dimanche 27 février 2011

Chronique d'une édition annoncée


Tintamarre a tenté de vous montrer ce qui se passait pour les romans acceptés en cycle, que ce soit du point de vue des auteurs ou des bêtas. A l’occasion de la sortie d’Aux Frontières de l’aube, Guillaume Fourtaux, auteur estampillé CoCyclics, a choisi de nous parler de ce qui se passe une fois qu’un roman est fini et prêt à être envoyé aux éditeurs.

« …
Curieuse destinée que celle d’Aux Frontières de l’aube qui, lorsqu’il paraîtra d’ici quelques jours, fêtera ses trois ans de sortie de cycle.
Malgré cette longue durée, le roman n’a jamais vraiment végété.

Voici un exemple de ce qui peut arriver à un roman estampillé, aventure durant laquelle les grenouilles sont loin d’être absentes.

Tout a commencé au printemps 2008 lorsque Aux Frontières de l’Aube a reçu son estampille. Passé un petit temps de recherche de contacts et d’éditeurs (le GGG n’existait pas et les partenariats avec des éditeurs étaient très peu nombreux. Les nouveaux auteurs n’imaginent pas la chance qu’ils ont de disposer désormais d’un tel outil) une dizaine d’exemplaires papier et deux ou trois versions électroniques quittaient au mois de mai ma contrée nordique pour gagner les comités de lecture d’éditeurs plus ou moins réputés.
Je m’armai de patience, blindé par les récits d’attentes interminables avoisinant les deux ou trois ans pour certains. Il n’en fut rien.
Arriva un premier flot de réponses négatives dont l’une assez étayée pour prouver que les lecteurs avaient étudié le texte avec sérieux. Les arguments tenaient d’ailleurs la route et j’envisageais, une fois l’été passé, de reprendre le texte dans le sens proposé pour une nouvelle soumission.
Les vacances arrivèrent avant que le moral ne retombe sous les coups de boutoir des refus et de l’attente. Au retour de la migration estivale, je découvris un mail d’acceptation. PLE voulait me proposer un contrat d'édition. Il me fallut quelques minutes pour réaliser, relire 23 fois le mail, tenter par tous les moyens de le retourner pour déceler un piège mais il fallait se rendre à l’évidence : c’était bien une proposition concrète.

Quelques échanges plus tard, le contrat était signé. Nous étions au début de l’automne 2008 et Aux Frontières de l’Aube était planifié pour le printemps 2010.
Commença alors une longue période d’attente. Il était convenu que rien ne se passerait avant l’été 2009. Il fallait donc ronger son frein durant 9 mois. C’est je pense la pire période pour un auteur. On a hâte de travailler sur du concret. Ça y est, on touche au but, le rêve va devenir réalité mais il faut attendre, encore et toujours. Le PAP, comme l’appelait un sergent instructeur de la glorieuse époque du service militaire. Le PAP donc : Poireauter, Attendre, Patienter…
Enfin arriva l’été 2009. Les 9 mois qui allaient suivre seraient intenses, tant il y avait de choses à faire. Sans être un expert, j'avais grâce à ma présence sur les forums littéraires, une vision assez claire du monde de l’édition et des étapes qui me séparaient encore de la sortie du livre.
Je passerai sur la déception de cette période. Engluée dans de graves problèmes financiers qui allaient la contraindre à déposer le bilan, mon éditrice n’a pu mener à bien cette phase éditoriale.
Enfin la nouvelle officielle est tombée. En février 2010, deux mois avant la parution et alors que tout me semblait être très en retard, PLE a annoncé sa disparition. C’en était fini de mes rêves de publication.

Fini ? Non, pas vraiment. Passé un court moment d’abattement inévitable, tout le monde m’a dit : « Si un éditeur t’a dit oui, d’autres le feront ».
Requinqué, je me suis assisté des grenouilles à nouveau intervenues en force. J’ai ressorti les commentaires que j’avais reçus en 2008 au moment du refus argumenté et j’ai repris le texte en mode intensif. Un mois après, une nouvelle version était disponible. Je n’avais plus qu’à l’envoyer. Mais à qui ?
Une nouvelle fois les grenouilles ont été salutaires. Les deux années précédentes avaient permis à Cocyclics d’établir de nombreux contacts et partenariats. Le GGG n’existait toujours pas mais l’idée faisait déjà son chemin et j’avais à ma disposition une douzaine de nouveaux contacts potentiels.
En mars 2010, une nouvelle série d’envois ciblés quittait le Nord pour les comités et éditeurs sélectionnés.
La conclusion fut plus que positive. Les partenaires me rendirent un avis rapide. Même s’ils étaient négatifs et parfois peu tendres, tous étayaient leur position et m’incitaient à continuer à écrire et à m’accrocher.
Enfin, deux éditeurs acceptèrent le manuscrit. Pas un, deux ! Et parmi les deux, celui qui m’avait initialement demandé de le retravailler. J'ai fini par choisir l'autre pour des raisons pratiques de date mais en espérant bien un jour prochain avoir l'occasion de travailler avec le premier.

La conclusion est proche : Aux Frontières de l’aube paraîtra le 2 mars. Il ne reste plus que quelques heures à patienter...
Le PAP. Encore et toujours le PAP...

Que peut-on déduire de cette histoire ?
J’en retiens plusieurs choses :
-1- Le pire, ce n’est pas le temps total mais l’inaction. Tant que l’on est en mouvement, que les choses bougent, on ne voit pas le temps passer.
-2- Les partenariats Cocyclics et les contacts directs favorisent les choses. Ils ne raccourcissent pas forcément le délai de prise de décision mais permettent d’échanger de temps à autre (et donc ne pas rester passif, cf point 1) et de savoir à quoi s’en tenir.
-3- Quand un éditeur vous dit non mais vous propose de réétudier plus tard le texte si vous le retravaillez, ce n’est pas par politesse. C’est qu’il pense sincèrement qu’il pourra vous éditer si vous avancez dans son sens.
-4- Le soutien d’un entourage compréhensif permet de traverser toutes les épreuves et de rebondir…
Haut les cœurs et lancez-vous !
… »

Merci à Guillaume pour son témoignage et rendez-vous ce mercredi pour découvrir Aux Frontières de l’aube, aux éditions Asgard.

1 commentaire :

  1. Article très intéressant. Un récit qui donne à voir un autre coté du travail d'auteur. Bravo à Guillaume pour sa patience, plus que deux jours d'attente ça mériterai une tournée de nénuphou !

    Booz

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