lundi 6 décembre 2010

Les survivants de l'écriture : NaNoWriMo 2010...




Le massacre commencé en novembre s'est achevé dans les frimas de décembre. Le tapage incessant des plumes et du papier s’est tu pour les onze prochains mois. Sur les places on trouve, ici, des auteurs mourants, là, des feuilles tachées de sang. Le NaNoWriMo a frappé et il a été sans pitié. Il n’est cependant pas question de tristesse ici. Chacun, même s’il ne bat plus de la paupière, a raison de sourire. Son obstination a triomphé des mots et dans ce combat qu’il a remporté se résume toute l’essence de l’homme de lettres. Bientôt il se relèvera pour continuer sa vie, trop longtemps mise de côté, avec cinquante milles mots supplémentaires à son palmarès. Sur CoCyclics, nous avons pu compter huit vainqueurs sur les treize grenouilles participantes ! Blackwatch, Jo Ann v. et Kira en font partie. Avec elles nous allons retracer ce mois épique consacré à l’écriture.

C’est une guerre qui se déroule sur un autre pan de la réalité. Pour cette raison, ce fameux guerrier qu’est le NaNoteur a avant tout été confronté à beaucoup d’ignorance et d’incompréhension de la part de ses proches.
Pourquoi ne répondais-tu pas hier au soir ? Pourquoi ce sang sur ton chemisier ? Pourquoi ce regard carnassier ? Si le principe du NaNoWriMo paraît évident, naturel (écrire cinquante milles mots en moins d’un mois), ce n’est pas nécessairement l’avis de l'entourage. Tu veux dire des mots différents ?

Après avoir intégré la notion de roman et de challenge, le profane se trouve en droit de poser quelques questions sur tout cet univers insoupçonné qui s’offre à lui. Pour ne pas lui donner une mauvaise image de cette digne quête, il convient d'être convaincant. La première interrogation qui lui vient en tête : Pour quel motif insensé participerait-on au NaNoWriMo ? C’est par lui que le guerrier mesure sa valeur. La contrainte le libère des obscures réticences de son cœur. Jo Ann nous vante l’ambiance électrique du challenge : « Je ne sais pas comment serait mon mois de novembre sans cette euphorie. » C’est ce que confirme aussi Blackwatch : « J’adore l’atmosphère entre NaNoteurs, l’excitation avant le lancement, la solidarité pendant l’écriture. Le fait de comparer son nombre de mots à ceux des autres participants donne également beaucoup de motivation ! J’aime relever ce challenge. »

Toujours plus intrigué, le profane (encore lui) se demande s’il est matériellement possible de réussir un pareil défi. Rythme et discipline sont effectivement des qualités fondamentales pour atteindre la victoire. Également, c’est tout un art de la planification à acquérir, pour ce qui concerne la gestion de son temps libre, comme celle de l’intrigue. Kira en témoigne et Blackwatch nous l’apprend : « La principale difficulté a été de planifier l’histoire, d’articuler les différents évènements et de trouver une résolution qui me satisfaisait. Mes idées traînaient depuis des mois et je n’arrivais pas à y mettre bon ordre. » Un défaut d’organisation à ce stade peut briser une performance, Jo Ann en a fait la malheureuse expérience : « J'ai eu un grand souci : une scène que j'avais planifiée depuis longtemps. C'était le moment charnière qui change le ton de mon histoire. Avant et après l'innocence. » Ajoutez à tout cela que la vie recèle de fâcheux aléas qui peuvent s’opposer à l’écriture. Jo Ann en a fait les frais : « Cette édition a été une série de calamités. Problèmes techniques, ordinateur qui se suicide, déplacement de dix jours... »

Pour tenir sur la longueur, la force de volonté est un facteur clef, mais chacun possède ses astuces pour surpasser ses aptitudes. Kira et Blackwatch nous relatent le succès de la méthode des flocons, qu’elles avaient mis à l’épreuve cette année. Rappelez-vous, il s’agit d’une démarche pour construire son intrigue, partant du général vers le particulier. Vous en trouverez toutes les étapes sur le fil idoine du forum. Blackwatch nous en présente les qualités : « Les flocons visent bien entendu à planifier l’intrigue, mais pas seulement. Ils poussent également à réfléchir sur les personnages, leurs motivations, leur background… Ça m’a été d’un grand secours. »

