vendredi 8 octobre 2010

En coulisse avec des grenouilles : l'anthologie Légendes! (1/3)


Première partie : Jacques Fuentealba, anthologiste (début)


Si nous parlons ici souvent de roman, il ne faut pas oublier qu’une énorme partie du travail du forum se fait sur les nouvelles. En attendant de rencontrer quelques auteurs qui ont fait leurs palmes sur le forum dédié aux textes courts, nous rencontrons aujourd’hui deux grenouilles à l’occasion de la sortie de l’anthologie Légendes! : tout d’abord, Jacques Fuentealba, auteur CoCyclics mais que nous découvrons ici dans le rôle de l’anthologiste. Ecoutons ce qu’il a à nous dire, avant de laisser la parole à un des auteurs de l’anthologie, dans quelques jours !



Q - Tout d'abord, présente-nous un peu Légendes! et l'association qui se trouve à l'origine du projet.

R - Légendes ! est une anthologie de 21 nouvelles des genres SFFF avec… 22 auteurs au sommaire, puisque la nouvelle « Matin de peu » (Empty morning) a été écrite à quatre mains, par Steve Rasnic Tem et sa femme Melanie. C’est un beau bébé qui fait presque trois cents pages (292, pour être précis) pour la somme modique de 12 euros. Trois sphères linguistiques sont à l’honneur : hispanique, francophone et anglosaxonne, et l’on retrouve des textes de science-fiction, de fantastique et de fantasy. L’idée était de proposer une anthologie sur ce thème, qui ne soit pas uniquement orientée fantasy, mais qui fasse également la part belle aux légendes urbaines, aux personnages historiques ou mythiques et à une certaine idée que je me faisais d’une certaine SF épique. J’avais en tête pour cette SF les sagas de space opera de Mike Resnick telles que Santiago ou Le faiseur de veuves… et j’ai été particulièrement content de retrouver en bouche la saveur que m’avaient laissée ces textes, en lisant par exemple « L’histoire de l’aigle royal » de David D. Levine.

Au niveau des hispaniques, on retrouve trois Espagnols (Santiago Eximeno, Luis Astolfi et Alfredo Álamo) et un Uruguayen (Pablo Dobrinin). Pour les anglosaxons : Melanie et Steve Rasnic Tem, Garry Kilworth, Kristin Kathryn Rusch, Nina Kiriki Hoffman, Lewis Shiner, Brian Hodge, Jack McDevitt, Mary Robinette Kowal et David D. Levine.

Et last but not least, pour les auteurs bien de chez nous : Nicole Cavazza, Nicolas Chapperon, Olivier Pietroy, Gabriel Féraud, Timothée Rey, Yohan Vasse, Franck Ferric et Jean Baret.

L’association Céléphaïs est l’éditeur des revues Black Mamba et de son petit frère Héros. Céléphaïs est basé dans le sud, à Montpellier, et est à l’origine un collectif d’illustrateurs et de graphistes. L’idée au cœur de la revue était dès le départ de mélanger BD, aventures polar et genres de l’imaginaire en un seul support, avec des nouvelles, des BD courtes et des chroniques et articles de fond. On arrive bientôt au numéro 20… avec au compteur des auteurs comme Yves-Daniel Crouzet, Sire Cédric, Karim Berrouka, Sergueï Dounovetz et un certain nombre de dessinateurs qui ont eu l’occasion de faire leurs premières armes dans la revue, avant de s’envoler vers des cieux éditoriaux prestigieux tels que Delcourt ou Soleil. Nous avons également fait quelques excursions dans le domaine anglophone (Neil Gaiman, Paul S. Kemp…) et hispanique (Andrés Díaz Sanchez), et comptons continuer sur cette voie.


Q - Tu as déjà participé en tant qu'auteur à de nombreuses anthologies. Est-ce la première que tu diriges ?

R- En fait… non ! En 2007, j’ai déjà sorti une anthologie, Trafiquants de cauchemars, avec l’aide de l’association Catharsis, qui publie le fanzine de fantastique/horreur Borderline. Le projet en soi était plus simple que Légendes !, moins ambitieux également, même si j’avais placé la barre assez haute, en termes d’exigences sur le rendu graphique (chaque nouvelle avait son illustration) et une maquette travaillée (et pour cela je ne remercierai jamais assez Yohan Vasse pour le temps passé dessus et le résultat). La direction au niveau des auteurs était beaucoup plus simple également, car quasiment inexistante ! Je m’explique : au départ, la conception de Trafiquants de cauchemars répondait à une envie et un double constat. L’envie de promouvoir des auteurs hispaniques de la SFFF mais sous l’angle cher à Borderline, à savoir des nouvelles sombres, dérangeantes, des textes coups de poing.

