jeudi 26 février 2009

La bêta-lecture et autres histoires émouvantes (suite)

Je bêta-lis...

… parce que ça me donne un sentiment de toute-puissance sur un roman ?


Euh, pas vraiment. Il faut que vous sachiez que je m’en balance comme de ma première couche-culotte que l’auteur applique les changements que je lui ai proposés. Comme de ma première couche-culotte. C’est un point de vue tout à fait personnel. Ce qui est important pour moi, c’est d’avoir amené des questions, des réflexions, d’avoir permis à l’auteur de se demander s’il avait vraiment tout fait pour pousser son texte jusqu’au meilleur de lui-même. Après, si l’auteur estime que mes remarques n’étaient pas judicieuses et qu’il laisse son récit tel quel, so be it. J’aurai déjà consacré assez d’énergie à ça, il sera temps pour moi de passer à autre chose. En ce qui me concerne, je déteste le sentiment d’obligation. L’auteur que je bêta-lis n’a pas à me rendre des comptes. Je suis là parce que c’est mon boulot, et il décidera comme un grand de ce qui est bon pour lui. C’est comme pour les enfants : on fait du mieux qu’on peut mais il y a un moment où il faut pouvoir les lâcher et les voir faire leurs propres choix.
Je bêta-lis parce que je me sens libre.

…parce que je veux me la péter ?

Oui, bêta-lire est un bon moyen de se la péter. Ce n’est pas comme écrire. Lisez les conseils de tonton Beorn, il vous dira pourquoi on passe pour un gros naze quand on dit qu’on écrit un roman. Par contre, quand on me demande ce que je fais dans la vie et que je réponds : « Dans mon temps libre, je corrige des romans », je savoure les quelques secondes de silence respectueux suivies de questions intéressées. Après, quand je dis que j’écris moi aussi, je passe pour quelqu’un de très sérieux.
Je bêta-lis parce que je suis super cool.

… parce que je cherche un sens à ma vie ?

Vous allez me dire que j’ai déjà accompli des choses grandioses : une famille, rien que ça et croyez-moi, elle me rappelle tous les jours la place importante et essentielle que j’occupe dans ce bas-monde. Et puis, j’écris moi-même. Ecrire donne du sens à ma vie. Ecrire me passionne, me structure, me donne une direction, me rend heureuse, me fait vivre des émotions, me fait rêver et me valorise à mes propres yeux.

Et la bêta-lecture alors ?

Eh bien, figurez-vous que la bêta-lecture, c’est pareil. On ne reste pas seul dans son coin à suer sang et eau sur son propre texte. On le fait pour quelqu’un d’autre. C’est comme accéder à une autre dimension : tout à coup, des portes s’ouvrent et on voit des choses qu’on n’aurait jamais pu voir avant. Et puis, dans ce monde où la plupart des gens se regardent le nombril, voilà que tout à coup, on se met à regarder le nombril des autres. C’est pas formidable, ça ?

Et la bêta-lecture au sein de Cocyclics alors ?

Je bêta-lis au sein de Cocyclics parce que je suis rassurée de faire partie d’une équipe. Moi, la rebelle dans l’âme, j’ai besoin d’une structure et de règles sur lesquelles m’appuyer. La bêta-lecture n’est pas une chose facile. Elle cause de la souffrance, elle peut être difficile à gérer. L’équipe de Cocyclics est très présente, très solidaire et très attentive. J’y suis bien parce que je ressens de l’honnêteté, du sérieux et de la motivation. Je sais que je serai accompagnée si je vis des moments de doute et d’angoisse.

Cocy, pour moi, c’est comme un port où on vient s’amarrer de temps en temps pour décharger une cargaison et en récupérer une autre. On y vient comme si on rentrait chez soi après un voyage et surtout avant de repartir à l’aventure. Les escales sont nombreuses, très souvent joyeuses. Elles nous emplissent d’énergie quand on en a besoin, parce que notre propre cargaison est un peu trop lourde, ou celle d’un autre difficile à délivrer. On y vient parce qu’on a besoin d’être rassurés, entourés, portés. On se retrouve avec des personnes de tous horizons, avec des compétences diverses, des personnalités parfois opposées. Et ce lieu incroyable, on le construit ensemble. Il change à cause des personnes qui le peuplent. Il nous change nous, à chaque voyage.

Alors, je peux vous le dire, même si je deviens définitivement neuneu à vos yeux : je bêta-lis parce que ça apporte du sens à ma vie, et je bêta-lis au sein de Cocyclics parce que j’y trouve une expérience humaine terriblement enrichissante et qu’elle me change profondément.

Et vous, vous vous y mettez quand ?

Garulfo

7 commentaires :

  1. Eh bé, si après ça je ne me mets pas à la bêta !
    ...comment , c'est déjà fait ?
    Ouaip et c'est dingue comme tu dis bien ce que je ressens.
    Merci.

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  2. Excellent ! C'est donc ça, un bêta-lecteur de roman... Plutôt sympathique comme bestiole.

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  3. Ah non, tiens, tu ne deviens pas neuneu à mes yeux. :p Tu expliques formidablement bien le boulot de bêta lecteur ! C'est vrai que ça donnerait presque envie. :)

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  4. Je me demande si tu n'as pas raté ta vocation. Commerciale, ça t'irais bien finalement!
    ;-)

    - Engagez vous qu'ils disaient...
    - Elles sont folles ces grenouilles!

    Vive cocy, vive les bêta et bravo à Garulfo.

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  5. Garulfo, la grenouille la plus cool de la mare !

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  6. Merci, les amis ! J'ai adoré écrire cet article et ça me touche que vous ayez apprécié.

    Il y en aura d'autres !

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  7. Très bientôt je crois...D'ailleurs je vais de ce pas lire les guides pour savoir comment soumettre ma candidature. Merci pour ton témoignage, si je répondais aux questions je crois que je dirais quelque chose de semblable.

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