vendredi 22 octobre 2010

Novellistes et bêta-lecture : Koïnsky nous parle de la section dédiées aux nouvelles sur le forum de CoCyclics

Comme nous l’avions déjà déclaré lors de nos entretiens sur l’anthologie Légendes !, la nouvelle occupe une place majeure au sein de CoCyclics. Le travail de bêta-lecture effectué sur le forum témoigne de l’implication et du sérieux de ses membres, et les nombreuses publications de textes courts, en fanzines et anthologies, constituent des récompenses mérités pour les auteurs, tout autant que pour eux et celles qui les auront bêta-lu.
Nous accueillons donc aujourd’hui Koïnsky, grenouille novelliste à la tête d’une jolie liste de nouvelles publiées. Il a eu la gentillesse de répondre à nos questions, parlant de son rapport au texte court, à la bêta-lecture… et au forum.

Q - Bonjour Koïnsky, merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. Tu fais partie des habitués du Port incertain, le forum réservé au travail des nouvelles, accessible après demande auprès d’un permanent. Dis-nous ce qui t’attire dans le format court…

R - Bonjour, et merci d’avoir pensé à moi pour cette séance de questions-réponses. Il est vrai que je fréquente régulièrement le Port et pourtant, en tant que lecteur, la nouvelle n’est pas mon format préféré ! Mais l’auteur débutant que je suis y trouve de nombreux avantages. D’ailleurs, je me souviens… lorsque j’ai débarqué sur le forum, tenant sous la patte un avorton de roman souffreteux, on m’a proposé avec tact de m'exercer sur des textes courts. J’ai suivi le conseil et je ne le regrette pas : c’est le meilleur que j’aie reçu sur CoCyclics.

La nouvelle constitue un excellent entraînement. La quantité réduite de temps nécessaire afin de clôturer les projets permet de les enchaîner rapidement, et donc d’expérimenter à l’envi différentes techniques et sujets tout en produisant des récits aboutis, ce qui est valorisant et motivant.

Le travail est varié : scénario, draft, corrections, bêtas, relectures… se succèdent à un bon rythme. C’est très divertissant et moins « pesant » que l’écriture d’un roman (qui présente bien des qualités, je ne discute pas là-dessus), où il faut tenir la distance.

Enfin, j'y vois un autre avantage pour les plumes peu expérimentées, la nouvelle est probablement le format-phare des premières publications. De nombreux webzines et fanzines (voire des jeunes maisons d’édition, dans le cadre de leurs anthologies) recherchent sans cesse des textes courts, avec un niveau d’exigence abordable pour un auteur novice (qui doit néanmoins apprendre à s’armer de patience et d’opiniâtreté).

Après tout cela, on risque de penser que je considère ce format comme réservé aux débutants. Il me semble au contraire qu’il est très difficile d’écrire une nouvelle de grande qualité. Mais c’est un débat à part entière…

Q - Comment te mets-tu au courant des appels à texte ?

R - Il existe une série de sites Internet et de fils de discussions de forums où sont listés les appels à textes de SFFF. Je les consulte de temps à autre afin de me tenir au courant des nouveautés. Récemment, j’ai surtout utilisé le fil dédié sur CoCyclics et le site Internet, assez connu je pense, de l’Antisèche des auteurs. J’en profite pour remercier les charmantes personnes qui s’occupent de les garder à jour (Melindra dans le cas du fil sur CoCy).

Q - À quoi commences-tu à réfléchir quand tu te lances dans une nouvelle ?

R - Ah, mais c’est une question difficile, ça ! On s’était pourtant mis d’accord… ;) Bon. En fait, j’aimerais disposer d’une « recette » pour trouver des idées de textes, mais je crois bien que ça n’existe pas.

Dans mon cas, le démarrage est différent à chaque fois. Je disais un peu plus haut que la nouvelle constitue selon moi un bon outil d’acquisition et d’expérimentation des techniques d’écriture. Du coup, la recherche d’une histoire n’est pas toujours ma priorité au début. Parfois, il arrive que je souhaite améliorer une faiblesse, ou simplement m’amuser à tester une approche particulière. Par exemple : j’ai envie de m'essayer à l’urban-fantasy humoristique (ou qui se veut drôle), ou alors avec deux points de vue, une mise en abîme, un personnage principal qui est un animal, ou encore un nain qui sait bien peindre, etc. Finalement, ça m’aide à trouver des idées, car mon projet s’étoffe grâce aux contraintes que je me donne. Mais souvent, quand même, c’est la recherche d’une histoire-que-j’aimerais-raconter qui guide mes "réflexions" (un grand mot peut-être) initiales.

Autre chose, j’écris surtout mes nouvelles dans le cadre d’appels à textes thématiques. C’est une facilité (en plus du format court) qui flatte ma nature paresseuse. Cela me permet en effet de débuter le travail avec le sujet général sous le bras. Petite gourmandise de super-paresseux : en panne d'inspiration, il m’est arrivé une fois ou deux de me résoudre à combiner les thèmes de deux AT afin de produire un seul récit qui sera envoyé de part et d'autre (toujours en prévenant l'éditeur, bien sûr). Le mixage de sujets imposés facilite la vie pour trouver une histoire originale et donne, à l’occasion, des résultats surprenants.

