  2. A mon avis, le "c'est maintenant ou jamais" est tres important car il nous fait cesser de rever. Et il faut bien l'avouer, on aime autant fantasmer que travailler a nos livres....

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