J’avais en ma possession les Fabricantes de sueños 2004 et 2005 qui sont des anthologies de l’Association Espagnole de Science-Fiction, Fantasy et Terreur regroupant les meilleurs textes parus en revues ou webzines. Il y avait de vraies perles, des nouvelles tout bonnement hallucinantes ! C’était cela le premier constat : la production hispanique pouvait être d’un très, très bon niveau. Le deuxième constat fut celui qu’aucune anthologie proposant uniquement des textes sombres hispaniques n’avait été constituée en France. Je choisis donc de contacter un certain nombre de ces auteurs et de leur proposer une publication dans Trafiquants de cauchemars de leurs nouvelles, dont j’ai assuré la traduction. Céline Brenne a fait derrière la correction et j’ai pu convaincre certains graphistes de me céder une illustration déjà réalisée pouvant accompagner tel ou tel texte (c’est le cas du quatrième de couverture de Cyril Rolando pour la nouvelle « La vengeance des enfants » de Pablo Dobrinin) ou d’en faire une (ainsi Paul Echegoyen pour la couverture, qui illustre la nouvelle d’Alfredo Álamo ou Thomas Balard, pour « Depuis la cage » de Fabio Ferreras).

Deux nouvelles n’appartenaient en fait pas aux sélections de Fabricantes de sueños. Celle de Pablo Dobrinin, qu’il m’avait envoyée par chance au bon moment, alors que je constituais l’anthologie. Je précise que je n’avais pas fait d’appel à texte… Je la trouvais excellente, et comme elle était courte, elle me parut pouvoir s’ajouter tout à fait à l’ouvrage. L’autre nouvelle était celle de Luis Astolfi. Fabricantes de sueños avait repris « Soló el inocente » et l’histoire m’avait énormément plu. Malheureusement, la nouvelle était trop longue à mon goût. Je lui demandai alors d’autres textes et publiai à la place « L’âme à l’intérieur », qui traitait du même thème.

Pour la petite histoire, la nouvelle d’Astolfi « Soló el inocente » a été la dernière à intégrer Légendes !, avec celle de Steve Rasnic et Melanie Tem. Je ne pouvais pas ne pas publier ce très beau texte, que j’avais déjà écarté une fois par manque de place !

On trouvait déjà dans Trafiquants de cauchemars les quatre auteurs hispaniques qui figurent au sommaire de Légendes !, en plus de Fabio Ferreras, Joquín Revuelta, Victor Manuel Ánchel et Vicente Muñoz Puelles.


Q - Comment en es-tu venu à t'occuper de cette anthologie ?

R - Lors d’un festival passé (Nogent sur Oise, de mémoire), on avait parlé avec l’éditeur de Kymera/Outworld de monter une anthologie. Plusieurs thèmes avaient été évoqués, dont celui de Légendes ! Yohan Vasse était dans le coin et s’est trouvé mêlé à la conversation. Je me rappelle alors lui avoir dit : « Si ta nouvelle n’est pas prise [je l’avais bêtalue et elle était en soumission chez un autre éditeur], je la prends direct ! »

Nous avions finalement arrêté notre choix sur le thème des légendes, pour une première anthologie.

Quand l’éditeur ne s’est plus vu en mesure de publier l’anthologie, je lui ai indiqué que je comptais la sortir, d’une façon ou d’une autre, et j’ai alors pensé à démarcher d’autres éditeurs. N’étant pas d’un naturel patient, et les sélections étant déjà faites depuis plus d’un an, je me suis dit que ça n’était finalement pas une bonne idée. Le premier éditeur approché était potentiellement intéressé, mais il fallait que je vois avec sa collègue de collection… Et je me suis rendu compte que ça pourrait prendre du temps, que j’aurais à défendre mon choix de textes, mes auteurs et tout un tas d’autres paramètres sûrement, sur lesquels je n’aurais finalement pas la mainmise.

J’optais alors pour proposer le projet à Céléphaïs, qui de son côté voulait élargir sa production éditoriale. Laurent Girardon a été assez rapidement réceptif au projet et on a pu travailler ensemble pour finaliser Légendes !


Rendez-vous dans deux jours pour la suite de l’entretien !




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