Q - À quel moment de ton écriture décides-tu de demander un bêta sur le Port ? Est-ce systématique ?

R - Quand j’ai l’impression de ne plus pouvoir améliorer le texte sans aide, soit parce que, après de multiples corrections, je manque de recul pour y voir clair, soit parce que j'estime avoir atteint mes limites sur la nouvelle en question.

Poster une prose aboutie sur le Port est une marque de respect envers les autres membres et le travail sérieux qui est réalisé sur le forum. Par ailleurs, un récit peaufiné soumis à la bêta recevra, je pense, des commentaires plus attentionnés, plus complets, et plus profonds qu’un texte bâclé. C’est donc également dans l’intérêt de l’auteur.

Pour ce qui est de l’aspect systématique de mon recours à la bêta sur le Port, je dirais oui à 95%. Simplement parce que le gain de qualité des textes passés à la moulinette sur Cocy est souvent énorme. Par ailleurs, le travail réalisé dans la mare est unique à ma connaissance, du moins sur l’Internet francophone. Je me souviens avoir halluciné quand j’ai découvert le forum…

Q - Et à quel moment décides-tu que tu n’as plus besoin de bêta, que ta dernière version du texte sera la définitive ?

R - C’est très variable. Je n’ai pas de plan pour ça. Je m’arrête quand mes bêtas et moi sommes contents du texte. Je sens le moment arriver grâce au « feeling » qui se dégage au fur et à mesure des discussions sur le fil de ma nouvelle, dans le Port.

Q - Parle-nous de la Salle des tortures, cette section si particulière du forum…

R - Ah, je vois… on essaie de me faire peur ! La Salle des tortures, dont le nom officiel est Salle d’attente, est un horrible endroit, sombre et sec (s’il était humide, ce serait trop agréable pour des grenouilles), où croupissent et s’encouragent les batraciens qui ont soumis un ou plusieurs récits, principalement dans le cadre d’appels à textes, et qui attendent une réponse de l’éditeur. Dans cette antichambre glacée mais chaleureuse, on garde la tête haute, en règle générale. Certains vomissent quand même discrètement dans les coins. C’est l’endroit où aller partager son impatience et des informations sur les délais de sentence (repoussés), sur le devenir de nos textes chez les éditeurs (qui pourraient bien les avoir égarés), et autres joyeusetés qui font le sel (imaginez l’effet sur la peau du batracien… horrible je vous dis) de la soumission de nos écrits. J’aime bien ce topic. En général, il est assez festif.

Q - Je suppose que tu bêta-lis aussi des textes. Cela fait partie du « contrat » des auteurs sur CoCyclics. Y’a-t-il une différence entre la bêta-lecture des nouvelles et celle des extraits de roman ?

R - N’en écrivant pas moi-même, je ne bêta-lis que très rarement dans la section spécifique aux extraits de roman… Je serais donc bien incapable de répondre à ta question avec précision. J’imagine que oui, des différences existent. La plus flagrante qui me vient à l’esprit est que, sur la nouvelle (qui est toujours postée intégralement sur le fil dédié), on peut juger un ensemble complet qui doit présenter une certaine cohérence. C’est impossible à faire sur un extrait de roman. Je ne m’aventurerai pas plus loin sur le sujet.

Q - Le succès des nouvelles passées sur le Port est relativement impressionnant. On a vu certaines anthologies envahies par ces petites créatures palmées. Quel est ton sentiment là-dessus ? En tant qu’auteur et en tant que bêta.

R - Ce succès est bel et bien impressionnant. Mais finalement, est-ce si étonnant ? Le nombre de grenouilles croît sans cesse, et l’atmosphère du forum reste studieuse et décontractée. Tout semble réuni pour que le processus que tu décris ne s’arrête pas, au contraire. D’ailleurs, j’en bats des palmes. En tant que bêta, voir publiée une nouvelle que l’on a participé à améliorer, même un tout petit peu, est très satisfaisant. En tant qu’auteur, il est fort agréable de se retrouver dans un sommaire aux côtés d’autres grenouilles. Et même lorsque l’on n’en fait pas partie, les « invasions » batraciennes dégagent une certaine aura qui encourage l'ensemble du forum, je pense.

Merci beaucoup Koïnsky pour tes réponses, et rendez-vous sur la plage pour continuer à travailler !

La liste des nouvelles publiées et passées par la bêta-lecture au sein de CoCyclics est disponible ici : viewtopic.php?f=1&t=3172

3 commentaires :

  1. CoCyclics, le collectif où on apprend que des bonnes nouvelles. ^^

    Merci Koïnsky !

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  2. Bravo Koïnsky pour cette belle interview. J'ai bien aimé le regard que tu poses sur le Port Incertain et l'ambiance qui y règne !

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  3. Merci à vous deux ! Et longue vie à Tintamare !

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