Pour preuve que le challenge n’est pas totalement impossible à tenir, nos trois grenouilles en ressortent vainqueurs. Kira, pour son premier essai, atteint ses objectifs haut la main, et boucle par la même occasion son challenge 2010 (un autre défi, propre à CoCyclics celui-là). Je laisse Blackwatch vous conter toutes les merveilles offertes par le défi que représente le NaNoWriMo : « Cela s’est passé beaucoup mieux que je ne pouvais l’espérer. D’abord, j’ai réussi à établir un synopsis un tant soit peu cohérent et logique à partir d’idées qui me hantaient depuis des mois. Ensuite, j’ai éprouvé beaucoup de plaisir à rédiger cette histoire. Ça m’a surprise, je ne m’attendais pas à apprécier autant les personnages, ni même à écrire aussi vite les 50 000 mots. »

Il ne reste maintenant qu’à fêter dignement son triomphe. Après la sieste !
Il serait aussi grand temps de faire un peu de ménage, de prendre une douche, d’allumer son portable, d’ouvrir sa messagerie...
Après la sieste, vous dis-je !
« Pour le moment, je laisse le NaNo reposer », nous dit Blackwatch. Pour ce qui est de Kira, elle doit travailler pour achever son projet et pouvoir partir avec son troisième tome de Jeux d’ombre pour le NaNoWriMo de l’année prochaine. Jo Ann, quant à elle, est déjà à ses corrections : « Dès à présent, je relis ce que j'ai écrit, je remplace toutes les répétitions et je continue mon premier jet qui est loin d'être terminé ! »

Gloire aux participants du NaNoWriMo !

3 commentaires :

  1. C'est drôle: je ne me considère pas comme un profane puisque j'écris depuis 10 ans et je me prends aussi des réflexions bizarres de la part de mon entourage... mais pour autant je n'ai jamais participé au Nano et n'y participerai jamais. :)
    ça ne s'inscrit pas du tout dans mon optique de travail. Moi je travaille lentement, je fais des syno ultra détaillés, des fiches de personnages et, quand je me lance dans le premier jet, il faut que ce soit le plus léché possible dès le départ. Parfois j'écris trois lignes en une semaine. C'est peu mais, au moins, je sais que j'ai peu de risques d'avoir à supprimer ces trois lignes... C'est une méthode qui peut surprendre et qui peut laisser perplexe, surtout pour les grenouilles qui font des corrections leur cheval de bataille, mais ça marche. J'ai corrigé pendant des années un roman qui ne ressemble plus à rien, après les coups de scalpels. A côté de ça, j'ai passé un an à avancer, mot après mot, phrase après phrase, sur un roman dont je sais qu'il n'aura quasiment pas besoin de corrections.

    Tandis qu'avec une méthode comme le Nano, je n'imagine même pas le carnage post-marathon. Moi, je ne pourrais pas. :)

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  2. Habituellement, je raisonne comme toi. Des synopsis et des fiches un peu partout. Je prends mon temps pour écrire chaque phrase et si c'est illisible dès le début, je préfère tout réécrire que corriger. Puis si je ne trouve pas l'écriture facile, c'est que j'ai raté quelque chose dans la préparation.

    Mais je trouve qu'on a une vision différente de son texte que l'on pèse chaque mot ou que l'on aligne les phrases à toute vitesse. Je me trouve plus statique dans le premier cas, et je vois mieux comment s'enchainent les points d'intrigues dans le deuxième cas.

    Naturellement, je ne te raconte pas le "carnage post-marathon" du NaNo. Mais j'y trouve aussi une autre vision de mon histoire, moins bien écrite mais plus filée.

    Tous les auteurs ne sont pas faits pour le NaNo, mais c'est vraiment stimulant comme challenge. :)

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  3. Mélanie, c'est très vrai: quand on écrit vite, on a plus la sensation de l'histoire, on voit mieux comment ça s'enchaîne... Mais, pour moi, ça correspond plus à l'étape sysnopsis. Je fais toujours un synopsis de ouf malade, plein de pages, plein de détails. Ceci explique cela.
    ...En fait, il me faudrait un Nano spécial syno! :)

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